Genèse des corpus littéraires à l’âge classique
Paris (22 juin 2013)

Comment se constitue l’œuvre donnée à lire au public « Donner corps au texte littéraire, le rendre public par une édition, c’est progressivement, entre la Renaissance et les Lumières, faire entrer dans le livre imprimé non seulement l’œuvre, mais aussi les discours qui la portent. Le livre devient ainsi » un objet que le texte a suscité ? (Hubert Nyssen) et se constitue autour du texte auctorial un péritexte qui rend compte de la vie de la République des Lettres.

L’histoire de l’édition et, plus précisément, la genèse des corpus littéraires qui s’élaborent ainsi à partir du XVIe siècle, s’avère un axe de recherche porteur pour les doctorants qui travaillent sur des textes dont l’histoire éditoriale est souvent révélatrice des enjeux de leur production, de leur réception et de leur inscription dans le champ littéraire. Autorisée ou clandestine, la publication représente un acte complexe qui implique l’auteur, qui en autorise ou pas la publication, un imprimeur/éditeur patenté ou pirate, établi en France ou à l’étranger, et un public de lecteurs. Mais le livre peut comporter également des textes émanant des institutions qui déterminent, l’autorisant ou la censurant, la parution du texte, ainsi que des instances qui accusent réception de l’œuvre par la critique ou la publicité, scandaleuse parfois. Tous ces acteurs, qui se donnent ainsi à voir à travers leurs écrits, participent de la vie de la République des Lettres et inscrivent leur marque dans le corps même du livre imprimé, sous la forme de pièces liminaires qui théâtralisent le texte et en programment la lecture, sur un mode parfois polémique.

Nous invitons donc les jeunes chercheurs à renouer avec la tradition érudite de la recherche des sources éditoriales, le travail de connaissance et de comparaison des éditions et à nourrir ainsi notre réflexion sur l’histoire éditoriale, en constante évolution déjà sous l’ancien régime, et sur la constitution matérielle et symbolique des corpus dont nous avons hérité. Leur lecture et leur interprétation ne peut que s’enrichir d’une telle approche, qui problématise l’inscription de l’œuvre dans le champ littéraire. Il s’agit de réfléchir à l’histoire du livre non pas seulement matérielle, mais littéraire et sociale. Scène discursive, lieu de représentation, de sociabilité, de dialogue ou d’affrontement, le livre devient progressivement, nous semble-t-il, l’espace et le support matériel et symbolique de l’échange généré par la création littéraire.

Voici quelques uns des axes d’étude qui pourront être envisagés :
– les discours de l’auteur autour de son œuvre : en forme de préface, d’éloge, de dédicace, de lettres à la critique
– le discours éditorial
– le discours de la censure
– le discours de la critique : naissance des querelles esthétiques
– les éloges, vies de l’auteur, pièces justificatives
– la correspondance : compléter l’œuvre « l’illustrer ? la justifier »
– les images : portraits de l’auteur, illustrations
– publier le corpus littéraire : éditions augmentées, compilations, variantes, regroupements, œuvres complètes
– commenter le texte : marginalia, commentaires, notes de bas de page.

La journée d’étude, organisée par les doctorants du Centre d’Etudes de la Langue et de la Littérature Française du XVIIe et du XVIIIe siècles de l’Université Paris IV Sorbonne, s’adresse aux jeunes chercheurs en littérature et en langue françaises ainsi qu’aux doctorants d’autres disciplines telles que l’histoire, la philosophie ou l’histoire de l’art. Les propositions de communication (300 mots environ), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique de l’auteur (nom, prénom, courriel, institution d’appartenance, sujet de thèse, publications), doivent être envoyées avant le 31 mars 2013 à l’adresse suivante : cellf1718.journeedetude2013@gmail.com

La journée d’étude se tiendra le 22 juin 2013 à la Maison de la Recherche de l’Université Paris Sorbonne, 28, rue Serpente. Les communications retenues seront mises en ligne sur le site internet du C.E.L.L.F.

Organisatrices : Linda Gil et Ludivine Rey