Présentation du séminaire « Genre et création dans l’histoire des arts vivants (XVIe-XXIe siècles) »
Ce séminaire invite à une réflexion transdisciplinaire (danse, musique et théâtre) qui dépasse la simple reconnaissance de la contribution des femmes dans le domaine des arts vivants. Nous souhaitons questionner en particulier les conceptions de l’esthétique héritées du Romantisme, les idéaux qui construisent la figure de l’artiste singulier investi de génie. Nous cherchons à comprendre comment l’encadrement institutionnel des artistes, en écartant la contribution des femmes, ont surdéterminé la reconnaissance et la valorisation de la création au masculin. L’étude des pratiques et des discours des créatrices et des créateurs qui transgressèrent les modèles normatifs de la création à chaque époque nous permettra également d’explorer comment celles-ci ont pensé et / ou construit historiquement des contre-exemples et des stratégies de résistance à ces modèles. La périodisation de cet enseignement se veut assez large de manière à favoriser des analyses tant diachroniques que synchroniques.
Séminaire EHESS dirigé par Elizabeth Claire (CNRS/CRH-CRAL), Catherine Deutsch (Univ. Paris-Sorbonne) et Raphaëlle Doyon (LABEX CAP).
Lieu : 15h à 19h,l’EHESS, salle 6, 105 bd Raspail 75006 Paris
Séance du 22 février 2013, à 15h : « Autrice/Actrice, d’un féminin à l’autre », par Aurore EVAIN.
Suite à la communication donnée lors de la journée d’étude « Les Arts vivants au prisme du genre ?, le 27 octobre 2012 à l’Institut national d’histoire de l’art, Aurore Evain reviendra sur l’histoire des féminins autrice et actrice pour une séance plus complète et détaillée, dans le cadre du séminaire » Genre et Création dans l’histoire des arts vivants (XVIe-XXIe siècles) ?.
En évoquant l’histoire de ces deux féminins, nous étudierons comment les usages terminologiques pour désigner la femme qui écrit et la femme qui joue a contribué à genrer la répartition des rôles dans la création théâtrale. Notre attention se portera plus particulièrement sur le XVIIe siècle, étape clé dans le processus d’éradication du féminin « autrice « . Nous évoquerons le croisement terminologique auquel on assiste alors, dans les premiers dictionnaires de français, entre ? autrice ? et » actrice » : le premier terme disparaît au moment où le second fait son apparition. Une évolution lexicographique qui est loin d’être anodine : nous montrerons en effet qu’elle a accompagné et entériné le destin social de ces deux figures féminines de la création théâtrale. La survalorisation de la comédienne à l’époque moderne, visible et audible dans l’usage du terme « actrice « , a participé à l’effacement de la femme qui écrit, figure devenue illégitime et’ innommable ? en français moderne. A travers la bataille des mots, s’est joué une guerre symbolique, qui a permis la consécration de la » créature » au détriment de la créatrice, portant atteinte à la fois au métier d’autrice de théâtre et à celui de comédienne.
Autres séances consacrées à la période de l’Ancien Régime (printemps 2013) :
26 avril :
Yvonne Hardt (Université de Cologne) « Gendering the Taxonomies and Bodies of Historical Narrative. A mind-mapping on methodologies for doing dance history »
Alessandro Arcangeli (Université de Vérone) « The dancing woman and the dancing other: trajectories in early modern Western imagery »
24 mai :
Maria Ines Aliverti (Université de Pise) « L’iconographie des actrices dell’Arte dans une perspective de genre »
Stefano Lorenzetti (Conservatoire de Vicence) « Female musical performance and the construction of beauty in the Renaissance »