Marie Durand

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Marie Durand
Conjoint(s) Mathieu Serre
Biographie
Date de naissance 1711
Date de décès 1776
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Yves Krumenacker, 2007, mise à jour 2013.

Marie Durand est née le 15 juillet 1711 au Bouchet de Pranles (Vivarais). Son père, Étienne Durand, greffier consulaire, né en 1657, et sa mère, Claudine Gamonnet, née en 1670, sont tous deux protestants. Son frère, Pierre, né en 1700, prédicant clandestin (le protestantisme est interdit en France depuis la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685), devient un des premiers pasteurs «du Désert» (Cévennes) en 1726. C’est pour tenter de lui faire abandonner son ministère que les autorités royales emprisonnent son père en 1729. Il ne sera libéré qu’en 1743. Marie, restée seule, se fiance avec Matthieu Serre, son aîné de plus de vingt ans; comme souvent chez les protestants de l’époque, un contrat devant notaire tient lieu de mariage. Tandis que Pierre Durand ne cède pas aux pressions des catholiques, les nouveaux époux sont à leur tour arrêtés en juillet 1730. Matthieu est envoyé au fort de Brescou (Agde), devenu prison d’État. Il sera libéré en 1750. Marie est enfermée à la Tour de Constance à Aigues-Mortes, lieu célèbre de détention des huguenots. Très vite, elle semble exercer un ascendant moral sur ses compagnes de captivité. Elle les aide à persévérer dans leur foi, prie avec elles, chante les Psaumes, lit la Bible et réussit à se procurer quantité de livres. Elle entretient une correspondance importante, notamment avec sa nièce Anne Durand, fille de Pierre, avec le pasteur Paul Rabaut de Nîmes et avec les bienfaiteurs qui envoient des secours aux prisonnières. Elles sont peu à peu libérées. Sur intervention du prince de Beauvau, défenseur d’une plus grande tolérance, Marie est l’une des dernières à être relâchées, le 14 avril 1768, après 38 ans de captivité. Elle rentre chez elle, au Bouchet de Pranles, et passe ses dernières années dans les soucis d’argent, harcelée par ses créanciers et par le mari de sa nièce. Elle meurt au début de juillet 1776.

Aux yeux des protestants d’aujourd’hui, Marie Durand apparaît surtout comme l’incarnation parfaite de la résistance ardéchoise à l’intolérance et à la persécution, ce que symbolise le célèbre «résister» gravé sur la margelle du puits de sa prison.

Oeuvres

  • 1734-1776: Lettres de Marie Durand 1715-1776, prisonnière de la Tour de Constance, éd. Étienne Gamonnet et Frédéric Mayor, Montpellier, Presses du Languedoc, 1986.
  • 1734-1776: Lettres de Marie Durand 1711-1776, prisonnière de la Tour de Constance de 1730 à 1768, éd. Étienne Gamonnet et Frédéric Mayor, 2e éd. revue et augmentée, Montpellier, Presses du Languedoc, 1998.

Choix bibliographique

  • Benoît, Daniel, Marie Durand prisonnière à la Tour de Constance (1715-1768), Dieulefit, Nouvelle Société d’Éditions de Toulouse, 1935.
  • Krumenacker,Yves, « Marie Durand, une héroïne protestante ? », Clio. Histoire, femmes et sociétés, t. 30, 2009, mis en ligne le 15 décembre 2012,[1].

Choix iconographique

Liens électroniques

  • Site Musée du protestantisme= Musée protestant. Ce site donne une biographie sommaire de Marie Durand (avec une erreur sur sa naissance), des documents iconographiques et des renvois à des notices du Musée virtuel du protestantisme; reproduction d’une lettre manuscrite de Marie Durand

Jugements

  • «Une vie comme celle de l’héroïne de la Tour de Constance nous est la forte preuve de ce que cette grâce [de Dieu] a pu faire dans un coeur de femme, naturellement faible et par cela même très près du nôtre.» (André Fabre, «Avant-propos», dans D. Benoît, Marie Durand prisonnière..., voir supra, choix bibliographique, 1935)
  • «Elle est plus qu’une figure légendaire. Elle est une chrétienne, une femme nourrie de la Parole de Dieu. Elle nous laisse un témoignage précis qu’il nous faut recevoir car il s’inscrit dans celui de la nuée de témoins qui, par leurs souffrances, attestent la vérité des promesses de Dieu.» (Frédéric Mayor, «Préface», dans Lettres de Marie Durand 1715-1776..., voir supra, oeuvres, 1986, p.5)
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