« Pouvoirs des femmes » Pratiques, représentations, effets
Paris (15 juin 2011)

Sorbonne (Centre Panthéon, salle 1), 9h-17h
Pour la troisième fois, cette journée rassemblera des jeunes chercheur-es s’intéressant au genre ou intégrant les différences sexuées dans leurs travaux en sciences humaines et sociales ? histoire, économie, sociologie, science politique, démographie, droit, géographie, art, gestion ou philosophie. Elle est organisée par l’Axe transversal sur le genre de Paris 1 (http://www.univ-paris1.fr/axe-de-recherche/laxe-transversal-genre/).
Depuis une vingtaine d’années, le pouvoir politique et économique semble davantage accessible aux femmes. Lors de la 4e conférence mondiale sur les femmes qui s’est tenue à Pékin en 1995, 189 États s’engageaient ainsi à mettre tous les moyens en oeuvre pour leur assurer une pleine participation aux structures du pouvoir. Et, conformément à la plate-forme d’action établie lors de cette conférence, des mesures de discrimination positive, des mécanismes d’empowerment ainsi que des dispositifs de contrôle ont été mis en place. On reste cependant bien loin d’un partage égalitaire du pouvoir entre les hommes et les femmes. À l’aube du XXIe siècle, les femmes représentent moins d’un tiers des chefs d’entreprise en France et ne dirigent généralement que des petites ou toute petites entreprises. Dans la vie professionnelle, les femmes se heurtent toujours au fameux « plafond de verre ». Et si le nombre de femmes élues dans les assemblées politiques locales a augmenté un peu partout dans le monde, le nombre moyen de femmes élues dans les assemblées législatives a baissé entre 1980 et 2000. Pourtant, simultanément le mouvement « masculiniste « s’est développé et les discours dénonçant les effets ? castrateurs ? de » la féminisation de la société » se sont multipliés (aux États-Unis, au Canada, en Europe?), portés par des associations, des intellectuels, des fonctionnaires, des pédiatres, etc. Ces réactions n’ont toutefois rien d’inédit : lors de la Renaissance en France, certains dénonçaient déjà l’influence des « précieuses » sur
la Cour, celle de Jacques 1er d’Angleterre était réputée « infestée « par des ? femmeshommes ? et des » hommes-femmes », etc.
Ces formes de résistances invitent à analyser l’histoire des représentations et des pratiques du pouvoir féminin : que peut-on dire du pouvoir des femmes ? C’est à cette
question que cette troisième journée d’étude entend contribuer. Sans prétendre y répondre entièrement, nous souhaitons engager une réflexion à partir de trois points d’entrée :
« Les modalités pratiques du ? pouvoir féminin » selon les lieux où il s’exerce :
Nous envisagerons l’exercice du pouvoir des femmes dans tous les espaces possibles, qu’ils soient privés ou publics, et quelle que soit la nature du pouvoir qui s’y exerce : politique, économique, social, culturel’ Cependant le caractère genré des espaces sociaux amène à s’interroger sur les modalités d’exercice du pouvoir par les femmes selon qu’il s’exerce dans un milieu féminin, masculin ou mixte. Qu’en est-il par exemple du foyer, lieu où prédominerait le pouvoir des femmes « À l’image du monachisme féminin, comment s’exerce le pouvoir de femmes dans des espaces très majoritairement féminins « Entre-t-il en rivalité avec une autorité masculine extérieure ? À l’inverse, que dire des exceptions, des » pionnières », ces femmes qui occupent une position de pouvoir dans un milieu masculin (par exemple certaines professions du BTP ou les conseils d’administration des entreprises du CAC 40) ouvrant la voie à un nouveau partage de l’autorité ? La taille des espaces concernés est-elle une variable importante dans la répartition du pouvoir entre hommes et femmes : de la famille au groupe, du village à la ville, de la boutique à la grande entreprise, l’échelle est-elle un facteur discriminant du pouvoir féminin « Quid des autres dimensions « spatiales » du type femmes au-du nord / femmes au-du sud, femmes/âges, femmes/classes, etc »
? Les représentations du pouvoir des femmes :
Quelles que soient nos disciplines il ne saurait y avoir d’universalité du rapport des femmes au pouvoir. Comment les femmes qui exercent un pouvoir sont-elles perçues dans les différents espaces décrits ci-dessus « Quelles en sont les représentations dans la littérature, dans les arts, dans les discours politiques, dans les médias, etc. « Comment ces représentations évoluent-elles dans le temps et les espaces sociaux » Le pouvoir est-il toujours pensé comme masculin et avec quelles exceptions » Quand le pouvoir est supposé réservé aux hommes, quelles sont les images mobilisées pour décrire les femmes qui se glissent dans les interstices permettant de participer à son exercice (mères, épouses, maîtresses de « grands hommes ») « De même, quelles sont les « figures ? du pouvoir féminin dans les espaces perçus comme étant mixtes ou féminins ? Enfin, que se passe-t-il quand le pouvoir ? tombe en quenouille », c’est-à-dire dans les mains des Reines » Que nous apprennent les lois (salique ou fondamentales), mais aussi les contes de fées, les romans ou encore la presse people sur les représentations de l’exercice du pouvoir par les femmes « De même, la croyance dans l’existence de divinités féminines pèse-t-elle sur l’exercice réel du pouvoir par les femmes »
? Les effets de l’exercice du pouvoir par les femmes :
Deux types d’arguments sont généralement avancés pour justifier la participation des
femmes au pouvoir. Le premier vise l’égalité entre les hommes et les femmes ou du moins
l’amélioration des conditions de vie de ces dernières. Une meilleure représentation des femmes dans les instances du pouvoir permettrait ainsi de mieux défendre leurs intérêts.
La première question qui se pose concerne donc l’évolution du droit dans les sociétés où le pouvoir est davantage partagé entre les hommes et les femmes. Observe-t-on une évolution significative de la législation en faveur de l’égalité des sexes « Le droit et plus généralement la promotion de politiques publiques allant en ce sens sont-ils utilisés par les femmes au pouvoir, de quelle manière et avec quels effets » Les stéréotypes de genre sont aussi souvent mobilisés pour décrire et pour justifier le pouvoir des femmes. Dans cette deuxième perspective, leur légitimité repose principalement sur leur différence : c’est parce qu’elles sont censées avoir une autre approche et une autre pratique du pouvoir que les femmes pourraient l’exercer. Quand apparaissent ces stéréotypes « Ont-ils évolué au fil du temps « Correspondent-ils à une réalité quelconque » En bref, qu’est-ce que la féminisation du pouvoir fait au pouvoir » La question des effets comprend enfin une interrogation sur les formes de résistances. Celles-ci peuvent être pratiques et/ou symboliques. De la virilisation des femmes « de pouvoir ? à la dépolitisation de leurs actes en passant par l’opposition frontale, comment les hommes et les femmes réagissent-ils au pouvoir des femmes » Les formes de résistances au pouvoir sont-elles spécifiques lorsqu’il est exercé par une femme ou par un homme ?
Les propositions de communication (une page de résumé) sont à envoyer (accompagnée d’une notice précisant s’il s’agit d’une proposition de doctorant ou de docteur et, en ce cas, l’année de soutenance) avant le 21 mars 2011 aux adresses suivantes :
Delphine Dulong : delphine.dulong@free.fr
Sandrine Lévêque : sandrine.leveque882@orange.fr
Frédérique Matonti : frederique.matonti@wanadoo.fr
Fabrice Virgili : virgili@univ-paris1.fr
Parmi les critères de sélection, nous privilégierons la diversité disciplinaire, la cohérence
d’ensemble de la journée, l’originalité des propositions et des matériaux mobilisés, la rigueur de la démonstration adossée à des exemples précis. La liste des propositions retenues sera rendue le 4 avril 2001.