Les Frondeuses. L’activité politique des femmes de l’aristocratie et ses représentations de 1643 à 1661

Sophie VERGNES


Thèse en Histoire, dir.Martine Lapied et Gilbert Buti,Université de Toulouse II -Le Mirail, laboratoire Framespa, 22 septembre 2012
Ce travail de recherche s’intéresse au rôle politique des femmes de l’aristocratie dans la Fronde et aux représentations dont il fait l’objet au XVIIe siècle, de façon à en faire apparaître les enjeux politiques, sociaux et culturels. Les actions accomplies, mais surtout les discours, les mises en scène et, plus généralement, toutes les stratégies de communication qu’emploient les Frondeuses et leur entourage pour intervenir dans la guerre civile sont examinés, de mêmes que les témoignages des contemporains. Or, les sources écrites et la documentation iconographique révèlent une conception du pouvoir, du champ d’action des femmes et des rapports entre femmes et pouvoir bien plus ouverte et audacieuse que ne le laisse entendre la règle de l’exclusif masculin. Tous les projets politiques auxquels participent ces femmes, une quinzaine environ, est considéré, du début de la régence d’Anne d’Autriche en 1643 à l’avènement du règne personnel de Louis XIV en 1661. Deux modes d’action principaux apparaissent : les interventions à caractère militaire des Amazones de la Fronde d’une part, celles qui relèvent de la diplomatie occulte accomplies par les « intrigantes » d’autre part. L’examen des moyens employés conduit à souligner l’ancrage des Frondeuses dans des réseaux familiaux, amicaux et clientélaires puissants où elles occupent des positions stratégiques. Pour plusieurs d’entre elles, l’analyse des actes et des discours avant, pendant et après les troubles civils pose la question d’une éventuelle démarche d’émancipation à caractère féministe.
Mots-clefs : femmes, Fronde, pouvoir, féminisme, Amazones, intrigantes, représentations, réseaux sociaux.
This work aims at analysing the political role played by women of the aristocracy in the Fronde, as well as its representations in the XVIIth century, in order to highlight what is at stake politically, socially and culturally. The actions accomplished by women, but above all the views expressed about them, and all the communication strategies used by the Frondeuses to take part in the civil war are examined, as well as the strategies they and their contemporaries used to underline the part these women played in the political life. All those points reveal ideas about power, the field of activity of women and the relationships between power and women, which seem to be far more open and daring than the principle of male exclusive rights gives us to understand. All the political projects in which these fifteen women or so took part are taken into account, from the beginning of Ann of Austria’s regency in 1643 to the eve of Louis XIV’s personal reign in 1661. Two main means of action appear: the Amazons of the Fronde used military methods whereas the intriguers used diplomatic ones. A closer look at their behaviours leads to underline how deeply the Frondeuses were rooted in powerful networks of families, friends and clientage, where they held strategic positions. For several of them, the analysis of actions and discourses before, during and after the upheaval questions a possible attempt at feminist emancipation.
Key words: women, Fronde, power, feminism, Amazons, intriguers, representations, social networks.