« Sapphic Vibes »: les lesbiennes dans la littérature de la Renaissance à nos jours
Mulhouse (14-15 mars 2019), avant le 1er octobre 2018

Université de Haute-Alsace 

L’œuvre poétique de Sappho fut redécouverte par les humanistes dans les années 1540 et traduite pour la première fois en anglais en 1652. Alors que ses poèmes restent une référence en ce qui concerne la représentation des lesbiennes dans le domaine de la littérature classique, le nom même de Sappho est devenu symbole du désir et de l’amour entre femmes dans le contexte plus large de la culture populaire. Dans le premier épisode de la série Netflix Orange Is the New Black (2013-prés.), par exemple, l’une des détenues dit à l’héroïne : « I’m feeling some Sapphic vibes coming off you ».[1] Le mot « vibe » (onde) remet en question l’idée généralement acceptée selon laquelle l’identité sexuelle peut être réduite à la dichotomie hétérosexuelle – homosexuelle et invite à prendre en considération les représentations de l’amour entre femmes qui ne soient pas uniquement explicites dans les actes, les mots ou les relations. Cela n’est pas sans rappeler le concept de continuum lesbien d’Adrienne Rich – entendu comme « un large registre […] d’expériences impliquant une identification aux femmes ; et pas seulement le fait qu’une femme a eu ou a consciemment désiré une expérience sexuelle génitale avec une autre femme » (Rich 648). Pour ce colloque, nous utiliserons donc le terme « vibe » comme point de départ pour explorer le continuum lesbien tel qu’il apparaît dans la littérature, de l’explicite à l’implicite, du dit au non-dit, du visible à l’inavoué. Nous examinerons des courants et des mouvements littéraires en considérant ces ondes dans ce qu’elles transcrivent de la continuité et des fluctuations dans les représentations de l’amour entre femmes entre différentes périodes, différent·e·s auteur·e·s.

Les communications (20 min.) peuvent porter sur n’importe quelle aire géographique mais les titres et les citations devront être traduits en anglais ou en français ; les approches comparatistes sont les bienvenues. Le thème du colloque peut être abordé sous les angles suivants (non limitatifs) :

Comment les motifs centraux des textes mentionnant les amours féminines ont-ils changé au cours du temps ?

Est-ce que certaines formes littéraires ou genres se prêtent plus que d’autres aux représentations saphiques ? Sous quelle forme stylistique s’expriment ces ondes lesbiennes ?

Existe-t-il un canon littéraire lesbien ?

Que dire des textes dans lesquels le désir et l’amour entre femmes est dissimulé, sous-jacent ou refoulé ? Certains textes classiques peuvent-ils recevoir une (re)lecture lesbienne ?

Comment la littérature décrit-elle l’amitié et la solidarité féminine ?

Comment les textes se positionnent-ils par rapport aux débats d’époque sur les minorités sexuelles ?

Un second colloque fera suite en 2020 à l´Université d´Islande sous la direction d’Irma Erlingsdottir et déclinera la thématique sous un angle historique, littéraire, politique et philosophique.

Les propositions de communication (résumé de 250 mots maximum et court CV) sont à envoyer avant le 1er octobre 2018 à Carine Martin (carine.martin@univ-lorraine.fr), Claire McKeown (claire.mc-keown@univ-lorraine.fr), Maxime Leroy (maxime.leroy@uha.fr) et Robert Payne (robert.payne@uha.fr).

Comité d’organisation: Carine Martin (Université de Lorraine), Claire McKeown (Université de Haute Alsace), Maxime Leroy (Université de Haute Alsace), Robert Payne (Université de Haute Alsace).

Comité scientifique: Organisateurs et Jennifer K Dick (Université de Haute Alsace), Irma Erlingsdottir (University of Iceland), Marion Krauthaker (University of Leicester), Guyonne Leduc (Université de Lille), Marianne Legault (University of British Columbia), Frédérique Toudoire-Surlapierre (Université de Haute Alsace).

 

Indicative Bibliography

Butler, Judith, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity (London: Routledge, 1990).

Cairns, Lucille, Lesbian Desire in Post-1968 French Literature (Lewiston, NY: Edwin Mellen, 2002).

Castle, Terry, The Apparitional Lesbian: Female Homosexuality and Modern Culture (New York: Columbia University, 1993).

Duban, Jeffrey M., The Lesbian Lyre: Reclaiming Sappho for the 21st Century (West Hoathly, UK: Clairview, 2016).

Farwell, Marilyn, Heterosexual Plots and Lesbian Narratives (New York: NYU Press, 1996).

Huchon, Mireille, Louise Labé : Une créature de papier (Genève: Droz, 2006).

Leduc, Guyonne (ed.), Comment faire des études-genres avec de la littérature – Masque-reading (Paris: L’Harmattan, coll. « Des idées et des femmes », 2014).

Legault, Marianne, Narrations déviantes : L’intimité entre femmes dans l’imaginaire français du dix-septième siècle (Québec: Presses de l’Université Laval, 2008).

Lepaludier, Laurent, ed. L’Implicite dans la nouvelle de langue anglaise (Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2005). Web. http://books.openedition.org/pur/34686

Rich, Adrienne, ‘Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence’, Signs, 5 (1980), 631–60.

Schnyder, Peter and Frédérique Toudoire-Surlapierre (eds), Ne pas dire : Pour une étude du non-dit dans la littérature et la culture européennes (Paris: Classiques Garnier, 2013).

Smith, Patricia Juliana, Lesbian Panic: Homoeroticism in Modern British Women’s Fiction (New York: Columbia University, 1997).

Wittig, Monique, ‘The Straight Mind’ and Other Essays (London: Harvester Wheatsheaf, 1992).

 

[1] « tu dégages des ondes saphiques »