Antonia Padoani

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Antonia Padoani
Conjoint(s) Lorenzo Bembo
Dénomination(s) Antonia Bembo
Biographie
Date de naissance Vers 1640
Date de décès Vers 1720
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice en anglais de Claire Fontijn, 2006.

Fille unique de Giacomo Padoani et de Diana Paresco, Antonia Padoani, née vers 1640, étudie la musique et les lettres à Venise. En 1654, Giacomo Padoani écrit au duc de Mantoue, Carlo II Gonzaga, pour lui faire part des progrès accomplis par sa fille au cours des leçons qu'elle suit auprès du maestro di cappella de la Basilique San Marco, Francesco Cavalli. Dans cette lettre, son père la considère comme une chanteuse, ce qu'elle confirme plus tard dans la dédicace de son premier recueil de musique vocale, les Produzioni armoniche. La même année, il envisage de la marier avec le célèbre guitariste Francesco Corbetta. L'admiration d'Antonia pour Louis XIV, qui, d'après la même dédicace, remonte à son enfance, provient peut-être de l'éloge de la cour de France que lui faisait Corbetta. Néanmoins, Antonia et Corbetta ne se sont pas mariés. Un noble vénitien attire ses regards : elle épouse en 1659 Lorenzo Bembo (1637-1703), descendant de Pietro Bembo, qui est le plus célèbre de cette famille patricienne. Ils ont eu trois enfants : Diana (1663-1729), Andrea (1665-1710) et Giacomo (1666-1741). Peu après la naissance du dernier, Lorenzo rejoint des nobles enrôlés pour la Guerre de Candie en Crète. Laissée sans grandes ressources pour subvenir aux besoins de sa famille, Antonia subit des privations pendant des années. Au retour de Lorenzo en 1669, leur couple se désagrège rapidement. En 1672, elle le poursuit pour sévices corporels, infidélité, vol et négligence. Il nie les accusations ; elle perd le procès. Cinq ans après cet échec judiciaire, elle s'enfuit à Paris, très vraisemblablement avec l'aide de Corbetta. Elle y restera jusqu'à la fin de sa vie. Son départ est soigneusement préparé. Elle entrepose une partie de ses affaires chez des gens qu'elle connaît dans la ville, comme le célèbre luthier Domenico Selles, mais elle laisse ses biens les plus précieux au couvent San Bernardo à Murano, hors d'atteinte de Lorenzo, et confie sa fille à l'abesse. Ses fils restent sans doute avec leur père. Dans la dédicace des Produzioni armoniche, elle explique qu'après l'avoir entendue chanter, Louis XIV, pris de pitié pour sa situation difficile, lui a offert un abri près de l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Elle déclare qu'elle a composé sa musique au sein de cette communauté semi-cloîtrée, la Petite Union Chrétienne des Dames de Saint-Chaumond.

Dans chacun de ses manuscrits, Antonia Bembo exprime sa gratitude à la famille royale de France pour son soutien : les Produzioni armoniche, dédiées à Louis XIV, contiennent des arias italiennes qui lui sont également adressées, ainsi qu'au duc et à la duchesse de Bourgogne, à Monsieur et à Monseigneur. Par la suite, elle se détourne de ce type de structure, principalement composée de solos, pour écrire pour de plus grands ensembles. En 1704, elle compose deux morceaux de grande envergure pour célébrer la naissance du duc de Bretagne – le manuscrit est dédié à Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne. Les créations les plus remarquables produites par Bembo, en 1707, sont un véritable opéra à l'italienne et un grand motet. Son dernier travail est une collection de psaumes de pénitence : le paratexte liminaire rapproche les souffrances du dédicataire, le roi Louis XIV, alors dans les dernières années de son règne, de celles du roi psalmiste David.

Les compositions d'Antonia Bembo attestent de l'indépendance de son talent créateur – il s'agit d'un mélange réussi des styles français et italien – et de l'influence de divers artistes. Outre le langage musical vénitien, hérité de Monteverdi via Cavalli (Produzioni, opéra), elle convoque quelques sources parisiennes. Parmi les poèmes d'amour italiens qu'elle met en musique se trouvent des compositions écrites par Brigida Fedeli et, semble-t-il, par son fils, Marc'Antonio Romagnesi, comédiens pensionnaires de l'Hôtel de Bourgogne. Ses motets suivent la tradition établie par Lully, Charpentier et Delalande. Basés sur des textes en français paraphrasés par Élisabeth-Sophie Chéron, les sept psaumes de pénitence témoignent de la production de musique pieuse qui avait lieu dans les salons.

Compte-tenu des circonstances périlleuses de sa venue à Paris, Antonia Bembo a peut-être demandé qu'on taise l'endroit où elle se trouvait : en-dehors des six manuscrits qu'elle a donnés à la famille royale, aucun document portant son nom n'est apparu en France, jusqu'à aujourd'hui. Elle est complètement oubliée après sa mort, jusqu'à l'article qu'Y. Rokseth écrit sur sa musique en 1937. En 1992, la découverte d'une correspondance entre Antonia et l'abbesse de San Bernardo di Murano a permis de mieux comprendre sa vie et sa musique.

Oeuvres

- vers 1697-1701 : Produzioni armoniche (F-Pn Rés. Vm1/117) -- Éd. partielle Claire Fontijn: «Per il Natale», Arkansas, ClarNan Editions, 1999; «Tota pulcra es», Bryn Mawr, Hildegard Publishing Company, 1998; «Amor mio», Hildegard Publishing Company, 1998; «Ha, que l'absence est un cruel martire», Bryn Mawr; Hildegard Publishing Company, 1998. Éd. partielle par John Glenn Paton, «In amor ci vuol ardir», Van Nuys, Alfred, 1994 -- «Lamento della Vergine», in CD Donne barocche, Roberta Invernizzi with Bizzarrie Armoniche, Opus 111, 2001; «Anima perfida», «Passan veloci l'hore», «M'ingannasti in verità», in CD La Vendetta, Roberta Invernizzi with Bizzarrie Armoniche, ORF, 2004.
- 1704 : Te Deum (F-Pn Rés. Vm1/112) -- Éd. Conrad Misch, Kassel, Furore Verlag, 2003.
- 1704 : Divertimento, inédit (F-Pn Rés. Vm1/113).
- 1707 : L'Ercole amante, inédit (F-Pn Rés. Vm4/9-10).
- vers 1707 : Te Deum (F-Pn Rés. Vm1/114) -- Éd. Wolfgang Fürlinger, Altötting, Coppenrath, 1999.
- vers 1707 : Exaudiat (F-Pn Rés. Vm1/115) -- Éd. Conrad Misch, Kassel, Furore Verlag, 2003.
- vers 1710 : Les sept Pseaumes de David (F-Pn Rés. Vm1/116) -- Éd. Conrad Misch, Furore Verlag, 2003 -- Psaumes 6, 101, 129, 142, in CD The Seven Psalms of David, Volume I, La Donna Musicale, 2004; Psaumes 31, 37, 50, in CD The Seven Psalms of David, Volume II, La Donna Musicale, 2005.
- Correspondance:
- Lettres conservées à Venise, Archivio di Stato (I-VAS), Corporazioni religiose, San Bernardo di Murano, b. 18 -- publiées dans Claire Fontijn, Desperate Measures..., voir infra.

Choix bibliographique

- vers 1697-1701 : Produzioni armoniche (F-Pn Rés. Vm1/117) -- Éd. partielle Claire Fontijn: «Per il Natale», Arkansas, ClarNan Editions, 1999; «Tota pulcra es», Bryn Mawr, Hildegard Publishing Company, 1998; «Amor mio», Hildegard Publishing Company, 1998; «Ha, que l'absence est un cruel martire», Bryn Mawr; Hildegard Publishing Company, 1998. Éd. partielle par John Glenn Paton, «In amor ci vuol ardir», Van Nuys, Alfred, 1994 -- «Lamento della Vergine», in CD Donne barocche, Roberta Invernizzi with Bizzarrie Armoniche, Opus 111, 2001; «Anima perfida», «Passan veloci l'hore», «M'ingannasti in verità», in CD La Vendetta, Roberta Invernizzi with Bizzarrie Armoniche, ORF, 2004.
- 1704 : Te Deum (F-Pn Rés. Vm1/112) -- Éd. Conrad Misch, Kassel, Furore Verlag, 2003.
- 1704 : Divertimento, inédit (F-Pn Rés. Vm1/113).
- 1707 : L'Ercole amante, inédit (F-Pn Rés. Vm4/9-10).
- vers 1707 : Te Deum (F-Pn Rés. Vm1/114) -- Éd. Wolfgang Fürlinger, Altötting, Coppenrath, 1999.
- vers 1707 : Exaudiat (F-Pn Rés. Vm1/115) -- Éd. Conrad Misch, Kassel, Furore Verlag, 2003.
- vers 1710 : Les sept Pseaumes de David (F-Pn Rés. Vm1/116) -- Éd. Conrad Misch, Furore Verlag, 2003 -- Psaumes 6, 101, 129, 142, in CD The Seven Psalms of David, Volume I, La Donna Musicale, 2004; Psaumes 31, 37, 50, in CD The Seven Psalms of David, Volume II, La Donna Musicale, 2005.
- Correspondance:
- Lettres conservées à Venise, Archivio di Stato (I-VAS), Corporazioni religiose, San Bernardo di Murano, b. 18 -- publiées dans Claire Fontijn, Desperate Measures..., voir infra.

(traduction d'Anne Debrosse)

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