6es journées doctorales internationales de Transitions (ULiège)
Les 5 et 6 mai 2022, se tiendra, à l’Université de Liège, la sixième édition des journées doctorales internationales de l’Unité de Recherches Transitions. Moyen Âge et première modernité de l’ULiège. Organisées en partenariat avec le CESCM (Centre d’études supérieures de civilisation médiévale) de l’Université de Poitiers, ces journées seront articulées autour du thème de l’authenticité. Les bornes chronologiques du présent appel sont celles explorées par Transitions (Moyen Âge et première modernité).
L’actualité récente, marquée par de nombreux débats sur la question des fake news et par l’annonce dans certains médias de l’entrée de nos sociétés dans l’ère de la post-vérité, a replacé la question de l’authenticité d’un discours au centre des débats. Ce phénomène ne laisse pas indifférents les chercheurs de nos disciplines, en quête depuis longtemps de méthodes critiques et de « stratégies d’authentification » pour décrypter le sens et les valeurs des traces du passé.
Polysémique par essence, la notion d’authenticité est complexe à définir. L’authenticité d’un objet, d’un texte, d’une œuvre d’art, d’une pensée, voire même d’un acte, sera analysée différemment selon qu’on l’envisage à travers un prisme archéologique, historique, littéraire, artistique ou philosophique. Dans son orbite gravitent en outre une série de notions satellites qui lui sont parfois liées étymologiquement (autorité, auteur, « autorialité », authentification, etc.) ou par proximité sémantique (originalité, légitimité, crédibilité, sincérité, vérité, etc.).
Ces journées doctorales se donnent ainsi pour objectif d’interroger l’authenticité dans ses acceptions et ses approches méthodologiques plurielles, propres à différents domaines de recherche. Les présentations seront orientées selon deux axes distincts, mais complémentaires.
● Premier axe : L’objet à l’épreuve du temps
Toute source, qu’elle soit textuelle, iconographique, musicale, ou autre, est conservée sur un support physique, irrémédiablement soumis aux aléas du temps. Au fil de sa transmission, cette source a pu subir des altérations, qu’elles soient volontaires (restaurations, émendations textuelles, palimpsestes, contrefaçons, etc.) ou non (patine, erreurs de copiste, accidents, etc.). En résulte la nécessité pour le chercheur de recourir à une critique d’authenticité pour tenter d’approcher, souvent par la reconstruction, parfois par la déconstruction, l’œuvre originelle. Quoiqu’indispensable à la (re)connaissance d’une œuvre, ce travail herméneutique imprime toujours à cette dernière l’intervention du spécialiste. Où tracer la frontière entre authenticité et inauthenticité ? De quelles méthodes disposent le philologue, l’historien de l’art ou le musicologue pour recomposer ce qui n’est plus ? Dans une copie, quelle est la part d’originel ? Une intervention non autographe, que l’on pourrait qualifier d’inauthentique, n’est-elle pas aussi la trace authentique du contexte de transmission de l’œuvre, dont il s’agit de comprendre les enjeux ? À quel degré d’authenticité peut prétendre une édition ou une restauration moderne ? La question des faux, des attributions à un auteur ou encore, toute réflexion liée, de près ou de loin, à la problématique de la traçabilité d’une œuvre seront autant d’autres pistes qui pourront être envisagées dans ce premier axe.
● Second axe : L’authenticité, gage de vérité ?
L’authenticité ne relève pas seulement de la réalité matérielle d’une trace et de sa restitution. Elle intervient également lorsqu’il s’agit d’analyser les discours dont sont porteuses les productions du passé. Pour définir le concept d’authenticité, plusieurs dictionnaires mobilisent la notion de « vérité ». Or, l’interconnexion, le recouvrement partiel, voire l’interchangeabilité des notions d’authenticité et de vérité méritent d’être interrogés. Une œuvre jugée authentique est-elle forcément vraie ? A contrario, une œuvre vraie est-elle toujours authentique ? La compréhension d’un discours ancien ne peut jamais s’opérer autrement qu’à l’aune de la triple historicité qui le rattache au contexte de production qui l’a vu naître, à celui de sa réception, et à celui de son examen par le spécialiste moderne. Dans quelle mesure l’interprétation contemporaine d’une œuvre du passé peut-elle prétendre révéler l’authentique démarche créative de son concepteur ? Quelle valeur d’authenticité attribuer aux discours anciens que nous étudions : un écrit historiographique est-il plus authentique ou plus vrai qu’un récit littéraire inspiré d’une réalité historique ? Quelle considération donner à une traduction, à une parodie ou à une imitation ? Qu’en est-il des faux-semblants ou des discours visant à délégitimer la parole d’autrui en la qualifiant de fausse ou d’inauthentique ? De la vérité au mensonge, de l’orthodoxie à l’hérésie, où placer le curseur ?
Modalités pratiques
Les communications sont acceptées en français ou en anglais. Elles peuvent être individuelles (20 minutes, suivies d’échanges avec le public à l’issue de la session) ou s’inscrire au sein d’ateliers spécifiques de type « table ronde » autour d’une thématique, d’un axe ou d’une problématique déterminés (2 ou 3 communications de 15 minutes, suivies d’échanges avec le public).
Les propositions sont attendues pour le 20 janvier 2022 au plus tard, sous forme d’un dossier pdf, adressé par courriel à l’UR Transitions (transitions.jd2022@gmail.com). Ce dossier comprendra les coordonnées (nom, prénom, université) du doctorant et de son directeur de thèse, son CV, le titre de sa thèse, son année d’inscription au doctorat, l’intitulé de la communication, et un résumé d’une quinzaine de lignes (max 300 mots) en français ou en anglais. Les candidats seront informés des résultats de la sélection le 10 février 2022.
À l’issue des deux journées, une attestation de participation sera délivrée sur demande.
Les déjeuners et les pauses café des deux journées seront offerts. Les frais relatifs au transport et au logement seront en revanche à charge des participants.
Comité organisateur : Francesca CRESCI ; Mathilde KAISIN ; Sandra OTTE
Avec la collaboration de : Aurélien BOURGAUX ; Julien RÉGIBEAU ; Charlotte TASSIN ; Aleuna MACARENKO ; Émilie MARGAIX ; Romane MASSART ; Stefania TULLIO CATALDO ; Gaylen VANKAN
Comité scientifique : Émilie CORSWAREM ; Francesca CRESCI ; Ingrid FALQUE ; Mathilde KAISIN ; Émilie MARGAIX ; Christophe MASSON ; Francesco MONTORSI ; Sandra OTTE ; Gianluca VALENTI