L’Amour au château
P?rigueux (28, 29, 30 sept. 2012)

Les XXe Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord se tiendront à Périgueux les 28, 29 et 30 septembre 2012. À cette occasion, les organisateurs ont retenu le thème de l’Amour au château. À la multiplicité des formes de châteaux déclinées dans les dernières Rencontres(1) répond ici la richesse des formes et des expressions de l’amour. Pour la seule période moderne, les publications récentes d’Agnès Walch(2), de Benoît Garnot(3) et de Maurice Daumas(4) révèlent les nombreuses facettes de cette « passion de l’âme qui », selon Furetière dans son Dictionnaire (1690), « nous fait aimer quelque personne ou quelque chose « . Associer ce » sentiment par lequel le c’ur se porte vers ce qui paraît aimable, et en désire la possession »(5) avec le château conduit à envisager ce
dernier comme moteur, résultat, décor vécu ou représenté de la relation amoureuse.
Cette nouvelle déclinaison châtelaine entend répondre aux principes de transversalité des périodes et de pluridisciplinarité (histoire, archéologie, littérature, histoire de l’art, sociologie) qui ont concouru à l’élaboration des précédentes Rencontres. Quatre pistes sont proposées afin de baliser au mieux la réflexion des participants.
1- L’amour bâtisseur, aménageur, destructeur. Il s’agit de s’interroger tout d’abord sur le rôle moteur que l’amour a pu jouer dans la construction, la rénovation, mais aussi les transformations architecturales des châteaux à travers les âges. La concrétisation d’un élan bâtisseur qui, selon les circonstances, les époques et les espaces géographiques a pu prendre des formes variées (dons, cadeaux, récompenses, faveurs’) rend nécessaire des études de cas à portée exemplaire ou des synthèses. De même, des situations de tension allant de l’amour passion, aux désamours, ruptures, défaveurs et séparations sans oublier les deuils, sont à explorer en rapport au sort des châteaux, aux crises qu’ils ont pu connaître avec pour aboutissement extrême le déclin, l’abandon, voire la destruction volontaire.
2- Le château, cadre des amours. Cette deuxième déclinaison est consacrée aux divers aspects, matériels ou non, qui facilitent dans un château l’épanouissement des relations amoureuses, la conclusion et la célébration d’unions, la formation de couples légitimes ou non. Des aménagements intérieurs (plans, décors, mobiliers’) de lieux de vie et de passions, pouvant inclure la constitution d’espaces exclusivement féminins, servent de cadre à l’expression des sentiments et de formes diverses de sexualité. Ils ont pu permettre la cohabitation entre épouses et maîtresses « y compris les favorites », entre enfants légitimes et bâtards, sans oublier la présence de personnes vouées au célibat, qu’elles aient ou non choisi cette solitude au sein de microsociétés châtelaines. Aujourd’hui encore, les châteaux s’ouvrent au public comme cadres des mariages (banquets et nuit de noces), mais aussi des amours clandestines. Au sein de ce thème, une large place doit être faite aux représentations des décors des amours au château où littérature, arts et cinéma, ont la part belle.
3- Les formes d’amour au château. Des cours d’amours médiévales aux sites de rencontre conduisant à des rendez-vous au château en passant par le libertinage du XVIIIe siècle, le château est par excellence lieu d’expression de multiples formes de relations amoureuses : passion amoureuse, relation homosexuelle ou hétérosexuelle, amour conjugal et stratégies matrimoniales, amour adultère, amour ancillaire, rapports sexuels contraints (incestes, viols). Lieux clos souvent isolés, ils sont refuge mais aussi lieux de tensions et d’enfermement, de dérives et de dérapages, de trahisons, de crimes passionnels, scandales de m’urs, libertinages, « parties fines », amours tarifés’
4- Les fruits de l’amour au château. Ces relations amoureuses ont eu des incidences sur la démographie châtelaine. Ainsi, l’évolution des lignages, les choix de stratégies familiales et matrimoniales pour éviter leur extinction et les risques de déshérence, les choix de nouvelles unions après des ruptures entérinées ou non par l’Église, ainsi que la place des fruits des amours clandestines et/ou défendues, et leurs drames personnels (bâtards, enfants abandonnés, infanticides’) sont, dans leur rapport au château, des objets possible d’analyse, que ce soit sous forme d’étude de cas ou de synthèse. Sont également à envisager les destins individuels de châtelain(e)s qui ont pu trouver, dans l’écriture intime ou le retrait du monde, dans l’amour divin ou dans l’amour du prochain ou bien encore dans d’autres formes d’engagements, des palliatifs à leurs échecs amoureux.
Les propositions de communications (environ 1000 signes) sont à adresser à Dominique Picco (dominique.picco@u-bordeaux3.fr) et devront rentrer obligatoirement dans l’un ou l’autre de ces axes et seront examinées par le comité scientifique. Les réponses seront données au plus tard le 15 février 2012.
Dominique Picco
Maître de conférences en histoire moderne
Coordinatrice des concours internes histoire-géographie
Université Bordeaux3
Domaine universitaire
33607 Pessac cedex
(1) Le blog de l’association présente la liste des publications issues des Rencontres précédentes. http://rencontreschateauxperigord.unblog.fr/
(2) Histoire du couple de la Renaissance à nos jours, Rennes, 2003 ; Histoire de l’adultère, Paris, 2009.
(3) On n’est point pendu pour être amoureux. La liberté amoureuse au XVIIIe siècle, Paris, 2008.
(4) Le mariage amoureux, Paris, 2004 ; Amour divin, amour mondain dans les écrits du for privé de la fin du Moyen Âge à 1914, Pau, 2011.
(5) Dictionnaire de l’Académie française, 1798.