Catégorie:Dictionnaire Hilarion de Coste : Différence entre versions

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Hilarion de Coste, ''Les Eloges et les vies des reynes, des princesses, et des dames illustres en pieté, en Courage & en Doctrine, qui ont fleury de nostre temps, & du temps de nos Peres. Avec l'explication de leurs Devises, Emblémes, Hieroglyphes, Divisez en deux tomes et dediez à la Reyne Regente. Par F. Hilarion de Coste, Religieux de l'Ordre des Minimes de Saint François de Paule.'' A Paris, chez Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1647. 2 vol.
 
Hilarion de Coste, ''Les Eloges et les vies des reynes, des princesses, et des dames illustres en pieté, en Courage & en Doctrine, qui ont fleury de nostre temps, & du temps de nos Peres. Avec l'explication de leurs Devises, Emblémes, Hieroglyphes, Divisez en deux tomes et dediez à la Reyne Regente. Par F. Hilarion de Coste, Religieux de l'Ordre des Minimes de Saint François de Paule.'' A Paris, chez Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1647. 2 vol.
 
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La version choisie est la seconde produite par son auteur (la première, moins volumineuse, était de 1630).
 
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'''Le père HILARION de COSTE (1595-1661)'''<br/>
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Olivier de Coste -en religion le père Hilarion- appartient à l'ordre des Minimes fondé vers 1474 par un de ses lointains parents, saint François de Paule. Aussi est-ce à des fins édificatrices que ce représentant éloquent d'un «féminisme religieux» propre au premier XVIIe siècle (Linda Timmermans), entreprend de louer quelques grandes Chrétiennes de son temps et de la génération précédente dans deux éditions successives (1630 et -enrichie- 1647) de ses Eloges et Vies des reynes, princesses, dames et damoiselles illustres en Piété, Courage et Doctrine, qui ont fleury de nostre temps, et du temps de nos Peres. Avec l'explication de leurs Devises, Emblèmes, Hyeroglyphes, et Symboles. Car le genre encomiastique sert, ici encore, à prouver les capacités des femmes et à promouvoir des modèles de comportement où l'égalité entre les sexes est essentiellement celle de leurs vertus réciproques. <br/>
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La famille du père Hilarion compte plusieurs auteurs célèbres pour leur spiritualité et la qualité de leurs écrits. Lui-même fut l'élève et l'ami du philosophe et savant mathématicien, le père Marin Mersenne (1588-1648), et ses correspondants ont pour noms d'autres érudits célèbres comme d'Hozier, Dupuis, Sainte-Marthe, Duchesne, etc. Coste a beaucoup lu, y compris des poètes profanes comme Ronsard, Desportes et Malherbe, qu'il cite abondamment pour orner ou étayer ses portraits et c'est apparemment avec un regret avoué qu'il y adjoint des «digressions contre l'oisiveté et autres vices y estant obligé selon ma profession et pour la conscience, et pour la bienséance». Parce que cet ecclésiastique dépeint des femmes qui sont pour la plupart des laïques d'origine noble et non des personnages mythiques ou des saintes, et qu'il le fait en recourant à un style lyrique et imagé, il se doit de justifier la prétendue frivolité de son propos aussi bien auprès des «mondain(e)s» que des «dévot(e)s». Pour cela il se place sous la triple caution, littéraire et morale, de saint Jérôme, de Plutarque et du père Amyot, traducteur de ce dernier au XVIe siècle, tout en avouant sa dette à l'égard de divers ouvrages italiens dont l'inévitable De Claris Mulieribus de Boccace. <br/>
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Le champ historique et littéraire où brillent les Eloges du père Hilarion, n'est cependant pas vide en France même. L'ouvrage fait partie d'une littérature surabondante et aujourd'hui largement oubliée qui, à mi-chemin entre «exemplum» (la fable merveilleuse et édifiante) et Histoire, fit les délices des lectrices et lecteurs d'Ancien Régime dès les débuts de l'imprimerie: la mise en série, écrite ou/et peinte, de portraits de personnages célèbres, féminins et/ou masculins, à des fins démonstratives et généralement louangeuses. Hilarion entama sa carrière en 1625 par une Histoire catholique où sont décrites les vies (...) des hommes et dames illustres qui, par leur piété ou sainteté se sont rendus recommandables dans les XVIe et XVIIe siècles, et il donna ensuite en 1636 Les vrais portraits des rois de France (une galerie de gravures légendées par ses soins) et en 1643 Les éloges des rois et enfants de France. Il excella aussi dans des biographies, cette fois-ci isolées, celles de Mersenne (1649), François de Paule (1655), François Le Picart (1658) et Isabelle de Castille (1661). <br/>
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Cependant dans les genres dédiés précisément à la louange (spécifique ou collective) de femmes historiquement attestées, le père Hilarion n'est pas seul à connaître le succès sous le règne de Louis XIII. Ne peut-on citer une petite trentaine d'écrits de ce type publiés entre les seules années 1640 et 1647 et qu'énumère en 1977 Ian Maclean dans son Woman Triumphant. Feminism in French Literature? <br/>
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Les Amazones chrétiennes qui «enthousiasment», au sens propre, l'auteur des Eloges, sont parfois laissées dans l'anonymat («les dames de Rhodes et de Malte», «Anne de Jesus et autres dames»), mais la majorité d'entre elles sont nommées et appartiennent à l'aristocratie. Aussi, quand leur ascendance est roturière, leurs mérites se doivent d'être particulièrement insignes. Ces femmes sont néanmoins présentées par ordre alphabétique sans distinction de préséance et, seconde originalité, elles sont classées selon trois ordres de mérite mis en exergue dans des tables distinctes («Piété», «Courage» et «Doctrine»), une même princesse pouvant être tout à la fois pieuse, héroïque et savante comme c'est le cas pour Anne de Bretagne, alors que Catherine de Médicis n'appartient qu'aux deux dernières catégories et que Marguerite de Valois n'est créditée que pour «avoir affectionné les bonnes lettres». Dans tous les cas cependant un maximum de précisions d'ordre factuel concernant les faits et gestes de ces héroïnes est inséré dans leurs «éloges et vies».<br/>
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Un dernier trait distingue enfin l'ouvrage: l'insertion de ces quasi-autoportraits qu'offraient d'eux-mêmes les lettré(e)s d'alors sous formes de «devises» et autres armoiries parlantes. Pour notre plus grand bénéfice, Hilarion prend la peine de les décrire mais aussi de les interpréter, offrant ainsi sa propre représentation des vertus féminines tout autant que les images symboliques par lesquelles certaines de ces femmes ont voulu passer à la postérité.
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La seconde édition des Eloges valut au père de Coste cette épigramme de Colletet citée par Le Grand Dictionnaire historique de Moreri en 1759 (t.I, p.181):
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Si tu devois ta vie, et ta vertu féconde<br/>
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Au sexe le plus sage et le plus beau du monde:<br/>
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Dans tes doctes écrits tu lui rends aujourd'hui<br/>
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La vie et la vertu que tu reçus de lui.
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Pourtant, en publiant une sélection -toute française- de ces éloges, la SIEFAR souhaite moins faire connaître le cheminement vertueux des femmes d'exception choisies -avec prudence et quelques hésitations- par le minime, que contribuer à la redécouverte de la littérature encomiastique et de ses richesses. Existences féminines, en partie oubliées aujourd'hui et pourtant sans cesse complétées et remodelées au cours des siècles. La classification et les repentirs du père Hilarion lui-même sont particulièrement instructifs quand ils se traduisent -entre autres- par des biographies surnuméraires: esquisses biographiques qui figurent en préface ou en épilogue mais ne sont pas développées, rajouts de la seconde édition comme les vies de Marie de Gournay, Marguerite d'Arbouze, etc.
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Version actuelle en date du 22 mai 2011 à 15:15

Hilarion de Coste, Les Eloges et les vies des reynes, des princesses, et des dames illustres en pieté, en Courage & en Doctrine, qui ont fleury de nostre temps, & du temps de nos Peres. Avec l'explication de leurs Devises, Emblémes, Hieroglyphes, Divisez en deux tomes et dediez à la Reyne Regente. Par F. Hilarion de Coste, Religieux de l'Ordre des Minimes de Saint François de Paule. A Paris, chez Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1647. 2 vol.

La version choisie est la seconde produite par son auteur (la première, moins volumineuse, était de 1630).

Le père HILARION de COSTE (1595-1661)
Olivier de Coste -en religion le père Hilarion- appartient à l'ordre des Minimes fondé vers 1474 par un de ses lointains parents, saint François de Paule. Aussi est-ce à des fins édificatrices que ce représentant éloquent d'un «féminisme religieux» propre au premier XVIIe siècle (Linda Timmermans), entreprend de louer quelques grandes Chrétiennes de son temps et de la génération précédente dans deux éditions successives (1630 et -enrichie- 1647) de ses Eloges et Vies des reynes, princesses, dames et damoiselles illustres en Piété, Courage et Doctrine, qui ont fleury de nostre temps, et du temps de nos Peres. Avec l'explication de leurs Devises, Emblèmes, Hyeroglyphes, et Symboles. Car le genre encomiastique sert, ici encore, à prouver les capacités des femmes et à promouvoir des modèles de comportement où l'égalité entre les sexes est essentiellement celle de leurs vertus réciproques.
La famille du père Hilarion compte plusieurs auteurs célèbres pour leur spiritualité et la qualité de leurs écrits. Lui-même fut l'élève et l'ami du philosophe et savant mathématicien, le père Marin Mersenne (1588-1648), et ses correspondants ont pour noms d'autres érudits célèbres comme d'Hozier, Dupuis, Sainte-Marthe, Duchesne, etc. Coste a beaucoup lu, y compris des poètes profanes comme Ronsard, Desportes et Malherbe, qu'il cite abondamment pour orner ou étayer ses portraits et c'est apparemment avec un regret avoué qu'il y adjoint des «digressions contre l'oisiveté et autres vices y estant obligé selon ma profession et pour la conscience, et pour la bienséance». Parce que cet ecclésiastique dépeint des femmes qui sont pour la plupart des laïques d'origine noble et non des personnages mythiques ou des saintes, et qu'il le fait en recourant à un style lyrique et imagé, il se doit de justifier la prétendue frivolité de son propos aussi bien auprès des «mondain(e)s» que des «dévot(e)s». Pour cela il se place sous la triple caution, littéraire et morale, de saint Jérôme, de Plutarque et du père Amyot, traducteur de ce dernier au XVIe siècle, tout en avouant sa dette à l'égard de divers ouvrages italiens dont l'inévitable De Claris Mulieribus de Boccace.
Le champ historique et littéraire où brillent les Eloges du père Hilarion, n'est cependant pas vide en France même. L'ouvrage fait partie d'une littérature surabondante et aujourd'hui largement oubliée qui, à mi-chemin entre «exemplum» (la fable merveilleuse et édifiante) et Histoire, fit les délices des lectrices et lecteurs d'Ancien Régime dès les débuts de l'imprimerie: la mise en série, écrite ou/et peinte, de portraits de personnages célèbres, féminins et/ou masculins, à des fins démonstratives et généralement louangeuses. Hilarion entama sa carrière en 1625 par une Histoire catholique où sont décrites les vies (...) des hommes et dames illustres qui, par leur piété ou sainteté se sont rendus recommandables dans les XVIe et XVIIe siècles, et il donna ensuite en 1636 Les vrais portraits des rois de France (une galerie de gravures légendées par ses soins) et en 1643 Les éloges des rois et enfants de France. Il excella aussi dans des biographies, cette fois-ci isolées, celles de Mersenne (1649), François de Paule (1655), François Le Picart (1658) et Isabelle de Castille (1661).
Cependant dans les genres dédiés précisément à la louange (spécifique ou collective) de femmes historiquement attestées, le père Hilarion n'est pas seul à connaître le succès sous le règne de Louis XIII. Ne peut-on citer une petite trentaine d'écrits de ce type publiés entre les seules années 1640 et 1647 et qu'énumère en 1977 Ian Maclean dans son Woman Triumphant. Feminism in French Literature?
Les Amazones chrétiennes qui «enthousiasment», au sens propre, l'auteur des Eloges, sont parfois laissées dans l'anonymat («les dames de Rhodes et de Malte», «Anne de Jesus et autres dames»), mais la majorité d'entre elles sont nommées et appartiennent à l'aristocratie. Aussi, quand leur ascendance est roturière, leurs mérites se doivent d'être particulièrement insignes. Ces femmes sont néanmoins présentées par ordre alphabétique sans distinction de préséance et, seconde originalité, elles sont classées selon trois ordres de mérite mis en exergue dans des tables distinctes («Piété», «Courage» et «Doctrine»), une même princesse pouvant être tout à la fois pieuse, héroïque et savante comme c'est le cas pour Anne de Bretagne, alors que Catherine de Médicis n'appartient qu'aux deux dernières catégories et que Marguerite de Valois n'est créditée que pour «avoir affectionné les bonnes lettres». Dans tous les cas cependant un maximum de précisions d'ordre factuel concernant les faits et gestes de ces héroïnes est inséré dans leurs «éloges et vies».
Un dernier trait distingue enfin l'ouvrage: l'insertion de ces quasi-autoportraits qu'offraient d'eux-mêmes les lettré(e)s d'alors sous formes de «devises» et autres armoiries parlantes. Pour notre plus grand bénéfice, Hilarion prend la peine de les décrire mais aussi de les interpréter, offrant ainsi sa propre représentation des vertus féminines tout autant que les images symboliques par lesquelles certaines de ces femmes ont voulu passer à la postérité. La seconde édition des Eloges valut au père de Coste cette épigramme de Colletet citée par Le Grand Dictionnaire historique de Moreri en 1759 (t.I, p.181):

Si tu devois ta vie, et ta vertu féconde
Au sexe le plus sage et le plus beau du monde:
Dans tes doctes écrits tu lui rends aujourd'hui
La vie et la vertu que tu reçus de lui.

Pourtant, en publiant une sélection -toute française- de ces éloges, la SIEFAR souhaite moins faire connaître le cheminement vertueux des femmes d'exception choisies -avec prudence et quelques hésitations- par le minime, que contribuer à la redécouverte de la littérature encomiastique et de ses richesses. Existences féminines, en partie oubliées aujourd'hui et pourtant sans cesse complétées et remodelées au cours des siècles. La classification et les repentirs du père Hilarion lui-même sont particulièrement instructifs quand ils se traduisent -entre autres- par des biographies surnuméraires: esquisses biographiques qui figurent en préface ou en épilogue mais ne sont pas développées, rajouts de la seconde édition comme les vies de Marie de Gournay, Marguerite d'Arbouze, etc.

Nicole Pellegrin

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