Colloque organisé par Elizabeth Claire (CRH-EHESS-CNRS), Catherine Deutsch (Univ. Paris-Sorbonne) et Raphaëlle Doyon (LABEX CAP, CRAL-HICSA).Avec le soutien de la Fédération RING
12-14 décembre 2013, Paris EHESS
Si depuis plusieurs décennies, en France, les différentes disciplines artistiques (littérature, histoire de l’art et cinéma, notamment) se sont considérablement ouvertes à l’histoire des femmes, aux théories féministes et aux études de genre, le dialogue avec l’histoire des arts vivants (théâtre, musique, danse) reste encore à établir.
Étudier les actes de création au prisme du genre nous confronte à un certain nombre de paradoxes inhérents aux arts vivants et nous invite à répondre à une série de questions. Quel rôle joue le corps genré dans l’interprétation « Comment traiter la complexité de la mémoire de l’événement et de sa création ? Dans quelle mesure les traces et les lacunes font-elles apparaître l’histoire genrée des arts vivants » La difficulté de nommer au féminin certaines fonctions ne relève-t-elle pas d’une division sexuée du travail de création « Enfin, comment la construction des identités de genre façonne, et est modelée en retour par le contenu des œuvres et les techniques d’interprétation »
Nous proposons trois axes de réflexion qui répondent au caractère éphémère des arts vivants et à la complexité temporelle de leurs traces éparses et polymorphes. Le premier, « Gestes et interprétation « , porte sur le moment de l’action et de son incarnation ; le second, ? Fabrique de l’art et construction de soi ?, sur sa mise en discours et en normes ; le troisième, » Transmission et héritages », sur son inscription dans le temps.
Axes :
1. Gestes et interprétation
Ce premier axe invite à une réflexion sur le geste (théâtral, musical, dansé) et son lien avec le corps genré. Nous interrogerons :
– la notion d’interprétation (d’une tradition, d’un texte, d’une partition, d’une chorégraphie), et leur réception ;
– les mécanismes qui ont abouti à la distinction et la hiérarchisation entre interprètes et créateurs /créatrices,
– la marginalisation de certaines pratiques dites féminines, privées ou amateures notamment, et à leur mise à l’écart des définitions traditionnelles du mot art.
2. Fabrique de l’art et construction de soi
Ce deuxième axe porte sur les représentations et la mise en discours et en normes des pratiques de création selon une logique genrée. Nous verrons la façon dont les créateurs et créatrices se sont positionné-e-s et construit-e-s avec, contre ou en dehors de ces discours. Nous sollicitons des études terminologiques et des analyses discursives qui permettent de discerner, pour chacun des arts, les représentations sociales collectives associées aux pratiques, et/ou aux stratégies de résistance aux contraintes et aux normes.
3. Transmission et héritages
Dans ce dernier axe, nous proposons d’examiner l’inscription mémorielle des créatrices/créateurs et de leurs pratiques, ainsi que les amnésies volontaires et les mécanismes de l’oubli. Nous questionnerons l’histoire des lacunes, des silences et des processus genrés d’invisibilisation dans l’historiographie. Il s’agira également d’explorer les liens entre des « pratiques artistiques » qui s’inscrivent dans un héritage culturel qu’elles répètent et inventent, l’histoire de la construction des savoirs, et la mise en forme des disciplines académiques, elles-mêmes traversées par des stéréotypes de genre.
Les propositions de communication seront envoyées avant le 20 juillet 2013 à l’adresse suivant : genre.artsvivants@gmail.com
Elles comprendront le nom et prénom, l’affiliation institutionnelle le cas échéant, un titre et un résumé de 200 mots environ.