Les féministes écrivent l’histoire
Paris

L’Institut Emilie du Châtelet a le plaisir de vous inviter à son « Café »
3 juin 2014
18h30 à 20h30
Jardin des Plantes, Restaurant La Baleine, 47 rue Cuvier 75005 Paris
Entrée libre, dans la limite des places disponibles

AvecMichelle Perrot,Florence Rochefortet une représentante du groupe d’action féministe La Barbe

« Nos ancêtres les Gaulois ? ?« Et les Gauloises alors » Invisibles, gommées, ont-elles seulement existé pour les auteurs de nos livres d’histoire » Si Jeanne d’Arc ou Marie Curie ont retenu l’attention des historiens, on peut se demander si pour la première, ce n’est pas à cause de son roi et, pour la seconde, de son mari.

Michelle Perrot, quant à elle, a consacré l’essentiel de sa vie de chercheuse à faire émerger les femmes comme sujets historiques à part entière (sujet étant entendu dans les deux sens du terme) et a entraîné dans son sillage de nombreuses universitaires, comme Florence Rochefort qui, elle, s’est spécialisée sur l’articulation genre, religions et laïcité.

Oui, les femmes ont une histoire, oui, elles ont toujours participé à l’évolution des nations et des sociétés, même si les historiens les ont négligées. Aujourd’hui nos historiennes féministes, dans un souci de justice, de mémoire et de pédagogie, retracent des parcours exemplaires et trop souvent ignorés.

Au café de l’IEC, ce trois juin, deux historiennes, appartenant à deux générations de féministes, rencontrent une activiste du collectif La Barbe : toutes les trois ont écrit sur l’histoire des mouvements féministes : sur l’histoire passée, et sur l’histoire en train de se faire. Leur échange nous éclairera sur pourquoi et comment les féministes écrivent l’histoire. Tout court.

Michelle Perrot est aujourd’hui professeure émérite de l’Université Paris 7 – où elle a effectué une grande partie de sa carrière. Dès les années 1970, elle participa aux mouvements féministes. En 1973, avec Pauline Schmitt-Pantel et Fabienne Bock, elle organisa un cours sur le thème « Les femmes ont-elles une histoire ? » à l’université de Paris 7. En 1974, elle fonda avec Françoise Basch un Groupe d’études féministes (GEF), non mixte, où l’on abordait des sujets comme l’avortement, le viol, l’homosexualité, la prostitution, le travail domestique, la psychanalyse? Des contacts avec les Women’s studies furent noués. Michelle Perrot a largement contribué à l’émergence de l’histoire des femmes et du genre, dont elle est l’une des pionnières en France. Elle a notamment dirigé, avec Georges Duby, L’Histoire des femmes en Occident (5 vol., Plon, 1991-1992) et a publié l’ensemble de ses articles sur la question dans Les femmes ou les silences de l’histoire (Flammarion, 2001).

Florence Rochefort est chercheuse au CNRS (Groupe Sociétés Religions Laïcités ? GSRL, EPHE/CNRS), historienne des féminismes et spécialiste en études de genre. Sa thèse a pour sujet l’histoire du féminisme en France sous la IIIe République et ses travaux se sont orientés vers l’histoire politique des droits des femmes et du féminisme dans un champ chronologique et géographique plus large, et en particulier sur les liens entre genre, religions et laïcité. Elle a abordé la thématique « Égalité des sexes et laïcité en France aux XIXe et XXe siècles « à travers l’histoire des droits des femmes, pour en saisir les dynamiques de genre au sein du processus de laïcisation, mettant à jour notamment l’importance d’un » pacte de genre ». Co-directrice de la revue Clio Histoire Femmes et Sociétés, elle est la présidente de l’Institut Émilie du Châtelet.

La Barbe est un groupe d’action féministe fondé en 2008 en France. Ses militantes dénoncent l’absence ou la sous-représentation des femmes dans des instances de pouvoir économique, politique, culturelle et médiatique. À la fois héritières du mouvement féministe des années 1980, et créatrices d’une voie nouvelle, elles pratiquent un militantisme fondé sur le coup d’éclat et l’ironie. Lors de leurs actions inopinées, affublées de barbes postiches, elles félicitent des assemblées à majorité masculine pour leur résistance à la féminisation. Le choix de leurs cibles rappelle que les femmes doivent pouvoir créer, diriger, représenter : atteindre en somme tous les postes et statuts, dans la complète étendue des échelons et secteurs d’activité.