Genre, santé et masculinités pour Histoire médecine et santé
En revue (automne 2022), avant le 15 avril 2021

Depuis les années 1990, de nombreux travaux se sont consacrés à la masculinité et à la virilité au sein de l’histoire du genre. Ces recherches ont permis de défaire un clivage faisant de l’histoire des femmes le seul objet possible des études de genre et d’en enrichir les interprétations. Elles mettent également en perspective la nécessité de considérer l’agency des femmes et de problématiser une approche les présentant comme des figures passives d’une histoire essentiellement masculine. L’histoire du genre a permis, de surcroît, de souligner que les hommes sont aussi des objets d’une pensée dichotomique du masculin versus féminin qui les assigne constamment à une définition normée de la masculinité et de la virilité.

En contraste avec l’importante littérature concernant la médicalisation des maladies des femmes, la santé des hommes reste un pan de recherche encore peu exploré par l’historiographie. L’insuffisance de réflexions sur la santé des hommes est d’autant plus surprenante que l’histoire de la médecine s’est d’abord écrite au masculin et que l’épidémiologie sociale met en évidence, depuis les années 1970, une surmortalité masculine liée à leurs statuts sociaux et professionnels.

Nous souhaitons que ce numéro thématique de la revue Histoire, médecine et santé questionne l’intersection des rapports sociaux (notamment de genre, de classe et de race) pour dévoiler l’imbrication entre pouvoirs, savoirs et pratiques de santé.  Il va de soi qu’il n’est donc pas du tout question ici d’adopter une posture masculiniste ou antiféministe. À partir des masculinités, il s’agit bien de problématiser le rôle de la médecine dans la construction de la différence sexuelle à travers l’histoire et de l’interroger de façon critique. La périodisation est ici ouverte : nous sommes intéressées par des contributions qui traitent de cette problématique de l’Antiquité à la période contemporaine.

Diverses pistes pourront être explorées :

  • Historiographie de la médecine : Comment périodiser une histoire de la santé qui prenne en compte les masculinités ? Comment le concept de masculinités permet-il de repenser l’histoire de la médecine et des soins ?
  • Permanence des représentations et pratiques cliniques : Comment analyser le poids des permanences et des éventuelles ruptures dans les savoirs et dans les pratiques cliniques autour des maladies des hommes ? Comment évaluer le décalage entre discours et pratiques et mettre en lumière le processus de fabrication et de circulation des diagnostics ?
  • Intersectionnalité, colonialisme et rapports de pouvoir : Comment penser les masculinités à l’aune des systèmes de santé dans les espaces coloniaux et postcoloniaux ? Comment questionner la dichotomie entre des savoirs locaux, traditionnels et autochtones d’une part et des savoirs occidentaux, modernes et scientifiques d’autre part ? Comment l’intersectionnalité permet-elle de questionner les catégories nosologiques, analyses épidémiologiques autour de la santé masculine ?

Conditions de soumission 

Les propositions de contribution, d’une longueur de 4 000 signes (espaces compris) accompagnées d’une courte biographie, devront être envoyées à santemasculinehms@gmail.com

le 15 avril 2021 au plus tard.

Les articles peuvent être soumis en langues française ou anglaise.

Les réponses parviendront avant le 30 mai 2021 et les auteurices retenu.e.s auront alors jusqu’au 1er septembre 2021 pour rédiger leur article d’après les consignes de la revue (cliquer ici pour plus d’informations). Les articles seront par la suite évalués en double aveugle. La publication du numéro spécial est prévue pour l’automne 2022.

Comité scientifique 

  • Francesca Arena (iEH2/Maison de l’Histoire, Université de Genève),
  • Camille Bajeux (IHM, Université de Lausanne/Institut des Etudes genre, Université de Genève),
  • Joelle Schwarz (Unisanté/FBM, Université de Lausanne)
  • Aude Fauvel (CHUV-Université de Lausanne).