(…) S’intéresser aujourd’hui aux femmes dans l’histoire de la Normandie, c’est bien sûrs’interroger sur les conditions de vie des femmes, mais aussi sur la construction des identités féminines. Il ne s’agit pas d’un regard venu uniquement de l’extérieur « celui des hommes sur les femmes » mais d’une réflexion historique sur ce que c’est qu’être femme, en Normandie, à travers toutes les époques. Pour y parvenir, il serait intéressant de privilégier les sources produites et élaborées par les femmes elles-mêmes (échanges épistolaires, livres de raison, agendas, comptabilités, discours, oeuvres littéraires, actes de la pratique, testaments, etc.), sources au travers desquelles elles manifestent leur identité. Il faut donc s’interroger aussi sur la manière et les raisons pour lesquelles certaines de leurs actions sont occultées, parfois par les hommes, parfois par les femmes elles-mêmes. (…) Ces quelques pistes de recherche, non exclusives, permettent d’envisager les femmes en Normandie dans la diversité de leurs actions, de leurs personnalités, mais aussi desreprésentations d’elles-mêmes qu’elles ont choisies ou, peut-être, subies, et sans doute détournées : les discours savants et populaires, l’art, la littérature, la photographie, la publicité constituent ainsi des sources privilégiées pour tenter de percevoir comment, d’Arlette à Violette Morris en passant par Marie Harel, l’histoire de la Normandie est parcourue de figures féminines.