Penser la violence des femmes
Paris

L’Institut Émilie du Châtelet a le plaisir de vous inviter à la prochaine séance de son cycle de conférences :« Quarante ans de recherche sur les femmes, le sexe et le genre »
14h à 16h : Campus des Cordeliers, amphi Bilski-Pasquier,
21 rue de l’École de Médecine 75005 Paris. Métro : Odéon
Entrée libre dans la limite des places disponibles

Coline Cardi et Geneviève Pruvost,sociologues
présenteront leur ouvrage Penser la violence des femmes (La Découverte, 2012)

Geneviève Pruvost, médaille de bronze du CNRS, est sociologue, chargée de recherche au CEMS-Institut Marcel Mauss à l’EHESS. Sa thèse sur l’accès des femmes à la violence légale (la féminisation de la police des années 1930 à nos jours) a obtenu le prix de thèse de l’EHESS et a donné lieux à deux ouvrages : Profession : policier. Sexe : féminin (Édition de la Maison des Sciences de l’Homme, 2007) et De la Sergote à la femme flic. Une autre histoire de l’institution policière (La Découverte, 2008). Dans la continuité de ses recherches en sociologie du travail et du genre, elle enquête actuellement sur la conversion au mode de vie écologique radical.

Coline Cardi est maîtresse de conférences à l’Université Paris 8 et chercheuse au CRESPPA-CSU. Elle travaille sur la déviance et le contrôle social des femmes, saisis au travers de différentes institutions de régulation sociale : la prison, la justice, les dispositifs de protection sociale. Sa thèse sera publiée en 2013 aux éditions De Boeck/Larcier.

Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides’ Qu’y a-t-il de commun entre toutes ces figures ? Pour le comprendre, il importe d’exhumer, de dénaturaliser, d’historiciser et de politiser la violence des femmes. Telle est l’ambition de cet ouvrage qui propose une approche pluridisciplinaire sur un sujet trop longtemps ignoré des sciences sociales, alors que le phénomène est constant au cours des siècles et dans des ères géographiques diverses, mais aussi la récurrence des processus qui visent à la dénier ou à l’occulter.

Les sources policières, judiciaires et académiques (anthropologiques, historiques, sociologiques) opèrent pourtant un sous-enregistrement et une requalification des actes de violence perpétués par les femmes qui rendent impossible toute entreprise de mesure de ce phénomène. Cette invisibilisation du phénomène se double d’une dépolitisation : naturalisée, biologisée, psychologisée, psychiatrisée et ethnicisée, la violence des femmes est placée sous tutelle masculine. Ces pratiques et discours hégémoniques reproduisent la hiérarchie entre les sexes et rendent compte de l’accès inégalitaire des femmes au pouvoir de violence. Mais ils sont concurrencés par une approche émancipatrice de la violence des femmes qui permet de faire bouger les lignes instituées du principe de la division sexuelle du travail et du pouvoir. Cette somme inédite, réunissant des études historiques, anthropologiques, sociologiques, linguistiques et littéraires, révèle combien la violence des femmes est au c’ur d’enjeux d’ordre à la fois politique et épistémologique. Penser la violence des femmes, c’est en faire un véritable levier pour considérer autrement la différence des sexes, la violence et par là, l’ordre social.