Mademoiselle Mazé/Henri Lyonnet

[28] En 1708, c'est encore Mademoiselle Prévost, de l'Opéra, qui la première, au château de Sceaux, joua et dansa [29] une scène musicale sans paroles, imaginée par la duchesse du Maine. Mais à cette époque, les chanteurs et chanteuses de l'Opéra sont loin d'avoir le relief qu'ils ont eu par la suite. Leurs appointements sont misérables. Un premier sujet à l'Opéra, homme ou femme, en 1713, touche 1.500 livres par an et un second sujet, 1.200. Les quatre premières danseuses ont 900 livres pour leur année, et les quatre secondes 500. Ces traitements de famine furent élevés les années suivantes, mais quoi d'étonnant si ces demoiselles allaient chercher d'autres subsides en dehors de leur profession. Mademoiselle Mazé, figurante fort jolie, ayant trois mille livres de rente sur la Ville, se trouvant ruinée par le système de Law, va se noyer en plein jour à la Grenouillère. Elle s'était mise en rouge, en mouches et en bas de soie couleur chair (14 avril 1722). Vers le même temps, le duc de Mazarin avait rompu la chaîne qui l'unissait à la belle Émilie figurante à l'Opéra. Huit jours après, il déclarait à ses amis: «Je l'ai quittée, c'est vrai. Ils disent tous qu'elle me trompait, me ruinait; mais depuis ce temps, j'ai perdu l'appétit, je ne dors plus...Je vais la reprendre.» Il la reprit et s'empressa d'aller à son magnifique château de Chilly faire ses pâques avec elle.