Isabelle de France (1225-1270)

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Isabelle de France (1225-1270)
Dénomination(s) Bienheureuse Isabelle de France
Biographie
Date de naissance 1225
Date de décès 1270
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)


Notice de Anne-Hélène Allirot, 2004.

Née en mars 1225, fille de Louis VIII, roi de France, et de Blanche de Castille, Isabelle de France est la soeur cadette du futur Louis IX (saint Louis). Elle aurait dû être mariée en 1230 à Hugues de la Marche, mais ce dernier épouse finalement Yolande, fille du comte de Bretagne. On lui destine ensuite Conrad de Hohenstaufen, fils de Frédéric II, mais elle refuse cet époux en 1243: une lettre pontificale approuve finalement son dessein de vivre en perpétuelle virginité sans pour autant entrer dans les ordres. La princesse décide d'utiliser la dot qui aurait dû servir à son mariage pour fonder un monastère, les Clarisses de Longchamp. Suivant l'exemple de Claire d'Assise, qui a rédigé entre 1247 et 1252 la règle de son ordre, Isabelle établit elle-même celle de Longchamp en 1255. Pour ce faire, elle prend conseil auprès des plus grands maîtres franciscains parisiens de l'époque, en particulier Bonaventure, qui incarne une tendance modérée en ce qui concerne la pauvreté. Forme adoucie de celle de Claire d'Assise, cette règle autorise les religieuses à hériter et à posséder des biens en commun. Elle est approuvée par Alexandre IV en 1259, puis remaniée par Urbain IV en 1263. Après Claire d'Assise, Isabelle de France est ainsi l'une des premières autrices de règle monastique. La construction du monastère, qui s'élève à trente mille livres, est achevée en 1259. Isabelle de France se retire pour vivre parmi les moniales, sans pour autant faire partie de leur ordre. Elle meurt le 23 février 1270.
Isabelle de France a exercé une influence considérable sur son entourage. L'une de ses nièces, Blanche, fille de saint Louis, a été pensionnaire à Longchamp avant son mariage. Une autre, Isabelle de Navarre, a fondé en 1270 à Troyes un monastère de cordelières suivant la règle de Longchamp. Le monastère a également accueilli d'autres princesses en tant que religieuses: Blanche, fille de Philippe V Le Long, y a pris l'habit en 1318, tout comme Jeanne, fille de Jeanne de France, reine de Navarre, en 1337. Philippe V lui-même est venu y mourir en 1322. Longtemps, de nombreux membres de la famille royale ont rendu visite aux religieuses ou leur ont fait des legs. La règle d'Isabelle a, par ailleurs, connu un grand succès au sein de l'ordre des clarisses. Elle a été adoptée dans de nombreux monastères de «riches clarisses» liés à la famille royale: par exemple, outre celui de Troyes, ceux de Provins et de Toulouse.
Les biographes de saint Louis sont peu prolixes à son sujet: Guillaume de Saint-Pathus signale qu'elle reçut, comme ses frères, son éducation religieuse de Blanche de Castille. Jean de Joinville la mentionne brièvement en tant que fondatrice de l'abbaye de Longchamp. Ce n'est qu'à travers la Vie d'Isabelle de France, récit hagiographique rédigé vers 1279-1281 par son ancienne dame de compagnie, Agnès d'Harcourt, à la demande de Charles d'Anjou, le frère du roi, que l'on découvre en elle un personnage essentiel de l'entourage de saint Louis. Ce texte présente Isabelle de France comme digne d'être canonisée, en empruntant à la fois à un modèle féminin de sainteté proche de Claire d'Assise et à un modèle royal et masculin, celui de saint Louis. Un récit de quarante miracles est présenté à la suite de la vie de la princesse. À la différence de son frère, pourtant, Isabelle de France n'a pas été canonisée. Elle a été béatifiée en 1521 par la bulle Piis omnium de Léon X. Son culte a certainement existé au moins au monastère de Longchamp, comme en témoigne un office élaboré au XVIe siècle. Son rôle est aujourd'hui redécouvert par les historiens.

Oeuvres

- 1259 : Ci encommence l'exempsion des sereurs meneurs [«relevant d'un ordre mineur»] encloses, Paris, AN, LL 1601, f.63-72, in [J. H. Sbaraleae], Bullarium franciscanum, III, Rome, 1765, p.64-68, n.b.
- 1263 : Regle des sereurs meneurs encloses, Paris, AN, LL 1601, f.1-45, in [J. H. Sbaraleae], Bullarium franciscanum, II, Rome, 1761, p.477-486.

Choix bibliographique

- Allirot, Anne-Hélène, «Isabelle de France, soeur de saint Louis: la vierge savante. Étude de la Vie d'Isabelle de France écrite par Agnès d'Harcourt», Médiévales, 48, 2005, p. 55-75.

  • Field, Sean Linscott, The Princess, the Abbess, and the Friars: Isabelle of France (1225-1270) and the Course of Thirteenth-century Religion History, Ph.D., Northwestern University, Evanston, Illinois, 2002.

- Harcourt, Agnès d', Vie d'Isabelle de France, in Charles Du Fresne, sieur Du Cange, Histoire de saint Louys IX roy de France écrite par Jean sire de Joinville sénéchal de Champagne, Paris, 1668, p.169-181, éd. Anne-Hélène Allirot, Médiévales, 48, 2005, p. 76-98.
- Harcourt, Agnès d', The Writings (The Life of Isabelle de France and the Letters on Louis IX and Longchamp), éd. Sean L. Field. Notre-Dame (Indiana), Univ. of Notre-Dame Press, 2003.
- Mlynarczyk, Gertrud, Ein Franziskannerinnenkloster im 15. Jahrhundert. Edition und Analyse von Besitzinventaren aus der Abtei Longchamp, Bonn, L. Röhrscheid, 1987.

Choix iconographique

- Portrait présumé d'Isabelle de France, détail d'une clef de voûte de la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye (XIIIe siècle). Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye -- Christian Van Dijk, «Isabelle de France, soeur unique de saint Louis», Chronos, 31, printemps 1995, p.15-19.

Liens électroniques

- Textsmanuscripts.com:
http://www.textmanuscripts.com/home//themereligiondescritpion.php?m=46
(fiche Robert Messier, La Vie de Dame Ysabel de France, soeur de Saint Louis et fille de Blanche de Castille).

Jugements

- «En sa jeunesse elle estoit moult gracieuse et de grande beauté, et jaçoit ce qu'elle fust si noble de lignage, encore fust elle plus haute et plus noble de moeurs. Elle sçavoit bien que icelle seule est la vraye noblesse qui est ornement de l'ame par bonté de l'ame et par saincte vie, si comme il appaira cy après» (Agnès d'Harcourt, Vie d'Isabelle de France, in Charles Du Fresne, voir supra, «choix bibliogr.»).
- «Que venons-nous donc dire, après tous ceux-là? Rien, sinon ce que nous avons vu et éprouvé, ce que nous demandons à la bienheureuse Isabelle et ce qu'elle nous apporte: la douceur sans faiblesse, la force sans grimaces, la sainteté familière, souriante, d'une grande soeur qu'elle demeure pour nous, si déchus que nous soyons» (Albert Garreau, Bienheureuse Isabelle de France, soeur de saint Louis, Paris, Éditions franciscaines, 1955, avant-propos, p.13).

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