Littérature, économie et morale aux 18e siècle et 19e siècles : La pauvreté au féminin
Toulouse (14 mai 2020), avant le 1er février 2020

Mendiantes et pauvresses (18e -19e siècles)

Jeudi 14 mai 2020 Université de Toulouse Jean-Jaurès Laboratoire PLH/EHL

Organisation : Florence Magnot (Université de Rennes 2) Stéphane Pujol (Université de Toulouse Jean-Jaurès)

Issues d’une collaboration entre l’université de Toulouse Jean-Jaurès et l’université de Rennes 2, ces deux journées d’étude articulées (Rennes 19 septembre 2019, Toulouse 14 mai 2020) se proposent de reprendre le dossier des représentations des pauvres et de la pauvreté dans l’écriture de fiction et le discours social. Les travaux des historiens portant sur les pauvres et la pauvreté sont nombreux, ils ont principalement exploré le mouvement de laïcisation et de sécularisation qui s’opère entre le début et la fin du 18e siècle de la charité à la bienfaisance Jean Starobinski a étudié dans la littérature et les arts visuels la manière dont la littérature et les arts visuels de Rousseau au XIXe siècle s’empare du geste latin de la sparsio pour l’interroger et en explorer les points aveugles1 . Nous voudrions réfléchir à la manière dont les textes traitent de ces mutations du don en lien avec des réflexions sur les notions de valeur et de richesse et avec l’évolution de la sensibilité à l’inégalité des fortunes et des conditions. Durant ces deux journées, nous interrogerons la dimension genrée de la représentation du secours aux pauvres en explorant la spécificité des représentations de la pauvreté féminine. S’intéressant aux textes mais aussi à l’imaginaire social et culturel de la pauvreté au féminin, la journée est ouverte aux spécialistes de littérature mais aussi aux spécialistes des sciences humaines : historiens, philosophes, historiens de l’art, économistes, historiens de l’art et historiens du droit. De Marivaux à Laclos et jusqu’à Sade, la femme pauvre est héroïne vertueuse, victime sacrificielle pathétique, objet érotique ou matériau pornographique : il s’agira de déployer les divers usages de la figure et du personnage (de théâtre ou de roman) de la femme pauvre, comment il est éventuellement modifié et infléchi au cours de la période, notamment à travers les mutations et les ruses de la voix moraliste. Au-delà de la problématique de la prostitution qui menace topiquement les héroïnes pauvres et informe fréquemment (à l’état d’horizon, de possible ou de scénario réalisé dans les romans de prostituée par exemple) les intrigues romanesques et dramatiques, on se demandera comment se modifient également les programmes textuels et les horizons d’attente créés par la figure, en lien avec l’érosion d’un topos littéraire et les mutations de la sensibilité et des exigences de protection des plus faibles mais aussi d’une définition nouvelle des injustices. Au carrefour de discours moraux, économiques, politiques, que donnent les textes de la figure de la femme pauvre au XVIIIe siècle, notre hypothèse de départ étant qu’elle cristallise les interrogations de la période sur les rapports entre la morale et la politique. La période révolutionnaire transforme-t-elle ce rapport ? Dans quelle mesure la nouvelle prise en compte de la misère économique et sociale d’une frange importante de la population et les solutions politiques que la Révolution entend apporter, modifie-t-elle la situation des femmes pauvres et leur représentation dans la littérature ? Nous poursuivrons notre enquête jusqu’au premier XIXe siècle, en interrogeant le nouvel imaginaire de la pauvreté qui se met en place dans la fiction, et la place de la femme pauvre dans la littérature telle qu’elle se donne à lire dans la société post-révolutionnaire.

Les propositions de participation pour la seconde journée (14 mai 2020) sont à envoyer conjointement à Florence Magnot-Ogilvy et à Stéphane Pujol avant le 1/02/19. Contact : florence.magnot-ogilvy@univ-rennes2.fr et pujolstephan@gmail.com