Émilie Dupré/Henri Lyonnet

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[29] Après la mort de Louis XIV, Paris et Versailles prennent une physionomie toute nouvelle, partout on crie: «Vive le Régent qui va plutôt à l'Opéra qu'à la messe». Se permettant lui-même tous les plaisirs, le Duc d'Orléans s'opposait cependant à l'attachement que Mademoiselle de Valois, sa fille semblait éprouver pour le [30] Duc de Richelieu. Celui-ci résolut de se venger. Le Régent vivait alors publiquement avec une choriste de l'Académie de Musique, appelée la Souris (de son véritable nom de famille.) Le Duc de Richelieu mettant dans sa confidence un chanteur de l'Opéra, nommé Thévenard, lui donna 200 louis pour organiser une fête champêtre à Auteuil, soi-disant en l'honneur de la Souris qui était la reine de la fête. Puis, après le dîner, au milieu de toute l'assemblée, le Duc enleva la Souris sur son phaéton. Insensible à l'insulte, le Régent passa du chant à la danse, remplaçant la choriste par une danseuse, Émilie Dupré.
Du reste, la Souris, Émilie et la petite Lara, toutes trois académiciennes, comme on disait, puisqu'elles étaient toutes trois de l'Académie royale de Musique, se réunissaient avec la Parabère et la Sabran, dames de la Cour, pour composer le harem du Régent où la Duchesse de Berry, sa propre fille, tenait le rang suprême. Mais autant la Souris était dissolue, infidèle, volage et capricieuse, autant Émilie Dupré était remplie de bons sentiments et réservée. C'est ainsi qu'elle ne voulut jamais quitter son modeste état, refusant un jour des boucles d'oreilles de quinze mille livres que voulait lui donner le prince, lui disant qu'elle préférait dix mille livres d'argent, seulement pour acheter une maisonnette à Pantin, où elle comptait se retirer quand le prince ne l'aimerait plus. Ce fut alors un assaut de générosité de part et d'autre, le prince lui ordonnant enfin de garder vingt-cinq mille livres.

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