Constance-Marie de Théis : Différence entre versions

De SiefarWikiFr

[version vérifiée][version vérifiée]
(Choix bibliographique)
Ligne 59 : Ligne 59 :
 
* Christine Planté (dir.), ''Masculin-Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle'', Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002.  
 
* Christine Planté (dir.), ''Masculin-Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle'', Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002.  
 
* Martine Reid, ''Des femmes en littérature'', Paris, Belin, 2010.  
 
* Martine Reid, ''Des femmes en littérature'', Paris, Belin, 2010.  
 +
 +
== Choix iconographique ==
 +
* Jean-Baptiste-François Desoria (1758–1832), ''Portrait de Constance Pipelet'', huile sur toile, 130 x 99.1 cm, 1797.
 +
* ''Une soirée chez la princesse Constance de Salm, Je pars […] Le poète, l’ami, l’artiste, le savant'', 1806, gravure anonyme, in ''Œuvres complètes de madame la princesse Constance de Salm'', Paris, F. Didot frères, 1842.
 +
* David d'Angers, ''Constance Pipelet de Salm (1767-1845)'', médaille commémorative en bronze, 1829, 46 mm.
 +
* Girodet (d’après), ''Mme de Salm'', lithographie Grégoire et Deneux, Paris, éditeur Rosselin, 21 quai Voltaire, n° 91, s.d.
 +
 +
== Jugements ==
 +
* « Mme Pipelet, à présent Mme de Salm, femme assez belle de formes, hommasse et sans grâces, pas trop pédante pour une femme auteur ; ses romances assez jolies, surtout nettes et plus fortes de pensée et de trait que je ne m’y attendais » (Benjamin Constant, ''Journaux intimes [1803-1816]'', Paris, Gallimard,1961).
 +
* « […] elle était belle à saisir d’admiration ; sa taille, au-dessus des tailles ordinaires, offrait les plus belles proportions ; elle eut posé pour une Minerve antique, et, ses traits réguliers et parfaits, semblaient avoir été empruntés aux camées qui nous reproduisent les femmes de la Grèce ou de Rome » (Madame Achille Comte, ''Éloge de Madame la princesse Constance de Salm'', Nantes, impr. de Mme Camille Mellinet, 1857, p. 7-8).
 +
* « Il était sept heures et demie du soir, les salles étaient fort illuminées. La poésie me fit horreur, quelle différence avec l’Arioste et Voltaire ! Cela était bourgeois et plat (quelle bonne école j’avais déjà !), mais j’admirais avec envie la gorge de Mme Constance Pipelet qui lut une pièce de vers. Je le lui ai dit depuis, elle était alors femme d’un pauvre diable de chirurgien herniaire, et je lui ai parlé chez Mme la comtesse Beugnot quand elle était princesse de Salm-Dyck, je crois. Je conterai son mariage, précédé par deux mois de séjour chez le prince de Salm, avec son amant, pour voir si le château ne lui déplairait point trop, et le prince nullement trompé mais sachant tout et s’y soumettant, et il avait raison » (Stendhal, ''Vie de Henry Brulard [1835-1836]'', Paris, Gallimard, 1973, p. 381-382). 
 +
* « Comment un bas-bleu sans talent, et d'une beauté vulgaire, comme son œuvre, réussit-elle à traverser laborieusement la Terreur pour devenir sous le Consulat princesse de Saint-Empire et susciter à sa mort, sous Louis-Philippe, d'innombrables biographies ? Cette aventure de Madame Pipelet, née Théis, mérite d'être contée, non sans une pointe d'humour » (Maurice Rat, « La Citoyenne Pipelet », ''Revue des Deux Mondes'', juin 1966, p. 408).
 +
* « Le nouveau rang de la princesse de Salm ne changea en rien ses habitudes littéraires. Elle conciliait facilement les charges de sa position sociale et les doux travaux aliments et gloire de sa vie. Il existe dans les esprits supérieurs une faculté toujours en réserve pour tous les nouveaux devoirs. » (Alfred de Montferrand, Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises, avec portraits dessinés par Jules Boilly, Paris, Armand-Aubrée, 1836, p. 146).
 +
* « Constance Pipelet rappelle que sous le Consulat la question de la "femme auteur", question "en quelque sorte nouvelle", dit-elle, a fait débat. Elle-même y prend part et prétend y avoir mis un terme avec son Épître. En  réalité: réponse à une Ode d'Ecouchard-Lebrun. Constance Pipelet : "arrêtez, femmes, vous êtes mères !" est un autre argument connu placé dans la bouche de l'homme pour faire valoir la fameuse nature de la femme. L'auteur conclut sur un portrait d'une famille où,  grâce aux talents de la mère, l'homme "voit croître aux beaux-arts et son fils et sa fille", et elle conclut "que les arts soient à tous ainsi que le bonheur". Dans ces termes, la défense des femmes instruites semble biaisée. Constance Pipelet reconduit le principe d'une femme essentialisée et déshistoricisée (sa nature est maternelle et le sera toujours), adossée à la double figure du père et de l'homme amoureux: masculin valorisé dans sa dimension protecteur/promoteur. L'écriture ou la création féminine est considéré comme un droit "naturel" au même titre que le bonheur, l'homme lui, légifère. Si défense des femmes il y a, la doxa est reconduite ainsi que les idées communément partagées. Que les femmes écrivent, ou s'illustrent dans quelque activité artistique ou scientifique si tel est leur souhait, mais qu'elles n'abandonnent pas la famille et la destinée que la société leur réserve. "Ne croyez pas pourtant, épouses, mères, filles, Que je veuille jeter le trouble en vos familles, D'une ardeur de révolte embraser vos esprits, Et renverser des lois que moi-même je suis." » (Martine Reid, ''Des femmes en littératur''e, Paris, Belin, 2010, pp. 32-33).
 +
* « Constance de Salm croit profondément à la réalité du génie féminin, elle met donc tout son espoir dans la génération nouvelle de femmes qui, depuis la Révolution, se trouve disponible pour toutes sortes d’audaces et de progrès. Elle veut que leurs talents puissent se révéler malgré les attaques personnelles qu’elles subissent et l’arbitraire des jugements masculins qui pèse sur elles, comme elle l’exprime dans l’Épître aux femmes (1797) […] L’auteure de l’''Épître aux femmes'' se présente à la fois comme une poétesse inspirée, qui s’efforce d’animer l’espérance des femmes, et comme une femme des Lumières, qui invite ses contemporaines à se dégager des coutumes asservissantes, à partager les jouissances de la création et les progrès de la raison ». (Huguette Krief. « Le Génie féminin. Propos et contre-propos au XVIIIe siècle. » in Eliane Viennot et Nicole Pellegrin éd., ''Revisiter la « querelle des femmes », Discours sur l’égalité/inégalité des sexes'', de 1750 aux lendemains de la Révolution, PUSE, Paris, 2012, p. 74).
  
  

Version du 15 décembre 2017 à 09:17

Constance-Marie de Théis
Titre(s) Comtesse et Princesse de Salm-Dyck
Conjoint(s) Jean-Baptiste Pipelet de Leury
Joseph Maria Franz Anton Hubert Ignaz de Salm-Reifferscheidt-Dyck
Dénomination(s) Citoyenne Pipelet
Biographie
Date de naissance 7 septembre 1767
Date de décès 13 avril 1845
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice d'Héloïse Morel, 2017

Constance-Marie de Théis est née à Nantes le 7 septembre 1767. Elle est fille d’Anne-Marie Quillau et d’Alexandre-Marie de Théis, juge-maître des Eaux et Forêts du comté de Nantes. Aussi homme de lettres, il élève, de la même manière, son fils, Alexandre de Théis, et sa fille. C’est sans doute grâce à la bienveillance et au réseau de son père que Constance de Théis publie pour la première fois en 1785, un poème intitulé Bouton de rose, dans l’Almanach des Grâces. En 1789, elle se marie avec le maître en chirurgie Jean-Baptiste Pipelet de Leury et s’installe à Paris. Ils ont une fille, Clémence, qui naît en 1790. Durant la période de la Terreur, le couple vit discrètement. En 1794, Constance Pipelet publie et fait jouer avec succès (une centaine de représentations) sa pièce de théâtre en dix actes : Sapho. Aussi, un an après, en 1795, Constance Pipelet devient la première femme admise au Lycée des arts à Paris, lieu d’enseignement public et d’échanges savants. Elle y donne plusieurs lectures publiques et tient salon. Renommée pour ses connaissances scientifiques et son talent littéraire, elle devient membre à part entière ou associée de plusieurs sociétés savantes : Marseille, l'Ain, Nantes, Lyon, Nantes, Livourne, Vaucluse et Caen. Constance Pipelet se fait plus encore connaître par son Épître aux Femmes, un long poème didactique, écrit en 1797, où elle répond vertement aux propos du plus célèbre poète du moment, Ponce Denis Écouchard Lebrun qui, dans l’un de ses poèmes, exhortait les femmes au silence : «Voulez-vous ressembler aux Muses, // Inspirez, mais n’écrivez pas».

En 1799, année où elle écrit une nouvelle pièce de théâtre, mal reçue et jamais publiée (Camille, ou Amitié et imprudence), elle divorce de Jean-Baptiste Pipelet de Leury et, par l’entremise du naturaliste Alexander von Humboldt, elle rencontre le prince et botaniste allemand Joseph Maria Franz Anton Hubert Ignaz de Salm-Reifferscheidt-Dyck qu’elle épouse en 1803. Dès lors, elle doit partager sa vie entre trois lieux : le château de Dyck, en Rhénanie-Westphalie, une demeure à Aix-la-Chapelle et un hôtel particulier à Paris. Le couple s’y entoure d'un cercle savant brillant dont font partie l’astronome Lalande, l’acteur Talma, le bibliothécaire Louis Barbier, le poète et traducteur Pongerville, la poétesse Adélaïde-Gillette Dufrénoy ou la lettrée Aglaé Laya (future Aglaé Comte), etc. Tous les membres réguliers de ce salon apparaissent sur une gravure de l’édition des Œuvres complètes de 1842. En 1820, un drame endeuille la vie de Constance de Salm : la mort de sa fille, Clémence, mariée depuis 1813 au baron Louis-Bernard Francq mais qui, devenue veuve en 1818, était courtisée par un adjudant du comte de Salm, un dénommé Althoff. Constance de Salm aurait repoussé l'idée, pour sa fille, d'une alliance avec cet homme qui, le 14 juin 1820, tue Clémence et se suicide ensuite.

Avant tout poétesse, Constance de Salm publie, en 1824, un unique et bref roman, Vingt-quatre heures d’une femme sensible, suite aux remarques d’un critique littéraire qui lui reprochait de ne pas avoir de cœur. En 1833, elle fait éditer ses mémoires sous le titre : Mes soixante ans, ou mes Souvenirs politiques et littéraires, dans lesquels elle revient sur les dates marquantes de sa vie en les reliant aux événements politiques. Au total, Constance de Salm laisse 52 publications écrites entre 1785 et 1837, année de la fin de son activité littéraire et d’un poème testament : « Je mourrai comme j’ai vécu ». L’essentiel de ses œuvres poétiques a la forme d’épîtres où se mêlent descriptions, réflexions politiques, féministes et littéraires, éléments biographiques et éloges divers. Avant sa mort à Paris, le 13 avril 1845, elle a également publié une partie de sa correspondance (1841), ainsi que des œuvres complètes en quatre volumes (1842).

Un temps oubliée, l’écrivaine est aujourd’hui reconnue, grâce aux travaux des chercheuses féministes, comme Catriona Seth, Geneviève Fraisse, Christine Planté et Huguette Krief. Constance de Salm s’est engagée par la plume en faveur des femmes et de leurs droits à écrire et créer. Sa très riche correspondance (environ 7000 lettres) révèle son aura intellectuel dans l’Europe post-révolutionnaire, ce que confirment les notices des dictionnaires biographiques du XIXe siècle.

Oeuvres

  • 1785: Constance de Théis, « Bouton de rose », in Almanach des Grâces, Paris, 1785, et in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 1817 et 1835.
  • 1794: La Citoyenne Pipelet, Sapho, tragédie mêlée de chants, en trois actes et en vers..., mis en musique par le Citoyen Martini, Paris, chez l’auteur, 1794. 2e éd., chez Vente, Paris, 1810.- Rééditions dans Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811 et 1817.
  • 1797: Constance D.T. Pipelet, Épître aux Femmes, Paris, Desenne, 1797 et in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 1817 et 1835.
  • 1797: Constance D.T. Pipelet, Éloge historique de Sedaine, Paris, Desenne, 1797.
  • 1798: Constance de Théis Pipelet, Rapport sur les fleurs artificielles de la citoyenne Roux-Montagnac, lu par son auteur au Lycée des Arts, le 30 vendémiaire an 7, Paris, Lycée des Arts, 1798.
  • [1798]: Épître sur les dissentions [sic] des gens de lettres in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 1817 et 1835].
  • [1798]: Boutade sur les femmes auteurs, in Œuvres complètes de Madame la Princesse de Salm, Paris, Firmin Didot frères et Arthus Bertrand Libraire, 1842].
  • 1799: Constance D.T. Pipelet, Rapport sur un ouvrage intitulé : de la condition des femmes dans une république, par Thérémin, lu par l'auteur à la 61e séance publique, du 24 pluviôse an 8, Paris, impr. De Gillé, an VIII -1799.
  • 1799: Constance D.T Pipelet, Camille ou Amitié et Imprudence, drame en 5 actes et en vers, représenté à Paris, le 10 ventôse an 8 (non publié).
  • [1801]: Épîtres à Sophie, in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 1817 et 1835].
  • 1806: Madame Constance de S., Épître à un jeune auteur sur l’indépendance et les devoirs de l’homme de lettres, Paris, Vente, 1806.
  • 1810: Madame la Comtesse Constance de Salm, Éloge historique de M. de Lalande, Paris, J.B. Sajou, 1810.
  • [1809]: Épître à un vieil auteur mécontent de se voir oublié, in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 1817, 1835].
  • 1810: Madame la Comtesse Constance de Salm, Scène héroïque, ou Cantate sur le mariage de sa Majesté l'empereur Napoléon, avec son Altesse Impériale et Royale l’archiduchesse Marie-Louise, Paris, J.-B. Sajou, 1810.
  • 1810: Épître adressée à l’empereur Napoléon, in Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1835.
  • 1811: Poésies de Madame la Comtesse de Salm, Paris, Firmin Didot, 1811, 2 vol.- 2e et 3e éd., Paris, F. Didot, 1817 et 1835.
  • 1824: La Princesse Constance de Salm, Les Vingt-quatre heures d’une femme sensible ou Une grande leçon, Paris, A. Bertrand, 1824.- 2e éd., ibid.- 3e éd., Paris, Firmin Didot, 1836.- 4e éd. et 5e éd, Paris, Phébus, 2007 et, 2012.- 6e éd., Paris, Flammarion, 2012.
  • 1829: La Princesse Constance de Salm, Pensées, Aix-la-Chapelle, J.A. Mayer, et Paris, A. Bertrand, Ponthieux et Delaunay, 1829.- 2e éd., Aix-la-Chapelle, J.A. Mayer, 1835, et in Ouvrages divers en prose, Paris, Firmin Didot, 1835.- 3e éd. augmentée d'une 3e partie inédite et précédée d'un avant-propos par de Pongerville, Paris, A. René, 1846.
  • 1833: Madame la princesse Constance de Salm, Mes soixante ans, ou mes Souvenirs politiques et littéraires, Paris, A. Bertrand, F. Didot frères et Delaunay, 1833.
  • 1835: Mme la princesse Constance de Salm, Ouvrages divers en prose, suivis de Mes Soixante Ans, Paris, Firmin Didot frères, 1835, 2 vol.
  • 1841: Quelques lettres extraites de la correspondance générale de Mme la princesse Constance de Salm, de 1805 à 1810, Paris, Firmin Didot frères, 1841.
  • 1842: Madame la princesse Constance de Salm, Œuvres complètes, Paris, Firmin Didot frères, 1842, 4 tomes en 2 vol.

Principales sources manuscrites

  • Archives de la Société des Amis du Vieux Toulon: Correspondance de Constance de Salm : environ 7000 lettres conservées.

Principales sources imprimées

  • Théodore Villenave, Épître à Madame la Princesse Constance de Salm qui me refuse son médaillon, Paris, impr. de Fain et Thunot, 1841, 8 p.
  • L-M de F., Notice sur la vie et les travaux littéraires de madame la princesse Constance de Salm-Dyck, membre de plusieurs Sociétés savantes françaises et étrangères, Paris, impr. de F. Locquin, « Archives de la France contemporaine », t. II, 1843, 28 p.
  • Jean-Charles-François Ladoucette, Notice sur Mme la princesse Constance de Salm-Dyck, Paris, impr. de Goetschy fils, s.d.
  • Louis Nicolas Barbier, Notice biographique sur madame la princesse Constance de Salm-Dick, Paris, impr. de E. Duverger, 1847.
  • Michel de Cubières-Palmézeaux, Épître à Madame la Comtesse de Salm, par un antique membre de l'Académie des Antiquités de Hesse-Cassel, Paris, impr. Lefebvre, 1812, 23 p.
  • Madame Achille Comte, Éloge de Madame la princesse Constance de Salm, Nantes, impr. De Mme Camille Mellinet, 1857, 31 p.

Choix bibliographique

  • Jean-Noël Pascal (dir.), « La Muse de la Raison, Constance de Salm (1767-1845) », Cahiers Roucher-André Chénier, 2010 n° 29.
  • Andrea Del Lungo et Brigitte Louichon (dir.), La littérature en « bas-bleus », Romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet (1815-1848), Paris, Classiques Garnier, 2010.
  • Geneviève Fraisse, Muse de la Raison, la démocratie exclusive et la différence des sexes, Aix-en-Provence, Alinéa, 1989.
  • Christine Planté (dir.), Masculin-Féminin dans la poésie et les poétiques du XIXe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002.
  • Martine Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010.

Choix iconographique

  • Jean-Baptiste-François Desoria (1758–1832), Portrait de Constance Pipelet, huile sur toile, 130 x 99.1 cm, 1797.
  • Une soirée chez la princesse Constance de Salm, Je pars […] Le poète, l’ami, l’artiste, le savant, 1806, gravure anonyme, in Œuvres complètes de madame la princesse Constance de Salm, Paris, F. Didot frères, 1842.
  • David d'Angers, Constance Pipelet de Salm (1767-1845), médaille commémorative en bronze, 1829, 46 mm.
  • Girodet (d’après), Mme de Salm, lithographie Grégoire et Deneux, Paris, éditeur Rosselin, 21 quai Voltaire, n° 91, s.d.

Jugements

  • « Mme Pipelet, à présent Mme de Salm, femme assez belle de formes, hommasse et sans grâces, pas trop pédante pour une femme auteur ; ses romances assez jolies, surtout nettes et plus fortes de pensée et de trait que je ne m’y attendais » (Benjamin Constant, Journaux intimes [1803-1816], Paris, Gallimard,1961).
  • « […] elle était belle à saisir d’admiration ; sa taille, au-dessus des tailles ordinaires, offrait les plus belles proportions ; elle eut posé pour une Minerve antique, et, ses traits réguliers et parfaits, semblaient avoir été empruntés aux camées qui nous reproduisent les femmes de la Grèce ou de Rome » (Madame Achille Comte, Éloge de Madame la princesse Constance de Salm, Nantes, impr. de Mme Camille Mellinet, 1857, p. 7-8).
  • « Il était sept heures et demie du soir, les salles étaient fort illuminées. La poésie me fit horreur, quelle différence avec l’Arioste et Voltaire ! Cela était bourgeois et plat (quelle bonne école j’avais déjà !), mais j’admirais avec envie la gorge de Mme Constance Pipelet qui lut une pièce de vers. Je le lui ai dit depuis, elle était alors femme d’un pauvre diable de chirurgien herniaire, et je lui ai parlé chez Mme la comtesse Beugnot quand elle était princesse de Salm-Dyck, je crois. Je conterai son mariage, précédé par deux mois de séjour chez le prince de Salm, avec son amant, pour voir si le château ne lui déplairait point trop, et le prince nullement trompé mais sachant tout et s’y soumettant, et il avait raison » (Stendhal, Vie de Henry Brulard [1835-1836], Paris, Gallimard, 1973, p. 381-382).
  • « Comment un bas-bleu sans talent, et d'une beauté vulgaire, comme son œuvre, réussit-elle à traverser laborieusement la Terreur pour devenir sous le Consulat princesse de Saint-Empire et susciter à sa mort, sous Louis-Philippe, d'innombrables biographies ? Cette aventure de Madame Pipelet, née Théis, mérite d'être contée, non sans une pointe d'humour » (Maurice Rat, « La Citoyenne Pipelet », Revue des Deux Mondes, juin 1966, p. 408).
  • « Le nouveau rang de la princesse de Salm ne changea en rien ses habitudes littéraires. Elle conciliait facilement les charges de sa position sociale et les doux travaux aliments et gloire de sa vie. Il existe dans les esprits supérieurs une faculté toujours en réserve pour tous les nouveaux devoirs. » (Alfred de Montferrand, Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises, avec portraits dessinés par Jules Boilly, Paris, Armand-Aubrée, 1836, p. 146).
  • « Constance Pipelet rappelle que sous le Consulat la question de la "femme auteur", question "en quelque sorte nouvelle", dit-elle, a fait débat. Elle-même y prend part et prétend y avoir mis un terme avec son Épître. En réalité: réponse à une Ode d'Ecouchard-Lebrun. Constance Pipelet : "arrêtez, femmes, vous êtes mères !" est un autre argument connu placé dans la bouche de l'homme pour faire valoir la fameuse nature de la femme. L'auteur conclut sur un portrait d'une famille où, grâce aux talents de la mère, l'homme "voit croître aux beaux-arts et son fils et sa fille", et elle conclut "que les arts soient à tous ainsi que le bonheur". Dans ces termes, la défense des femmes instruites semble biaisée. Constance Pipelet reconduit le principe d'une femme essentialisée et déshistoricisée (sa nature est maternelle et le sera toujours), adossée à la double figure du père et de l'homme amoureux: masculin valorisé dans sa dimension protecteur/promoteur. L'écriture ou la création féminine est considéré comme un droit "naturel" au même titre que le bonheur, l'homme lui, légifère. Si défense des femmes il y a, la doxa est reconduite ainsi que les idées communément partagées. Que les femmes écrivent, ou s'illustrent dans quelque activité artistique ou scientifique si tel est leur souhait, mais qu'elles n'abandonnent pas la famille et la destinée que la société leur réserve. "Ne croyez pas pourtant, épouses, mères, filles, Que je veuille jeter le trouble en vos familles, D'une ardeur de révolte embraser vos esprits, Et renverser des lois que moi-même je suis." » (Martine Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010, pp. 32-33).
  • « Constance de Salm croit profondément à la réalité du génie féminin, elle met donc tout son espoir dans la génération nouvelle de femmes qui, depuis la Révolution, se trouve disponible pour toutes sortes d’audaces et de progrès. Elle veut que leurs talents puissent se révéler malgré les attaques personnelles qu’elles subissent et l’arbitraire des jugements masculins qui pèse sur elles, comme elle l’exprime dans l’Épître aux femmes (1797) […] L’auteure de l’Épître aux femmes se présente à la fois comme une poétesse inspirée, qui s’efforce d’animer l’espérance des femmes, et comme une femme des Lumières, qui invite ses contemporaines à se dégager des coutumes asservissantes, à partager les jouissances de la création et les progrès de la raison ». (Huguette Krief. « Le Génie féminin. Propos et contre-propos au XVIIIe siècle. » in Eliane Viennot et Nicole Pellegrin éd., Revisiter la « querelle des femmes », Discours sur l’égalité/inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution, PUSE, Paris, 2012, p. 74).
Outils personnels