L’Amour et l’amitié au Grand Siècle
Ghent (8-10 mai 2019), avant le 10 décembre 2018

Ghent University

Intervenants principaux :

Professeur Michael Moriarty (University of Cambridge)

Professeure Hélène Merlin-Kajman (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

Professeure Jennifer Tamas (Rutgers University)

Nous invitons des propositions pour un colloque de trois jours organisé à l’université de Gand. Nous accueillons des communications en français et en anglais portant sur les conceptions et les expressions de l’amour et de l’amitié au XVIIe siècle en France.

Les auteurs baroques et classiques – de Théophile de Viau à Madame de La Fayette – réfléchissent et écrivent sur la tendresse, l’amour et les passions. Ils sont en même temps pris dans des réseaux d’amitié. Les philosophes – Cureau de La Chambre, Descartes – dissèquent les passions, et les théoriciens de la vie à la Cour théorisent les rapports humains. Le succès de Corneille résonne avec l’intérêt du public pour l’amour, la dignité, la vertu. Par ailleurs, le thème de l’amitié et la réflexion sur la force des passions alimentent la pensée de l’art de gouverner. L’Édit de Nantes demandait aux Français d’oublier leurs querelles afin de « vivre ensemble paisiblement comme amis » (article II).

Or l’idéal des relations polies, fondées sur la sympathie mutuelle et célébrées dans le roman pastoral, est infirmé dans la seconde moitié du siècle. Influencés par la pensée augustinienne, les moralistes (Pascal, La Rochefoucauld, Nicole) n’y voient qu’un amour-propre intéressé. L’amitié devient alors l’expression d’une hypocrisie ; la passion amoureuse la source d’un dérèglement. Aussi La Rochefoucauld estime-t-il que « quelque rare que soit le véritable amour, il l’est encore moins que la véritable amitié » (maxime 473). Pourtant, l’amour, même teinté de noirceur, continue d’être célébré : le public de Racine – qui s’essaie à une traduction du Banquet – plébiscite des pièces qui mettent en scène la passion, et le siècle se termine sur la polémique du pur amour.

Alors que l’amour et ses avatars ont été l’objet de différentes études, l’amitié semble avoir moins intéressé les chercheurs : la philosophie, la théorie des émotions, l’histoire des mentalités, la théorie politique offrent néanmoins des perspectives à explorer. En effet, l’amour et l’amitié, fictifs et littéraires, réels et historiques, sont révélateurs des tensions qui parcourent l’âge classique. Aussi ce colloque s’organisera-t-il autour des couples d’opposés, éclairant les relations d’amour et d’amitié :

– Amour-propre et pur amour

– Le public et le privé ; le collectif et le soi

– Passion et raison  

– Homme et femme ; homosexualité et hétérosexualité

– Egalité et inégalité

– Charité et désir ; amitié conjugale et passions illicites

– Loyauté, constance et trahison, haine

Voir infra pour une bibliographie indicative.

Merci d’envoyer les propositions (de 250 mots maximum) pour une communication de vingt minutes avant le 10 décembre 2018 à Astrid Van Assche (astrid.vanassche@ugent.be) et à Delphine Calle (delphine.calle@ugent.be).

 

Bibliographie indicative / Selective bibliography

Philippe Ariès et Georges Duby (éds), Histoire de la vie privée III. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 1986.

Erich Auerbach, Le Culte des passions. Essais sur le XVIIe siècle français, éd. et trad. Diane Meur, Paris, Macula, 1998.

Alan Bloom, Love and Friendship, New York, Simon & Schuster, 1993.

Maurice Daumas, Des trésors d’amitié. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Armand Colin, 2011.

Jacques Derrida, Politiques de l’amitié, Paris, Galiliée, 2000.

Nathalie Freidel, La Conquête de l’intime. Public et privé dans la correspondance de Mme de Sévigné, Paris, Champion, 2009.

Susan James, Passion and Action. The Emotions in Seventeenth-Century Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 1997.

Michel Jeanneret, Éros rebelle. Littérature et dissidence à l’âge classique, Paris, Seuil, 2003.

Ullrich Langer, Perfect Friendship. Studies in Literature and Moral Philosophy from Boccaccio to Corneille, Genève, Droz, 1994.

Jacques Le Brun, Le Pur Amour. De Platon à Lacan, Paris, Seuil, 2002.

Simon May, Love. A History, Yale, Yale University Press, 2011.

Hélène Merlin, Public et littérature en France au XVIIe siècle, Paris, Belles Lettres, 1994 ; L’Excentricité académique, Paris, Belles Lettres, 2001.

Michael Moriarty, Fallen Nature, Fallen Selves. Early Modern French Thought II, Oxford, Oxford University Press, 2006.

Jean-Michel Pelous, Amour précieux, amour galant (1654-1675). Essai sur la représentation de l’amour dans la littérature et la société mondaines, Paris, Klincksieck, 1980.

Aurélie Prévost, L’Amitié en France au XVIe et XVIIe siècles : histoire d’un sentiment, Louvain, UCL Presses universitaires de Louvain, 2016.

Lewis Seifert et Rebecca Wilkin (éds), Men and Women Making Friends in Early Modern France, Farnham, Ashgate, 2016.

Jennifer Tamas, Le Silence trahi. Racine ou la déclaration tragique, Genève, Droz, 2018.

Michel Terestchenko, Amour et désespoir. De François de Sales à Fénelon, Paris, Seuil, 2000.

Linda Timmermans, L’Accès des femmes à la culture sous l’Ancien Régime, Paris, Champion, 2005.

Alain Viala, La France galante. Essai historique sur une catégorie culturelle, de ses origines jusqu’à la Révolution, Paris, Presses Universitaires de France, 2008.