Naissance et petite enfance à la cour de France (Moyen Âge – XIXe siècle)
Paris

Cette journée d’étude interdisciplinaire est consacrée au thème de la naissance et à la petite enfance à la cour de France, du Moyen Âge au XIXe siècle. Elle est l’occasion de s’interroger sur la portée symbolique et réelle de la naissance dans le monde curial ainsi que sur les pratiques, les structures et le personnel qui l’entourent.
Les stratégies dynastiques et familiales occidentales reposent sur la présence d’enfants, seuls garants de la transmission de l’héritage familial (composé de biens, de titres et de privilèges) et de la formation d’alliances grâce aux mariages.

La fécondité, la grossesse, l’accouchement et les premières années des enfants suscitent ainsi un vif intérêt non seulement de la part des membres de la famille royale, mais aussi de la part des courtisans, du peuple et des familles princières européennes qui suivent avec attention les nouvelles relatives à ces sujets. Tous les aspects de la procréation sont chargés d’une signification symbolique et politique. On retrouve cette spécificité dans le cérémonial et les pratiques concernant la grossesse, l’accouchement et les relevailles. La publicité donnée à l’accouchement et les annonces et les festivités qui le suivent invitent à une lecture politique de cet événement et de sa représentation. La diversité des formes de communication (correspondances, journaux, récits, compliments de courtisans, rapports médicaux, etc.) et leur réception constituent une autre facette de cette question.

Les règles observées par les femmes enceintes à la cour et par leur entourage ainsi que les pratiques religieuses et populaires qui visent à combattre l’infécondité ou à minimiser la mortalité enfantine et maternelle constituent un autre volet de la thématique. La question du corps sacré de la reine, confronté à son humanité et à la fragilité de l’existence, apparaît en filigrane et permet de questionner la théorie des deux corps du roi et sa possible ou impossible application à l’épouse royale. Reines et princesses, sont-elles d’un statut qui les différencie sur ce point des autres parturientes ?

De l’histoire du genre viennent d’autres approches et interrogations. L’infécondité, la mortalité maternelle, la question du sexe de l’enfant et les jugements et réactions des contemporains confrontés aux problèmes qui peuvent apparaître dans ces domaines, apportent des éclairages précieux à propos de la place des hommes et des femmes dans la procréation et la fonction de celle-ci pour leur statut social.
La contraception et le refus de procréer (avant ou après avoir donné la vie) constituent un sujet annexe à cette thématique. Il implique autant les hommes que les femmes (Louis XIII, Marie Leszczynska…) et mérite de faire l’objet de recherches, autant en ce qui concerne sa réalité historique que les réactions que suscite un tel refus de la procréation.

Peu étudiées et peu documentées sont aussi les premières années des enfants royaux et princiers qui grandissent souvent séparés de la cour, entourés d’un personnel féminin et masculin nombreux. Au cours des siècles, la lente professionnalisation des métiers de la médecine et du personnel curial transforme cette « Maison des enfants » et son quotidien. Son fonctionnement, les soins apportés aux jeunes enfants ainsi que le personnel masculin et féminin qui entoure la femme enceinte, l’accouchée et le nouveau-né constituent un autre volet de la thématique que nous proposons d’étudier. La place des différents médecins, sages-femmes, accoucheurs et autres intervenants, à titre de témoins ou d’acteurs directs, mérite d’être précisée.

La grossesse est souvent assimilée à une maladie. La médecine curiale se mobilise-t-elle autant que lors d’une maladie grave du souverain « À quel type de discours médical fait-on appel pour délivrer les femmes éminentes de la cour ? Quelle stratification sociale peut-on lire dans les différences de protocoles d’assistance à l’accouchement en fonction des rangs »

Au-delà de ces questions, on pourra aussi s’interroger sur le statut du regard porté sur le corps féminin par les instances médicales, mais aussi sur l’imaginaire médical entourant les naissances, le corps du nouveau-né faisant l’objet d’un examen méticuleux sur ses aptitudes à régner.

Enfin, il serait intéressant de se pencher sur la question de la réception des progrès de l’obstétrique dans le milieu curial et les précautions particulières qui entourent la naissance des enfants royaux.

Volets thématiques proposés

La procréation : enjeux et problématiques
? La place de la procréation dans la vie quotidienne à la cour
? Le problème de la stérilité masculine ou féminine
? Le refus de la procréation
? Les pratiques de contraception

Le déroulement de la grossesse et de l’accouchement
? La détection de la grossesse et son annonce
? Le quotidien des femmes enceintes à la cour
? L’accouchement : déroulement, descriptions, personnel (médecin, chirurgien-accoucheur, sage-femme?)
? Les relevailles : représentations

Du corps sacré au corps humain
? Les accidents lors de la grossesse et des accouchements
? Les naissances prématurées
? Les enfants malformés et mort-nés
? Les reines et princesses mortes en couches
? Conjurer le sort : pratiques religieuses et populaires

La prise en charge du nourrisson et de l’enfant
? La maison des enfants : une structure curiale (formation, évolution)
? Le personnel féminin : gouvernantes, nourrices, remueuses…
? Le personnel masculin : médecins, domestiques, gardes’
? La mortalité enfantine et les stratégies la concernant

La représentation de la naissance et sa fonction dans les stratégies dynastiques
? La naissance d’un enfant royal : stratégies d’information et enjeux dynastiques
? Le genre de l’enfant et les réactions des contemporains face à cette question
? Festivités et réjouissances données à la cour, à la ville et à la campagne
? Les formes de témoignages et leurs caractéristiques

Modalités de soumission
Accompagnées d’un bref curriculum vitae, les propositions de communication (une-deux pages A4) devront être envoyées à l’adresse suivante : event@cour-de-france.fravant le 1er septembre 2013
Le comité d’organisation du colloque communiquera ses réponses avant le 15 octobre 2013.
La langue officielle du colloque est le français.

Comité scientifique

Direction scientifique
? Jacques Gélis (université Paris VIII)
? Pascale Mormiche (université de Cergy Pontoise)
? Stanis Perez (université Paris 13/CRESC, MSH Paris Nord)
? Jacqueline Vons (université François Rabelais, Tours)

Responsables
? Stanis Perez (MSH Paris Nord),
? Caroline zum Kolk (Cour de France.fr)

Lieu
? Maison des sciences de l’homme Paris Nord, campus Condorcet – 4 rue de la Croix-FaronSaint-Denis, France (93)