Écrire sa vie en France aux XVIIe et XVIIIe s.
Alsace (24-25 octobre 2019), avant le 15 octobre 2018

Écriture, expérience et connaissance de soi du Discours de la méthode aux Confessions de Rousseau

Université de Haute-Alsace-ILLE

Responsables

Marilina Gianico (ILLE — EA 4363 Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes)

et Christine Hammann (MCF à l’Université de Haute-Alsace, ILLE — EA 4363 Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes)

 

Comité scientifique

Michel Cassan (Professeur émérite à l’Université de Poitiers), Agnès Cousson (Maître de Conférences à l’Université de Bretagne Occidentale), Marc Hersant (Professeur à l’Université Paris 3, Sorbonne Nouvelle), Philippe Lejeune (Professeur émérite à l’Université de Paris 12), Dominique Massonnaud (Professeur à l’Université de Haute-Alsace), Catherine Ramond (Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne), Catriona Seth (Professeur à Oxford, All Souls College et à l’Université de Lorraine), Damien Zanone (Professeur à l’Université de Louvain)

 

Appel à communication

Depuis la théorisation de l’autobiographie comme genre par Philippe Lejeune, ce modèle d’écriture a fait l’objet de multiples analyses qui ont conduit à nuancer le rôle des Confessions de Rousseau dans les évolutions de l’écriture de soi. Philippe Gasparini[1], comme Lejeune lui-même[2], s’accordent avec Foucault (et déjà bien avant eux Georg Misch[3]) pour montrer que des formes littéraires du « souci de soi »[4] se déploient depuis l’Antiquité. La parution, en 2017 du Dictionnaire de l’autobiographie[5], se proposant d’« examiner comment l’important capital critique apporté par Philippe Lejeune avait fructifié[6] » et de « cartographier un champ de recherches dont l’extension est souvent mal comprise », relance le débat sur « les écritures de soi en langue française[7] » (c’est le sous-titre de l’ouvrage) et rend compte de l’effervescence de la recherche sur les formes et les enjeux de l’écriture autobiographique.

Tandis que les historiens, curieux du « for privé »[8], publient depuis plusieurs années les Mémoires de personnages parfois aussi obscurs que l’exilé huguenot Jacques Fontaine[9], l’écrivain de campagne Pierre Prion[10], ou la fugitive comtesse de Schwerin[11], la recherche littéraire ne semble que plus récemment s’emparer de ces textes confidentiels. C’est ainsi que Catriona Seth, dans sa belle anthologie critique La fabrique de l’intime, Mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle(2013) met au jour les témoignages de femmes plus ou moins ignorées de la « grande histoire », comme Rosalba Carriera (1675-1757), Marguerite-Jeanne de Staal-Delaunay (1684-1750)[12], ou Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763). Par ailleurs les travaux notables publiés durant la dernière décennie sur la correspondance de Mme de Sévigné ou les grands mémorialistes attestent de l’intérêt des chercheurs actuels pour les formes personnelles de l’écriture. Mais qu’y a-t-il d’autobiographique dans les Mémoires, journaux et correspondances des XVIIe et XVIIIe siècles ?

Dès son premier ouvrage sur L’autobiographie en France (1971, 2010), Philippe Lejeune soulignait le caractère labile, « complexe et instable » de l’autobiographie dont il n’existe pas, selon lui, de modèle « pur ». Toute tentative de définition est forcément inadaptée aux formes souples et variables de l’écriture de soi : « plus la définition sera nette, écrit le théoricien du genre, plus elle a chance d’être inopérante, parce que le domaine exploré est flou. […] aussi chaque œuvre réalise-t-elle, selon des proportions diverses, une sorte d’approximation du modèle théorique »[13]. Voire : peut-être la définition elle-même pose-t-elle un cadre trop rigide et toujours partiellement inadapté à des expériences diverses dont la variété et la richesse, précisément, nous intéressent plus que le modèle théorique. Elle reste, comme Lejeune le souligne en revenant sur ses premiers travaux et sur son parcours de recherche, un « un objet à analyser »[14].

Certes, la définition proposée (récit rétrospectif en prose que quelqu’un fait de sa propre existence, quand il met l’accent principal sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité[15]) permet à première vue de distinguer l’autobiographie des Mémoires, du roman à la première personne, ou encore du journal intime. Mais ne peut-on douter, comme nous y invite Marc Hersant, de la pertinence de l’approche générique de l’écriture mémorialiste ? Et que faire de ces textes intitulés Mémoires, qui, comme ceux de Mme de Staal-Delaunay, n’accordent qu’un intérêt limité à la chronique historique et à la peinture de la Cour, préférant faire porter l’accent sur l’expression d’une personnalité ? Quel statut donner aux « mémoires », ainsi qu’ils les appellent, que les patients adressent à des personnalités reconnues par le corps médical pour obtenir un diagnostic[16] ? Ou comment qualifier ces récits de vie, souvent de commande, relatant un itinéraire spirituel, qui fleurissent au cours du XVIIe siècle (vies de la Mère Alix Le Clerc, de Louis de Pontis, la Sœur Jeanne des Anges, Mme Guyon ou Antoinette Bourignon) ? Où ranger les itinéraires intellectuels présentés par Descartes, dans le Discours de la Méthode,[17] Pierre-Daniel Huet, Jean Rou, Grosley ou Charles Bonnet ? Que dire des récits fragmentés, parcellisés d’une vie telle qu’ils se déploient dans une correspondance même aussi suivie que celle de Mme de Sévigné et sa fille ? Comment, enfin, penser la circulation de la veine autobiographique dans divers genres aux frontières somme toute poreuses ? Voilà l’un des enjeux de ce colloque.

Une deuxième piste de réflexion viserait une relecture du dernier terme de la définition proposée par Lejeune : l’accent mis sur « l’histoire de sa personnalité ». Quel est le « je » qui se donne à lire dans ces « vies » ? Car à l’évidence le « moi » se dévoile rarement tout entier dans ces formes diverses d’écriture de soi. L’autobiographie spirituelle est souvent pudique, et répugne à l’exhibition (Mme Guyon n’avait-elle pas été enjointe de réécrire sa vie pour s’être montrée d’abord trop réservée ?). L’autopathographie,[18] sur laquelle des études récentes se concentrent et que le psychiatre Stéphane Grisi définit comme « tout écrit autobiographique dans lequel l’auteur évoque de façon centrale ou périphérique, des faits, des idées ou des sentiments relatifs à sa propre maladie », interprète l’expérience à l’aune de l’étiologie ou de la symptomatologie médicale. À cet égard la perspective holistique et totalisante de Rousseau est indéniablement originale et témoigne d’une « métaphysique de la subjectivité[19] » qui paraît absente dans les écritures précédentes. Mais faut-il exclure du cadre de l’écriture autobiographique ces « moi partiels » qui parlent, qui le langage du corps – corps jouissant ou corps en souffrance –, qui celui de l’âme, ou se contentent de décrire l’itinéraire intellectuel ou spirituel de l’esprit en quête de savoir ou de salut ? Le degré de personnalisation du moi pourra ainsi être interrogé dans les textes étudiés, ainsi que l’identité et le rôle de l’éventuel destinataire / commanditaire (lecteur implicite, directeur de conscience, éditeur, « public »…) des textes, dans la mesure notamment où ils influent sur la forme d’écriture adoptée.

Enfin, à l’échelle de deux siècles, on se demandera – avec prudence – dans quelle mesure ces écrits dans leur succession diachronique, leurs formes mutantes et leurs préoccupations diverses reflètent une société en évolution (développement d’une sphère intime, émergence d’une opinion publique…). Si en effet les historiens paraissent aujourd’hui reconnaître que le XVIIIe siècle marque un tournant fondamental dans notre conception de l’intime et du privé, ne peut-on pas distinguer, au sein des écritures autobiographiques, des permanences, des modulations, des infléchissements qui enregistreraient les grands changements socio-culturels ?  En questionnant les diverses formes autobiographiques sur deux siècles, cette perspective transversale permettra également de resituer le geste rousseauiste dans un macrotexte susceptible d’en cerner plus finement l’originalité formelle et thématique.

Le corpus envisagé inclura non seulement les récits personnels rétrospectifs, mais également les narrations intercalées mettant en œuvre diverses temporalités du moi (acteur-personnage et auteur). Il comprendra :

— Les récits autobiographiques sous diverses formes (« Vies », itinéraires spirituels, etc.) ;

— Les journaux intimes ;

— Les autobiographèmes dans des textes à visée mémorielle ou intimes : les Mémoires, la correspondance privée, les relations de voyage voire les genres non personnels (textes scientifiques, philosophiques, etc) ;

— Les autopathographies : les relations de patients dans la médecine par correspondance, mais aussi des chroniques de la maladie dans des écrits à visée non médicale.       

Les propositions d’environ une page et accompagnées d’une brève biobibliographie devront être envoyées à marilina.gianico@gmail.com et christine.hammann@uha.fr avant le 15 octobre 2018.

 

Bibliographie sélective

Baret, Jean-Pierre, Ruggiu, François-Joseph (dir.), Au plus près du secret des cœurs ? nouvelles lectures historiques des écrits du for privé, Paris, PU Sorbonne, 2005.
Bardet, Jean-Pierre, Ruggiu, François-Joseph (dir.), Les écrits du for privé en France, de la fin du Moyen Age à 1914, Paris, CTHS, 2014.
Beaumont, Élie, Obèse et impuissant. Le dossier médical d’Élie de Beaumont (1765-1776), textes établies et présentés par Daniel Teysseire, Grenoble, Jérôme Millon, 1995
Berchtold, Jacques, « Les Confessions de Saint-Augustin et celles de Rousseau », dans Berchtold, Jacques, Habib, Claude, Les Confessions : se dire, tout dire, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 19-31.
Berchtold, Jacques, Habib, Claude (éd.), Les Confessions : se dire, tout dire, Paris, Classiques Garnier, 2015.
Briot, Frédéric, Usage du monde, usage de soi. Enquête sur les mémorialistes d’Ancien Régime, Seuil, 1994.
Charbonneau, Frédéric, Mémorialistes français du siècle de Louis XV : bibliographie, Québec, Les presses de l’Université de Laval, Cahiers du CIERL, n. 12, 2011.
Col, Norbert, Écritures de soi, L’Harmattan, 2007.
Cottret, Bernard (éd.), Jacques Fontaine, Persécutés pour leur foi, Mémoires d’une famille huguenote (1722), Paris, Les Editions de Paris, 2003.
Coudreuse, Anne, Simonet-Tenant, Françoise, Itinéraires, Littérature, Textes, Cultures, « Pour une histoire de l’intime et de ses variations », Paris, L’Harmattan, 2009.
—    Itinéraires – Littérature, Textes, Cultures, « Les Mémoires, une question de genre ? » (dir.), Paris, L’Harmattan, 2011.
Cousson, Agnès, L’écriture de soi. Lettres et récits autobiographiques des religieuses de Port-Royal. Angélique et Agnès Arnauld – Angélique Saint-Jean Arnauld d’Andilly – Jacqueline Pascal, Paris, Champion, 2012.
Daumas, Maurice, Ulbrich, Claudia (éd.), Une conversion au XVIIIe siècle, Mémoires de la comtesse de Schwerin, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013.
Simonet-Tenant, Françoise (éd.), avec la collaboration de Michel Braud, Jean-Louis Jeannelle, Philippe Lejeune et Véronique Montémont, Dictionnaire de l’autobiographie. Écritures de soi de langue française, , Honoré Champion, 2017.
Freidel, Nathalie, La Conquête de l’intime. Public et privé dans la Correspondance de Mme de Sévigné Paris, Champion, coll. « Lumière classique », 2009.
Foisil, Madeleine, « L’écriture du for privé », dans Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée III. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 1986, p. 331-369.
Foucault, Michel, « L’Ecriture de soi », Corps écrit, n°5 (L’Autoportrait), février 1983.
—    Le souci de soi (Histoire de la sexualité, t. III), Gallimard.
Gasparini, Philippe, La tentation autobiographique de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Seuil, 2013.
Grisi, Stéphane, Dans l’intimité des maladies : de Montaigne à Hervé Guibert, Desclée de Brouwer, 1996.
Gurvitch, Georges, « L’autobiographie », Revue d’Histoire Littéraire de la France, nov. Déc. 1975, n° 6.
Gusdorf, Georges, Lignes de vie. 1. Les écritures du moi ; 2. Auto-bio-graphie, Paris, 1991.
Hadot, Pierre, L’Invention de l’autobiographie. D’Hésiode à saint Augustin (Colloque de Paris, 1990, dir. Baslez, Marie-Françoise, Hoffmann, Philippe et Pernot, Laurent), Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1993.
Hersant, Marc, « Rousseau mémorialiste ? », dans Berchtold, Jacques, Habib, Claude, Les Confessions : se dire, tout dire, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 51-68.
— « Voltaire, auteur et lecteur de Mémoires », dans Tatin-Gourier, Jean-Jacques, La réception des Mémoires d’Ancien Régime : discours historique, critique, littéraire, Éditions le Manuscrit, 2010, p. 143-170.
— Le discours de vérité dans les « Mémoires » du duc de Saint-Simon, Paris, Champion, 2009.
Hersant, Marc, Jeannelle, Jean-Louis, Zanone, Damien (dir.), Le sens du passé, Pour une nouvelle approche des Mémoires, Actes du colloque international organisé par Jean-Louis Jeannelle, Marc Hersant et Damien Zanone à l’Université Paris IV et à l’Université de Louvain (Belgique), du 1er au 4 décembre 2010, revue La Licorne n° 104, 2013.
Hersant, Marc, Ramond, Catherine (dir.), La représentation de la vie psychique dans les récits historiques et fictionnels des XVIIe et XVIIIe siècles,  Leiden/Boston, Brill/Rodopi, « Faux-titre » n°405, 2015.
Hersant, Marc, Ramond, Catherine, Raviez, François, Pilorge, Marie-Paule (éd.), Histoire, Histoires. Nouvelles approches de Saint-Simon et des récits des XVIIe et XVIIIe siècles, Arras, Artois Presses Université, 2011.
Lejeune, Philippe, Écrire sa vie : du pacte au patrimoine autobiographique, Paris, Éditions du Mauconduit, 2015.
— L’autobiographie en France, Paris, Armand Colin, 1971, 1998, 2010.
— Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975, 1996.
— Signes de vie. Le pacte autobiographique 2, Paris, Seuil, 2005.
— Aux origines du journal personnel. France, 1750-1815, Honoré Champion, 2016.
Léonard, Monique Mémoire et écriture, Paris, Champion, 2003.
Lesne, Emmanuèle, La poétique des mémoires (1650-1685), Paris, Champion, 1996.
Marin, Louis, L’écriture de soi, PUF, 1999.
Maurepas, Arnaud de, « L’œil, l’oreille et la plume : la sensibilité testimoniale dans le Journal de Barbier (1718-1763) », Histoire, économie et société, 4, 1991, p. 491-503.
Maurepas, Arnaud de, À cinquante lieues de Paris. Le journal d’exil des frères Belle-Isle pendant leur exil à Nevers (1725-1726), Moulins, Études bourbonnaises, n. 267, 1994.
Maurepas, Arnaud de, et Brayard, Florent, Les Français par eux-mêmes. Le XVIIIe siècle. Anthologie des mémorialistes du XVIIIe siècle, Laffont, 1996.
May, Georges, L’Autobiographie, Paris, PUF, 1979.
Melançon, Benoît, L’invention de l’intimité au Siècle des Lumières, Littérales, n. 17, 1995.
Mish, Georg : Geschichte der Autobiographie, Francfort, Schulte-Bulmke, 1907-1969, 4 vol.
Pilloud, Séverine, Le mots du corps : expériences de la maladie dans les lettres de patients à un médecin du XVIIIe siècle, Lausanne, BHMS, 2013.
Ricœur, Paul, Temps et récit III. Le temps raconté, Paris, Seuil, 1985.
Seth, Catriona, La fabrique de l’intime, Mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle, Paris, Laffont, 2013.
Starobinski, Jean, « Le Style de l’autobiographie », Poétique, n°3 (repris dans La Relation Critique, Gallimard, 1971).
Tatin-Gourier, Jean-Jacques, La réception des Mémoires d’Ancien Régime : discours historique, critique, littéraire, Éditions le Manuscrit, 2010.
Usages et pratiques de la mémoire (XVIIIe-XXe siècles), En hommage à Maria Isabel Herrero, Cahiers d’histoire culturelle, Hors-série, 2001.
Weerd-Pilorge, Marie-Paule de (éd.), Mémoires des XVIIe et XVIIIe siècles : nouvelles tendances de la critique, Cahiers d’histoire culturelle n. 13, 2003.
Wintermeyer, Rolf, en collaboration avec Corinne Bouillot (éd.), Moi public et moi privé dans les mémoires et les écrits autobiographiques du XVIIe siècle à nos jours, Mont Saint-Aignan, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2008.
Zanone, Damien, Écrire son temps : les Mémoires en France de 1815 à 1848, Presses universitaires de Lyon, 2006.
— L’autobiographie, Ellipses, 1996.
— Le moi, l’histoire (1789-1848), textes réunis par D. Zanone, Grenoble, ELLUG, Université Stendhal, 2005.
Zwerdling, Alex, The Rise of the Memoir, Oxford, Oxford University Press, 2017.

 

 

[1] Philippe Gasparini, La tentation autobiographique de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Seuil, 2013.

[2] Notamment dans Signes de vie. Le pacte autobiographique 2, Paris, Seuil, 2005, en particulier le chapitre « Le pacte autobiographique, vingt ans après », p. 11-35.

[3] Georg Mish, Geschichte der Autobiographie, Francfort, Schulte-Bulmke, 1907-1969, 4 vol.

[4] Michel Foucault, « L’Écriture de soi », Corps écrit, n°5 (L’Autoportrait), février 1983 ; Le souci de soi (Histoire de la sexualité, t. III), Gallimard. Voir aussi Pierre Hadot, L’Invention de l’autobiographie. D’Hésiode à saint Augustin (Colloque de Paris, 1990, dir. Marie-Françoise Baslez, Philippe Hoffmann et Laurent Pernot), Presses de l’École Normale Supérieure.

[5] Françoise Simonet-Tenant (dir.), avec la collaboration de Michel Braud, Jean-Louis Jeannelle, Philippe Lejeune et Véronique Montémont, Dictionnaire de l’autobiographie. Écritures de soi de langue française, Honoré Champion, 2017.

[6] Ibid., p. 8.

[7] Id.

[8] Madeleine Foisil, « L’écriture du for privé », dans Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée III. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 1986, p. 331-369 ; Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu (dir.), Au plus près du secret des cœurs ? nouvelles lectures historiques des écrits du for privé, Paris, PU Sorbonne, 2005 ; Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu (dir.), Les écrits du for privé en France, de la fin du Moyen Age à 1914, Paris, CTHS, 2014.

L’école des Annales et la micro-histoire de Carlo Ginzburg ont fortement orienté la recherche historienne en ce sens.

[9] Bernard Cottret éd., Jacques Fontaine, Persécutés pour leur foi, Mémoires d’une famille huguenote (1722), Paris, Les Editions de Paris, 2003.

[10] Emmanuel Leroy-Ladurie et Jean-Marc Roger éd., La Chronologiette de Pierre Prion (1744-1759), Paris, Fayard, 2007.

[11] Maurice Daumas, Claudia Ulbrich éd., Une conversion au XVIIIe siècle, Mémoires de la comtesse de Schwerin, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013.

[12] Que Sainte-Beuve a sorti de son obscurité et qui a récemment intéressé quelques chercheurs.

[13] Philippe Lejeune, L’Autobiographie en France, 1971, 3e édition, Paris, Armand Colin, 2014, p. 11.

[14] Dans Signes de vie. Le pacte autobiographique 2op. cit., p. 22.

[15] Ibid., p. 12.

[16] Dont l’exemple le plus connu est sans aucun doute la correspondance du médecin suisse Tissot, mais qui, comme le suggère S. Pilloud (Séverine Pilloud, Le mots du corps : expériences de la maladie dans les lettres de patients à un médecin du XVIIIe siècle, Lausanne, BHMS, 2013), était une pratique assez fréquente tout le long du dix-huitième siècle, comme le témoigne également le dossier d’Élie Beaumont publié par D. Teysseire (Élie Beaumont, Obèse et impuissant. Le dossier médical d’Élie de Beaumont (1765-1776), textes établies et présentés par Daniel Teysseire, Grenoble, Jérôme Millon, 1995).

[17] Pour le Discours de la méthode comme autobiographie intellectuelle (et pour une bibliographie relativement récente sur la question), voir Christophe Laudou, « Le Cogito autobiographique : quelques conditions métaphysiques d’apparition de l’autobiographie », dans Norbert Col, Écritures de soi, L’Harmattan, 2007, p. 31-40.

[18] Stéphane Grisi, Dans l’intimité des maladies : de Montaigne à Hervé Guibert, Desclée de Brouwer, 1996, p. 25. L’auteur propose une histoire du mot et de l’empan sémantique qu’il recouvre, le faisant remonter aux études de Möbius sur Rousseau et Nietzsche. Voir aussi, plus récemment, Sophie Vasset, « Narrating pain in British medicine and fiction », dans S. Arnaud, H. Jordheim (éd.), Le corps et ses images dans l’Europe du dix-huitième siècle/ The Body and its Images in Eighteenth-century Europe, Paris, Champion, 2012, p. 199-217.

[19] Pierre Hadot, L’Invention de l’autobiographie, op. cit., p. 9.