Naissance et fortune d’un type sociolittéraire (xviie-xviiie siècles)
Paris, Classiques Garnier, juil. 2024, 854 p., 49 €
Le type de la coquette émergeant au xviie siècle connaît une fortune inégalable au xviiie siècle à la faveur de la culture des apparences. Cette étude montre son règne sur les tréteaux de théâtre, décline les nuances de coquettes, questionne la coquetterie et analyse la coquette chez Marivaux.
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Extrait :
Le succès de cette figure déborde le siècle des Lumières et questionne plus largement l’histoire des mentalités. Pourquoi une telle représentativité ? Peut-être est-ce à relier d’abord à la notion préfigurée de « société de / du spectacle », la coquette étant une figure de la théâtralité. La coquette est aussi une figure centrale car elle est ancrée dans son siècle, un siècle des salons, de la mondanité, de la galanterie et de la légèreté. Elle est dans son élément comme Célimène. D’autre part, la coquetterie bénéficie de l’essor économique de la France, d’une culture des apparences favorable au luxe, d’une promotion de la ville et de Paris, capitale de la mode. La Coquette, érigée en type, arbore une majuscule, et sera relayée par le mythe naissant de la Parisienne. Il ne faut pas non plus négliger le fait que les grandes dames du siècle (Mesdames du Châtelet, d’Épinay, la maréchale du Luxembourg, la marquise de Boufflers) étaient de grandes coquettes et que les favorites de Louis XV (la Châteauroux, la marquise de Pompadour, la Du Barry) donnèrent l’impulsion à un marché de la coquetterie et de la mode que couronna la reine de la mode, Marie-Antoinette, aidée de sa « ministre des Modes », Rose Bertin. Manuels de la toilette et de la mode, traités de parfumeur, brochures, gazette des atours, gravures et journaux de dames contribuèrent enfin au règne des coquettes et de la coquetterie au XVIIIᵉ siècle.