Viol et ravissement
Revue

Pour son quatrième numéro, la revue en ligne à comité de lecture Le Verger proposed’engager une réflexion sur le thème « Viol et ravissement ». À la Renaissance, le viol neconsiste pas uniquement en un acte sexuel imposé ; il peut s’agir également d’un acte sexuel alorsque le partenaire est endormi, inconscient ou ignorant de la réalité de l’acte. Aussi avons-nouschoisi d’attirer plus précisément l’attention sur le viol dans son rapport au ravissement. Rappelonsque les deux termes sont étymologiquement liés à partir du verbe latin rapere (saisir) : ainsi, leterme anglais rape se rapportait autrefois à un enlèvement et désigne aujourd’hui un viol. Lanotion de ravissement est elle-même convoquée dans sa polysémie, du rapt à la jouissancemystique, en passant par la sublimation esthétique de la violence sexuelle.

La Renaissance voit apparaître les prémices d’une réflexion juridique sur le viol, qui serapar la suite défini sans ambiguïté comme un crime. C’est pourquoi nous encourageons vivementles études diachroniques qui mettraient en avant les caractéristiques de la conception que leshommes de la Renaissance pouvaient avoir du viol.L’absence de définition juridique précise ne doit pas masquer l’existence et mêmel’omniprésence du viol dans la société de la Renaissance. Celui-ci s’inscrit dans un contexte deviolences accrues, en particulier au moment des affrontements religieux. L’époque est marquéepar le foisonnement des représentations de viols dans toutes les formes d’art, que ce soit dans lapoésie de la Pléiade, le théâtre élisabéthain, les histoires tragiques, les tableaux et les sculpturesde rapts mythologiques. Nous souhaiterions que les contributeurs s’interrogent sur les raisons decet engouement, qui contraste nettement avec le silence des sources judiciaires. De surcroît, lesenjeux du viol et du rapt prennent une importance nouvelle alors que l’institution maritale serenforce sous l’effet de la Contre-Réforme. Enfin, la Renaissance apparaît comme une périodecharnière où le viol est tantôt encore considéré comme un loisir aristocratique, tantôt comme uncrime à condamner.

Nous appelons à soumettre des propositions d’articles sur les questions suivantes :

En histoire et histoire du droit :
– Comment le viol est-il reconnu et catégorisé par le droit, par rapport à d’autres crimes ou délits ?Quid des viols d’enfants ? Des viols d’hommes ? Comment l’enlèvement est-il considéré ?
– De quelles archives dispose-t-on sur le viol, aussi bien dans le domaine judiciaire que dans lessources du for privé (lettres, témoignages, etc.) ? Que nous apprennent-elles sur la perception duviol dans la société, en particulier sur la place de la victime ?
– Quelle est la position de l’Église sur la question de la violence sexuelle et du rapt ?Sur les représentations au sens large du viol et du ravissement :
– Reprise des motifs antiques comme les nymphes et les satyres, le viol de Lucrèce, l’enlèvementde Proserpine ou d’Europe : rupture ou continuité ?
– Tension entre l’esthétisation du viol et la représentation réaliste voire hyperbolique de saviolence en vue de sa dénonciation ;
– La place du ravissement dans la mystique chrétienne ;
– La question du viol démoniaque (succubes) et du ravissement entendu comme possessiondiabolique.

En littérature, un traitement générique de la question pourrait être intéressant :
– viol et ravissement dans les histoires tragiques ;
– le viol en scène : récits, drames sanglants ;
– le viol comme motif poétique : la question de la sublimation, le traitement en ekphrasis’

Le Verger est une revue pluridisciplinaire dirigée par l’équipe de Cornucopia et consacrée à lapériode de la Renaissance. Les articles sont soumis à l’approbation du comité de lecture. Pour cenuméro sur « Viol et ravissement », nous privilégierons les contributions qui articulent les deuxtermes. Néanmoins, des articles pertinents n’abordant que l’une des deux notions pourront êtreretenus, en particulier dans les disciplines où cette articulation est délicate, comme l’histoire et ledroit. Pour les mêmes raisons, un traitement diachronique, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, estenvisageable à condition que la période renaissante soit spécifiquement traitée.

Les propositions d’article (titre provisoire et résumé d’une page maximum) sont à adresser avantle 25 novembre 2012 à site.cornucopia@gmail.com. Les articles seront à remettre le 15 mars2013.