Corps et représentations : une liaison dangereuse ?
Lyon (17-18 oct. 2013)

Le corps est devenu un objet central de la recherche en sciences humaines : l’histoire de l’art,la philosophie, la sociologie, l’histoire et la littérature s’en sont emparées et interrogent deux corpsbien différents. Le premier est un corps médiatisé par un système de représentation, un corpssémiotique. C’est ce corps-là que l’on retrouve dans les oeuvres d’art mais aussi dans des sources nonartistiques « comptes rendus de procès, correspondance privée etc. » qui ont recours à un systèmed’écriture. Ce système de représentation est analysable en termes de forme symbolique, au sens oùl’entend Panofsky. Le second corps serait le corps réel, le référent du système d’écriture, ou le corpsvécu par des individus à un moment donné de l’histoire. C’est ce corps-là qui se révèle le plusdifficile à reconstruire, au point que depuis l’évolution de l’histoire des mentalités vers une histoiredes représentations, il est couramment admis que l’étude d’un objet ne peut être qu’une étude deses représentations. Cela s’applique particulièrement à l’étude du corps dont seules lesreprésentations semblent accessibles au chercheur en sciences humaines.

C’est dans ce passage du corps représenté au corps référent (et vice-versa) que réside ledanger de l’interprétation, pour toutes les sciences humaines, un danger cependant nécessairepuisque c’est le prix à payer pour pouvoir dire quelque chose du corps. Le colloque s’attachera doncà la fois à penser la place du corps réel dans le système de représentation, l’organisation des formesde la représentation en fonction du corps et le statut du corps représenté : il s’agira de réfléchir à larelation entre le corps réel et ses formes symboliques, en soulignant les enjeux esthétiques,politiques et sociaux propres aux études sur le corps. Nous privilégierons les interventions donnantune place non négligeable à une théorisation des notions. Nous proposons ces quelques axes deréflexion, qui ne sont pas exhaustifs :

Réversibilité de la structure corps réel / corps représenté
Les représentations du corps sont-elles une façon de discipliner le corps réel, une structureprofondément politique où se joue un processus de ? civilisation des moeurs ?3 et donc un espace decréation de normes ? Face à cette logique, la déstabilisation des systèmes de représentation(hybridité, écriture de la tératologie) opérée par les différents arts est-elle une façon de repenser lestatut du corps ?

Les formes de la représentation du corps
Si la représentation du corps relève d’une forme symbolique qui traduit un rapport généralau monde, peut-on parler d’une spécificité de la représentation du corps ? On pourra s’interroger surdifférents modes de représentation et sur leur incidence sur celle-ci. Le corps peut-il fonctionnercomme un symbole, dont Goethe disait qu’il synthétise des éléments disparates tout en renvoyant àl’universel ? Le symbole permet-il de maintenir à la fois le référent et le système qui le dépasse ouliquide-t-il le corps réel au profit d’une structuration qui vise à lerendre totalement admissible « Dans quel système de valeurs le réinstaure-t-il alors » Dans cettemême logique, on pourra s’intéresser au statut de la marque sur le corps. Toute marque sur la peauest toujours signe, et en tant que tel, promesse herméneutique, support d’une interprétation destinéeà être mise en discours.

Violence de la représentation
Enfin, on pourra s’interroger sur la violence que peut générer le passage ? voire lacoexistence ? du corps référent au corps représenté, dans une société où, selon Baudrillard parexemple, le corps se réduit à un système de signes, à une marchandise parmi d’autres, au prix d’uneviolence fondamentale faite au corps réel4. L’utilisation par cet auteur, ou encore par Agamben5, desmodèles économiques ou psychanalytiques pour penser le corps réel ou le corps représenté (dansl’art par exemple) pourra être interrogée, ou réinvestie dans les communications. Enfin, la violencede la représentation pose le problème du corps du lecteur / spectateur et peut amener à repenser unethéorie de la réception en fonction du corps.

Les propositions de communication sont à faire parvenir à l’adresse suivante :labocmdr@gmail.com avant le 15 janvier 2013, au format .doc. Les communications pourront êtrefaites en français ou en anglais. Une courte notice biographique (nom, prénom, adresse mail,adresse, statut, discipline, institution, recherches en cours) précédera le titre de l’intervention et lerésumé proposé qui n’excédera pas 500 mots.

Le colloque, organisé par le laboratoire junior ? Corps : Méthodes, Discours, etReprésentations ? se déroulera à l’ENS de Lyon les 17 et 18 octobre 2013. Le budget est en coursde réalisation et nous préciserons ultérieurement les possibilités de financement. L’argumentairepeut être téléchargé sur le site : http://cmdr.ens-lyon.fr.