Madame de Genlis: La Pensée française au Siècle des Lumières
Revue

Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, comtesse de Genlis (1747-1830) a été à son époque une auteur fort prolixe et lue par un nombreux public. Hors de la France, loin des discussions qui dominaient les cercles parisiens, son œuvre a trouvé des échos auprès d’un vaste lectorat, de l’Angleterre à la Russie et aux Amériques. Ainsi, lorsque dans Guerre et Paix Tolstoï met en garde un de ses protagonistes contre le danger de devenir une Madame de Genlis, il se servait d’une référence dont il pouvait croire que ses lecteurs russes la comprendraient sans problème. En effet, les anecdotes à ce sujet prouvent suffisamment que les lecteurs en pensant aux Lumières venant de France avaient devant leurs yeux non seulement les philosophes, Voltaire, Rousseau, Diderot et autres, mais également leur pôle opposé, Madame de Genlis.
Tout en reconnaissant l’importance de Madame de Genlis au XVIIIe siècle, la recherche a commencé récemment à reconsidérer certains aspects de son œuvre. Pourtant, malgré des signes d’un nouvel intérêt à l’égard de ses textes, l’œuvre de Madame de Genlis ne s’accorde pas facilement aux idées courantes sur le Siècle des Lumières. Cela est dû aux contradictions internes qui rendent difficile de comprendre cette œuvre en se servant de catégories conceptuelles existantes. D’abord connue comme adversaire des philosophes, Madame de Genlis a embrassé néanmoins beaucoup de leurs idéaux rationalistes et pédagogiques. Championne des traditions littéraires des femmes, elle est parfois restée silencieuse à l’égard de ses propres précurseurs femmes. Et tandis que la critique la condamnait pour des raisons idéologiques, critiquant sa religiosité explicite, ses romans étaient rejetés comme de simples passe-temps frivoles, et cela parfois par les mêmes critiques.
Ce numéro spécial de RELIEF (www.revue-relief.org), à paraître en 2013, voudrait reconsidérer l’œuvre de Madame de Genlis en la remettant dans son contexte original du XVIIIe siècle et sous un angle transnational. Comme sujets à traiter suggérons, sans vouloir être exhaustif
– Madame de Genlis comme anti-philosophe, ou comme défenseur d’un courant de « Lumières religieuses ».
– Les relations existant entre d’autres femmes auteurs et l’œuvre de madame de Genlis, notamment la tradition des écrits pédagogiques produits par des femmes.
– Madame de Genlis comme historienne (littéraire), surtout pour ce qui regarde le « Grand Siècle ».
– La réception de Madame de Genlis à l’extérieur de la France.
Votre proposition d’article (300 mots, accompagnée d’une brève notice bio-biographique) est à envoyer avant le 15 août 2012 au comité rédactionnel :
Les articles finis (6000 mots maximum), en francais ou en anglais, seront à remettre avant le 15 février 2013.