Des boulevards aux jardins : rituels de la promenade au XVIIIe siècle
Oxford (5 mai 2017), avant le 1er février 2017

Journée d’étude :
Maison Française, Oxford

On conçoit aujourd’hui la promenade comme un exercice physique, comme une pratique touristique ou comme une activité solipsiste, tournée vers la rêverie. Mais, avant les promeneurs solitaires ou les flâneurs des villes qu’a étudiés Walter Benjamin, la promenade relève aussi des comportements et des usages sociaux : c’est dans cette perspective que nous souhaiterions aborder l’histoire et la représentation d’une pratique moins spontanée que contrainte par des usages et des traditions multiples. La journée d’étude s’inscrira dans la continuité d’une première manifestation organisée à l’Université d’Orléans en octobre 2016 sur ce même thème (Promenades et rituels sociaux. 1650-1815), journée à l’occasion de laquelle ont été abordés un certain nombre de pratiques et de mises en œuvres littéraires de la promenade : le rapport ville/campagne, les jardins-académies, la promenade et ses stations, satires de la promenade, aspects rituels de la promenade philosophique.

Nous souhaiterions en particulier prolonger l’exploration proposée par Laurent Turcot dans son livre sur Le Promeneur à Paris au XVIIIe siècle (Paris, Gallimard, 2007), qui a mis au jour la généalogie du promeneur parisien moderne et la façon dont cette figure nouvelle, à la fin du XVIIIe siècle, parvient à s’approprier l’espace. C’est dans ce sillage que pourraient s’inscrire les travaux proposés à l’occasion de cette journée. En croisant archives, documents historiques et textes littéraires, la promenade sera évoquée comme rituel de civilité, sans toutefois qu’on limite son investigation à l’espace urbain : à la lecture des descriptions de jardins (depuis les différentes Manières de montrer les jardins de Versailles de Louis XIV, jusqu’aux évocations des parcs pittoresques de la fin du XVIIIe siècle ou des premières années du XIXe siècle), on comprend de quelle façon l’exploration de l’espace du jardin peut relever du rituel social (y compris sur les modes du paradoxe ou de la critique) ou de la pratique hygiénique conseillée par les médecins. Nous suggérons (ces propositions sont indicatives mais pas limitatives) que soit abordée la façon dont la promenade est traitée dans les manuels de civilité, nous proposons d’étudier les codifications dont elle fait l’objet, les moyens concrets auxquels elle recourt, les hiérarchies qu’elle met au jour ou qu’elle conteste jusqu’au seuil du XIXe siècle. Pourraient enfin étudiées plusieurs figures d’écrivains-promeneurs (comme Mercier ou Rétif de La Bretonne), sans que soit perdue de vue la question de l’articulation de l’individuel et du social.

Les propositions sont à adresser à Catriona Seth (catriona.seth@mod-langs.ox.ac.uk) ou à Sophie Lefay (sophie.lefay@hotmail.fr) avant le 1er février 2017.

Un comité scientifique composé de Catriona Seth (Oxford), Sophie Lefay (U. Orléans), Laurent Turcot (U. du Québec à Trois-Rivières) examinera les différentes propositions.