L’Amour de la morale, la morale de l’amour. Les romans de Catherine Bernard

Monika KULESZA

L’Amour de la morale, la morale de l’amour. Les romans de Catherine Bernard

thèse d’habilitation, publiée par l’Institut d’Etudes Romanes, Université de Varsovie, 2010, 256 p. ISBN 83-88012-31-2

Le livre est une synthèse de l’œuvre de Catherine Bernard, une romancière méconnue du XVIIe siècle. Après un bref rappel des textes théoriques sur le genre romanesque, Catherine Bernard est présentée comme romancière et moraliste, auteure des avertissements au lecteur, des maximes morales et des vers transmettant une leçon morale. On trouve dans la suite une analyse des rapports entre la morale et la galanterie et Catherine Bernard s’avère être un excellent exemple de « romancière galante », auteure des contes de fées et d’un roman par lettres.

Ensuite on voit Catherine Bernard, peintre des mœurs amoureuses, décrire les comportements des amoureux, présenter la gamme variée des manifestations de l’amour jusque dans leurs conséquences les plus graves et énumérer les entraves auxquelles se heurtent les projets des amoureux – celles qui procèdent de l’entourage et celles qui ont leur origine dans le cœur même des héros. Démontrer l’abîme des aspirations au bonheur et les dangers de l’amour sans entrevoir un quelconque espoir pour les amoureux témoigne du pessimisme profond de l’auteure quant à la nature humaine.

La racine de ce profond pessimisme est examinée dans la quatrième partie. Elève fidèle des moralistes, Fontenelle et La Rochefoucauld, Mlle Bernard suit leurs traces comme le montre la lecture parallèle des ouvrages de ces penseurs et des romans de la romancière. Elle représente en cette fin de siècle un courant lucidement pessimiste qui vise en même temps à émouvoir le lecteur par le spectacle palpitant des passions, par les dilemmes des âmes hésitantes, vertueuses mais faibles et confrontées aux coïncidences accablantes.