Déboulonner les Lumières ? (Revue Dix-Huitième Siècle)
En revue, avant le 15 octobre 2023

Déboulonnées, décapitées, vandalisées ou déplacées, les statues des Lumières sont devenues, ces dernières années, les cibles d’âpres débats mémoriels et politiques. Après avoir été elles-mêmes iconoclastes et militantes, après que ses philosophes se sont donné pour but de combattre les injustices, renverser les idoles et questionner l’ordre établi, voici que les Lumières incarnent aujourd’hui une autorité qu’on voudrait désacraliser et déconstruire. Les valeurs généralement attribuées à la période – esprit critique, rationalisme, tolérance religieuse, liberté d’expression, vision optimiste du progrès scientifique – et leur prétention universelle ne suffisent plus à prévenir une méfiance face à ce que l’on considère comme les points aveugles des Lumières. Qui sont ceux qui veulent déboulonner les Lumières ? Comment repenser ce courant qui, bien plus qu’un autre, a fait l’objet de controverses médiatiques et universitaires ces dernières années ? 

Du discours contre-révolutionnaire aux études postcoloniales, le procès des Lumières a été fait et refait maintes fois. Récemment, la recherche dix-huitiémiste a érigé ces discours critiques en objets d’études, qu’il s’agisse de retracer leur généalogie (Lilti, 2019), d’en scruter les usages politiques (Roza, 2020 ; Lumières, « Controverses sur les Lumières », 2019/1, 2019/2) ou de dépasser la binarité Lumières/anti-Lumières pour faire émerger un tableau plus complexe de la modernité (Citton, 2022).   

 Dans le prolongement de ces travaux, ce dossier thématique de Dix-huitième siècle rassemblera des analyses portant sur les débats interprétatifs provoqués ou ravivés par les critiques des Lumières issues d’un contexte récent : celui de certains mouvements d’émancipation des groupes dominés. Pour les penseurs de ces mouvements (Mills/Ndiaye, 2023 ; Niang et Suaudeau, 2022 ; Mbembe, 2020), les textes des Lumières seraient des corpus problématiques, véhiculant le système de valeurs de l’hégémonie de l’homme blanc. Si certains de ces auteurs reconnaissent l’apport des Lumières à la pensée critique de la domination et, par là-même, à l’émancipation des minorités, ils leur reprochent « un universalisme de surplomb », incomplet, timoré ou encore détaché des droits réels. Régulièrement relayés par les médias, parfois convoqués sur la scène politique, sources de polémiques sur la liberté de l’enseignement universitaire, ces discours forment un nouveau cadre pour la lecture des Lumières.  

 S’il arrive que ces discours entrent en contradiction avec la recherche et l’enseignement dix-huitiémistes, ils entrent paradoxalement en résonance avec les efforts de réactualisation des approches qui caractérisent actuellement notre domaine : ouverture de l’étude des Lumières à de nouveaux cadres théoriques (care studies, critical race theory, disability studies, gender studies…), enrichissement de l’historiographie des Lumières par l’exploration de nouveaux thèmes, auteurs et corpus (Lotterie, 2013 ; Diop, 2018 ; Pellerin, 2017; Vanoflen, 2020). En confrontant les historiens à de nouvelles interprétations des Lumières, les critiques peuvent parfois stimuler leur travail. Ce dossier thématique de Dix-huitième siècle entend d’une part faire une cartographie de ce moment particulier de l’histoire de la lecture des Lumières que dessinent certaines revendications actuelles et d’autre part dégager d’éventuels nouveaux chemins interprétatifs que ces revendications pourraient révéler ou bien produire. Le cadre choisi est celui des études de réception, qui articulent l’analyse des textes et l’étude des lectures et des appropriations qui en sont faites par les publics en synchronie et en diachronie. Dans cette perspective, les critiques contemporaines des Lumières ne seront pas seulement étudiées pour elles-mêmes mais pour leur intérêt vis-à-vis d’une histoire longue des débats interprétatifs sur les Lumières. Les études de cas mettant — littéralement — les Lumières en question afin d’établir ce que valent les critiques qui leur sont aujourd’hui adressées (« Les Lumières sont-elles vraiment… ? » ; « Que peuvent avoir en commun les Lumières et … ? ») seront particulièrement bienvenues. 

 Elles posent en effet plusieurs questions fondamentales aux historiens. Celle de la spécificité du moment actuel : quelles réactivations, superpositions ou sédimentations de critiques plus anciennes (Genand, 2020 ; 2021) met-il en jeu ? Celle de l’écart culturel qui peut exister entre le contexte d’écriture des textes des Lumières et le contexte de lecture : construction des Lumières par la lexicologie, l’édition et la traduction (Venturino, 2002 ; Schandeler, 2018), enjeux politiques et sociaux des variations de traduction selon les différentes aires culturelles (Samoyault, 2020), compréhension du lexique politique et social attribué aux Lumières (Lüsebrink, 2022 ; O’Dea, 2010), en particulier pour ce qui concerne les termes les plus polémiques (« esclavage », « universel », etc.). Celle des pratiques de lecture dont procèdent ces discours (« lecture historicisante » ou « lecture actualisante ») et des pratiques de citation, d’extraction et de paraphrase des textes des Lumières et des effets de sens qu’elles induisent (Citton, 2007 ; Volpilhac-Auger, 2020).  

 Les critiques actuelles des Lumières interrogent la fonction qui leur est réservée dans le débat public (tantôt fétiches, tantôt boucs-émissaires), notamment lorsqu’il est question d’universalisme, de démocratie, d’héritage européen ou encore de progrès. C’est dire que ce numéro s’attachera autant à décrire les lectures qui condamnent aujourd’hui les Lumières qu’à cerner les facteurs extra-textuels qui conditionnent ces lectures. Seront interrogées les postures sociales, professionnelles et intellectuelles des adversaires contemporains des Lumières et les différentes scènes depuis lesquelles ils s’expriment (universités, médias traditionnels, réseaux sociaux, milieu scolaire, débats politiques, etc.). La circulation des textes et des figures des Lumières dans les médias (notamment dans l’espace numérique) et ses conséquences sur leur réception (revitalisation, vulgarisation, simplification, exploitation, etc.) méritent en particulier d’être étudiées. Les critiques des Lumières produites dans le contexte de l’enseignement obéissent encore à d’autres mécanismes, parmi lesquels on peut citer : la remise en question des processus de « classicisation »  des auteurs et des œuvres des Lumières  (Viala, 1991 ; Cahiers Voltaire, 2010) ; la réévaluation de l’enseignement de l’histoire du XVIIIe siècle dans l’institution scolaire ; les effets de continuité entre les critiques actuelles des Lumières dans le milieu scolaire/académique et la « guerre des canons » (the canon wars, cf. Bloom, 1994). Sur la scène politique, les attaques contre les Lumières possèdent des caractéristiques rhétoriques pouvant faire l’objet d’études de cas : rapports avec l’histoire intellectuelle (tradition anti-Lumières, théorie critique, marxiste, postcoloniale ou décoloniale), usages des Lumières comme marqueurs de sensibilité politique (clivage gauche/droite), etc.. Enfin, c’est la fabrique de l’histoire des Lumières et leur place dans l’histoire « officielle » que mettent en question leurs détracteurs actuels lorsqu’ils déboulonnent leurs statues : à quels mécanismes d’occultation ces actes obéissent-ils et quelle place réservent-ils aux Lumières dans cette « autre » histoire ? 

 Les critiques contemporaines des Lumières peuvent enfin jouer le rôle de révélateurs d’un art de lire les textes des Lumières. La difficulté à discerner une instance principale de discours dans des textes souvent polyphoniques (de Courson, inédit), l’impossibilité de résumer la philosophie des Lumières à quelques concepts (Lilti, 2019 ; Binoche, 2018),  la difficulté de lecture que provoque une tonalité à double entente comme l’ironie, le trouble que peut éveiller l’expression “gazée” d’un érotisme qui représente des violences sexistes et sexuelles tout en les éludant (Triquenaux, 2021) et les effets de brouillage du sens entraînés par le recours à la fiction pour philosopher (2019, Duflo et Revel) constituent autant de difficultés de lecture pour le lecteur contemporain pouvant expliquer que les Lumières donnent si fréquemment prise aux interprétations fautives ou bien de mauvaise foi. 

 Dans une perspective comparatiste, interdisciplinaire et interculturelle, nous accueillerons avec un grand intérêt les publications portant sur la réception des Lumières dans différentes aires culturelles, en particulier celles de la francophonie. 

Nous sommes particulièrement intéressés par les contributions susceptibles d’aborder les points suivants : 

Axe I : Débats sociaux et politiques autour des œuvres et des figures des Lumières

  • les Lumières comme figures et arguments d’autorité (notamment dans les discours socio-politiques) ;
  • la circulation médiatique et numérique des textes et des figures des Lumières ;
  • les usages et mésusages des références à cette période sur différentes scènes de réception (scolaire, universitaire, médiatique, politique, etc.) ;
  • les modes de lecture adoptés face aux textes des Lumières i.e. « lecture historicisante » ou « lecture actualisante » (Citton, 2007).

Axe II: Enjeux lexicologiques et traductologiques des Lumières 

  • les enjeux idéologiques des variations de traduction selon les différentes aires culturelles (notamment dans les régimes non démocratiques) ;
  • l’intensité et la diversité des débats sur les Lumières en fonction des aires culturelles et linguistiques ;
  • la compréhension et les usages contemporains du lexique politique et social des Lumières ;
  • les pratiques de citation, d’extraction et de paraphrase des textes et leurs effets sémantiques.

Axe III: Nouvelles critiques des Lumières, nouvelles épistémologies ? 

  • les nouvelles lignes d’enquête que la critique de l’universalisme des Lumières fait apparaître (périodisation, opposition Lumières/anti-Lumières, hiérarchie entre les œuvres, etc.) ;
  • l’apport des humanités numériques à la diversification des corpus et à l’identification de nouveaux thèmes de recherche ;
  • les enjeux épistémologiques des notions, théories et concepts issus des études culturelles, des études postcoloniales et des études sur le genre lorsqu’on les applique aux Lumières (la complémentarité des approches historique et conceptuelle nous intéresse tout particulièrement) ;
  • les engagements sociaux et politiques des spécialistes des Lumières et leur articulation avec leur pratique scientifique. 

Axe IV : Canon littéraire et enseignement des Lumières  

  • les Lumières et la République dans les discours scolaires, notamment les manuels scolaires ;
  • les Lumières et la tradition scolaire et universitaire dans diverses aires culturelles ;
  • les critiques adressées aux Lumières (racisme, sexisme, validisme, antisémitisme, colonialisme, etc.) : produits de la tradition scolaire ou réactions contre elles ? ;
  • les corpus et pratiques pour enseigner les Lumières aujourd’hui (études de cas bienvenues).

 Axe V : Lectures, partage différencié et réceptions empiriques des Lumières

  • les réceptions empiriques et appropriations des textes des Lumières par les individus lecteurs et lectrices vs les réceptions théorisées ou modélisées par les lecteurs et lectrices universitaires ;
  • les lectures subjectives et intersubjectives des Lumières : communautés interprétatives, sujet-lecteur, textes de lecteur, souvenirs de lecture, « livres-écrans », « livres intérieurs » et « livres fantômes » (Pierre Bayard) du lecteur ou de la lectrice des Lumières ;
  • les supports et la place des nouveaux médias et des réseaux sociaux dans la perception, l’expression et l’analyse de ces réceptions empiriques ;
  • les méthodologies d’enquête pour développer les études de réception sur les Lumières (questionnaires, entretiens qualitatifs, observations participantes ou non participantes, journaux de lecture, analyse de tweets, micro-trottoir, etc.)

Le dossier intitulé « Déboulonner les Lumières ? » paraitra dans la revue Dix-Huitième Siècle en 2025 (n° 57). Les propositions d’articles (un titre provisoire et un résumé d’un paragraphe environ) sont à envoyer aux quatre directeur·rices du dossier d’ici le 15 octobre 2023. 

Nous souhaitons organiser une ou deux journées d’études préparatoires autour des articles des collègues qui le souhaitent, en avril 2024. Si cette possibilité de discuter ensemble autour d’une version assez avancée de votre article vous intéresse, merci de le faire savoir lors de l’envoi de votre proposition d’article.

Les directeurs/trices du dossier

Flora Amann (Chercheuse postdoctorante en littérature française, IHRIM, Université Jean Monnet / BnF) : flora.amann@gmail.com

Joël Castonguay-Bélanger (Professeur agrégé de littérature française, UBC, Vancouver) : joel.cb@ubc.ca

Anne-Claire Marpeau (MCF en littérature française, Configurations littéraires, Université de Strasbourg) : anneclaire.marpeau@gmail.com

Stéphanie Roza (CR CNRS en philosophie, Triangle – UMR 5206) : stephanie.roza@ens-lyon.fr

Bibliographie  

 Bloom, Harold, The Western Canon: The Books and School of the Ages, New York/San Diego/London, Harcourt Brace,1994. 

 Citton, Yves, Lire, interpréter, actualiser, Paris, Amsterdam, 2007. 

 Citton, Yves, Altermodernités des Lumières, Paris, Seuil, coll. « La couleur des idées », 2022. 

 Courson (de), Clara, « “Des voix confuses et lointaines”. Présence de la voix dans La Religieuse (approches lexicale et discursive) », article inédit de l’autrice, en ligne. URL : https://societe-diderot.org/wp-content/uploads/Clara-de-Courson-Les-voix-dans-La-Religieuse.pdf.

« Débat. Voltaire à l’école », I, II, III, IV et V, dans Cahiers Voltaire, numéros 9 à 13, 2010-2013.  

 Diop, David, Rhétorique nègre au XVIIIe siècle. Des récits de voyage à la littérature abolitionniste, Paris, Classiques Garnier, coll. « L’Europe des Lumières », 51, 2018. 

 Duflo, Colas et Ariane Revel, “La philosophie politique au risque du romanesque : fictions politiques et politique fiction chez Rousseau”, Sens public, 2019. Lien URL : .   

 “Faut-il brûler Voltaire ?”, Colloque International CCIC, Cerisy-la-Salle, 27 juin-3 juillet 2024. Responsables : Linda Gil et Gerhardt Stenger.

 Genand, Stéphanie, « Justifier Voltaire », Cahiers Staëliens, 70, 2020, pp. 13-26. 

 Genand, Stéphanie, “Peut-on être philosophe et douter des Lumières ?”, Que signifie être philosophe au XVIIIe siècle ?, Colas Duflo (CSLF/Litt&Phi) et Anne-Lise Rey (Ireph), Dec 2020, Nanterre, France, mis en ligne en mai 2021. 

Goodman, Dena, « Forum Introduction: Tolerance, Free Speech, and Civility from Voltaire to Charlie Hebdo », Studies in Eighteenth-Century Culture, 47, 2018, p. 247-250. ISSN : 0360-2370; e-ISSN : 1938-6133. URL : .

 Jey, Martine et Perret-Truchot, Lætitia, L’Idée de littérature dans l’enseignement, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », 380, 2019.

 Lilti, Antoine, L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Paris, Seuil, coll. « Hautes études », 2019. 

 Lotterie, Florence, Le Genre des Lumières. Femme et philosophe au XVIIIe siècle, Paris, Classique Garnier, coll. “L’Europe des Lumières”, 2013.  

 Mbembe, Achille, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020.   

 Melançon, Benoît, « Pot-pourri. Voltaire, Paris 2019 », Cahiers Voltaire, 18, 2019, p. 296-300. Sur Charlie hebdo, « Le retour des anti-Lumières », janvier 2019.

 Mills, Charles W., Le contrat racial, Québec, Mémoire d’encrier, 2023. Traduction d’Aly Ndiaye. 

 O’Dea, Michael, « Qu’entend-on par esclavage au XVIIIe siècle ? Voltaire, Rousseau, Diderot », dans Sarga Moussa (dir.), Littérature et esclavage, Paris, Editions Desjonquères, 2010, p. 45-47. 

 Lumières, « Controverses sur les Lumières », 2019, 33:1. 

 Lumières, « Controverses sur les Lumières », 2019, 34:2. 

 Pellerin, Pascale (dir.), Rousseau, les Lumières et le monde arabo-musulman. Du XVIIIe siècle aux printemps arabes, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », 164, série « Le dix-huitième siècle », 18, 2017. 

 Roza, Stéphanie, La gauche contre les Lumières ?, Paris, Fayard, 2020. 

 Salaün, Franck et Jean-Pierre Schandeler (dir.), Enquête sur la construction des Lumières, Centre international d’études du XVIIIe siècle, Ferney-Voltaire, 2018.  

 Samoyault, Tiphaine, Traduction et violence, Paris, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2020. 

 Schandeler, Jean-Pierre, « La construction des Lumières par l’édition et la traduction », dans Franck Salaün et Jean-Pierre Schandeler (dir.), Enquête sur la Construction des Lumières, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2018, p. 25-33. 

 Suaudeau, Julien et Niang, Mame-Fatou, Universalisme, coll. « Le mot est faible », Paris, Anamosa, 2022. 

 Tolerance: The Beacon of the Enlightenment, Cambridge, Open Book Publishers, coll. «Open Book Classics Series», 3, 2016, viii/136 p. Traduction anglaise, sous la direction de Caroline Warman, de Tolérance. Le combat des Lumières, Paris, Société française d’étude du dix-huitième siècle, 2015, 95 p. URL : http://www.openbookpublishers.com/product/418.. 

Triquenaux, Maxime, « Cachez ce viol que je ne saurais voir ? », Écrire l’histoire, 20-21, 2021, pp. 55-65. 

 Vanoflen, Laurence, Femmes et philosophie des Lumières. De l’imaginaire à la vie des idées (dir.), Paris, Classique Garnier, coll. “Masculin/Féminin, 2020. 

 Venturino, Diego, « L’historiographie révolutionnaire française et les Lumières, de Paul Buchez à Albert Sorel. Suivie d’un appendice sur la genèse de l’expression “siècle des lumières” (XVIIIe-XXe siècles) », dans G. Ricuperati (dir.), Historiographie et usages des Lumières, Berlin, Arno Spitz, 2002, p. 21-83 [appendice, p. 59-83]. 

 Viala, Alain, « Qu’est-ce qu’un classique ? », Littératures classiques, 19, 1993, p. 11-31. 

 Volpilhac-Auger, Catherine, « Et les Lumières ne furent plus… ? », Fabula / Les colloques, Accuser réception, URL : http://www.fabula.org/colloques/document6567.php., page consultée le 24 janvier 2023.