Marie Forestier : Différence entre versions
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+ | Marie Forestier naît vers 1615 à Dieppe. On ignore l'identité de ses parents. À huit ans, elle est placée comme pensionnaire chez les hospitalières de sa ville natale, où elle fait profession neuf ans plus tard. En 1634, la communauté des hospitalières de Dieppe reçoit une jeune autochtone du Canada, envoyée en France par les missionnaires jésuites pour parfaire son éducation et, probablement, inciter les religieuses à participer aux missions en Nouvelle-France. La présence de la jeune fille constitue sans doute un stimulant important pour les hospitalières de Dieppe dans leurs démarches visant à fonder un hôpital au Nouveau Monde. Avec l'appui de la mère Madeleine de Saint-Joseph, carmélite à Paris, les religieuses dieppoises réussissent à convaincre la duchesse d'Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu, de financer la fondation de l'Hôtel-Dieu de Québec. | ||
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+ | Le 4 mai 1639, quatre ans après la signature du contrat de fondation (1635), Marie Forestier de Saint-Bonaventure de Jésus, qui n'a que 22 ans, Marie Guenet de Saint-Ignace et Anne Le Coîntre de Saint-Bernard, toutes trois hospitalières à Dieppe, s'embarquent pour le Nouveau Monde. Elles sont accompagnées de trois ursulines, dont Marie Guyart de l'Incarnation et leur fondatrice séculière Madeleine de La Peltrie, qui vont établir une école au Canada. Après une traversée houleuse, l'équipage accoste à Québec le 1er août 1639. À leur arrivée, les hospitalières s'occupent de la construction de leur monastère et apprennent l'algonquin auprès du père jésuite Paul Lejeune. Dès qu'une salle est prête à recevoir des malades, elles accueillent plusieurs Amérindiens victimes de la petite vérole. À la mort de Marie Guenet en 1645, Marie Forestier devient supérieure. Elle occupera cette fonction à six reprises, en plus de son engagement dans la mission hospitalière de la communauté. Ces responsabilités font d'elle l'une des plus importantes fondatrices de l'Hôtel-Dieu. À partir de 1656, Marie Forestier est impliquée dans le conflit qui oppose Jeanne Mance, fondatrice laïque du premier hôpital de Ville-Marie (Montréal), aux autorités religieuses du pays. François de Laval, évêque de Québec, souhaitant confier la fondation de Montréal aux bons soins des religieuses de l'Hôtel-Dieu de Québec, Marie Forestier envoie deux hospitalières à l'automne 1658. Mais Jeanne Mance leur préfère les hospitalières de La Flèche, tout en se réservant l'administration de sa fondation. Soucieuse d'une gestion comptable saine, Marie Forestier de Saint-Bonaventure est également à l'origine de la distinction nette entre les biens de l'Hôtel-Dieu de Québec et ceux réservés aux pauvres que la communauté a pris sous son aile, décision approuvée par François de Laval en 1664. D'abord secrétaire de la communauté des hospitalières, Marie Forestier est ensuite chargée de la rédaction des relations et de la correspondance de l'établissement de Québec. Le 20 octobre 1667, elle signe une lettre circulaire, publiée à Paris, chez Sébastien Cramoisy l'année suivante, dans laquelle elle demande des renforts pour sa communauté et dresse une liste des objets de première nécessité que les hospitalières espèrent recevoir de France. À la demande de ses consoeurs, elle rédige les premières annales de la communauté, source malheureusement détruite dans l'incendie de 1755. Au début du XVIIIe siècle, les mères de Saint-Ignace et de Sainte-Hélène l'utilisent pour retracer l'Histoire abrégée de l'établissement de l'Hôtel-Dieu de Québec, publiée en France en 1751 sous le titre Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec. On peut y lire, entre autres, le récit de la traversée et de l'établissement des hospitalières à Québec, rédigé par Marie Forestier. La mère de Saint-Bonaventure meurt à l'Hôtel-Dieu de Québec le 25 mai 1698, après une longue vie consacrée à la mission du Canada et au service des malades. | ||
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+ | Marie Forestier n'a pas connu la célébrité de Marie de l'Incarnation. Elle est sortie de l'ombre au XIXe siècle, lorsque des historiens se sont intéressés aux premières fondations religieuses du Canada, mais a été bien oubliée depuis. | ||
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+ | == Oeuvres == | ||
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+ | - 1668: ''Lettre de la Révérende Mère Supérieure'' [Marie de Saint-Bonaventure de Jésus] ''des Religieuses hospitalières de Kébec en la Nouvelle-France, du 20 octobre 1667, à M. Bourgeois de Paris'', Paris, Sébastien Cramoisy, 1668, 12 p. (Cette lettre, publiée sous forme de brochure, a été insérée par Cramoisy dans certains exemplaires de la ''Relation'' de François Le Mercier, ''Relation de ce qui s'est passé de plus remarquable aux missions des peres de la Compagnie de Jesus, en la Nouvelle France, aux années mil six cens soixante-six & mil six cens soixante-sept: envoyée au R.P. Jacques Bordier, provincial de la province de France,''À Paris, Chez Sebastien Cramoisy, & Sebastien Mabre-Cramoisy, imprimeurs ordinaires du roy, 1668. Ces exemplaires de la ''Relation'' étaient destinés à des bienfaiteurs des hospitalières en France). | ||
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+ | == Choix bibliographique == | ||
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+ | - Casgrain, Henri-Raymond, ''Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec'', Québec, s. n., 1878.<br /> | ||
+ | - Juchereau de Saint-Ignace, Jeanne-Françoise et Regnard Duplessis de Sainte-Hélène, Marie-André, ''Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec'', Montauban, Jérôme Legier imprimeur, 1751 -- Réédité sous le titre ''Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec'', Albert Jamet (éd.), Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939.<br /> | ||
+ | - Pelletier, Jean-Guy, «Marie Forestier», in ''Dictionnaire biographique du Canada/ Canadian Dictionary of Canadian Biography'', Sainte-Foy et Toronto, Presses de l'Université Laval et Toronto University Press, t.1, 1966, p.318. <br /> | ||
+ | - Pelletier, Jean-Guy, «Forestier (Marie)», in ''Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastiques'', t.17, 1971, col.1042-1043.<br /> | ||
+ | - Deslandres, Dominique, «Femmes missionnaires en Nouvelle-France. Les débuts des ursulines et des hospitalières à Québec», in ''La religion de ma mère. Les femmes et la transmission de la foi'', Jean Delumeau (éd.), Paris, Cerf, 1992, p.209-224. | ||
+ | == Liens électroniques == | ||
+ | Pelletier, Jean-Guy, «Marie Forestier», [http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=34346%20 ''Dictionnaire biographique du Canada en ligne/ Canadian Dictionary of Canadian Biography on Line''] | ||
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+ | == Jugements == | ||
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+ | - «L'année suivante Dieu nous visita encore par la mort de deux de nos Religieuses; la premiere fut la Mere Marie Forestier de Saint Bonaventure de Jésus, qui mourut le 25. De May 1698. Agée de 82. Ans, elle en avoit 74. De Religion: étant entrée dès l'age de 8 ans dans un Couvent, & n'ayant jamais été exposée aux dangers du monde, dont elle avoit toujours eu un grand éloignement; c'étoit une de nos trois premieres Meres venues de France, pour fonder notre Hôtel-Dieu; elle succeda à la Mere Guenet de Saint-Ignace dans la superiorité & elle a exercé cette charge 21 an dans différens triennaux: c'est elle à qui Dieu fit voir l'entrée de la Mere Saint Augustin au Ciel, il lui donna connoissance de plusieurs choses cachées, & elle recevoit des graces très singulieres de sa divine bonté; il ne se pouvoit rien ajoûter à la charité, à la douceur et au zele avec lequel elle servoit les pauvres; elle étoit naturellement bienfaisante, affective et accommodante, suportant les foiblesse du prochain avec une grande patience, aimant beaucoup les jeunes Religieuses qui se portoient au bien, les traitant avec une cordiale honnêteté, & gagnant plusieurs filles à Dieu par l'exemple de ses vertus, quoique son humilité lui fit cacher avec soin tout ce qui pouvoit lui faire honneur: elle a travaillé infatigablement pour l'établissement de ce Monastère; & Notre Seigneur a tellement beni ses soins & ses prieres, qu'elle a vû cette maison florissante; nous devons par reconnaissance la cherir, l'estimer, en conserver le souvenir: son grand âge avoit affoibli son esprit, elle etoit tombée dans l'enfance; mais la Sainte Habitude de la vertu d'obeïssance qu'elle avait contractée, la rendit si soumise, que quand elle demandoit quelque chose qu'on ne jugeois pas lui devoir accorder, celle qui avoit soin d'elle n'avoit qu'à lui dire notre Mere ne le veut pas; c'étoit assez pour qu'elle n'en temoignât plus aucune envie & qu'elle demeurât paisible, elle avoit encore dans sa grande vieillesse l'air du visage fort agreable, & les Sauvages l'avoient toujours appellée la belle, la bonne, la gentille» ([Juchereau de La Ferté de Saint-Ignace, Jeanne-Françoise et Marie-André Regnard Duplessis de Sainte-Hélène], ''Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec'', Montauban, Jérôme Legier imprimeur, 1751, p. 113-114). | ||
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Version actuelle en date du 30 avril 2011 à 12:04
Marie Forestier | ||
Dénomination(s) | Mère Marie de Saint-Bonaventure-de-Jésus | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 1615 | |
Date de décès | 1698 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Julie Roy, 2005.
Marie Forestier naît vers 1615 à Dieppe. On ignore l'identité de ses parents. À huit ans, elle est placée comme pensionnaire chez les hospitalières de sa ville natale, où elle fait profession neuf ans plus tard. En 1634, la communauté des hospitalières de Dieppe reçoit une jeune autochtone du Canada, envoyée en France par les missionnaires jésuites pour parfaire son éducation et, probablement, inciter les religieuses à participer aux missions en Nouvelle-France. La présence de la jeune fille constitue sans doute un stimulant important pour les hospitalières de Dieppe dans leurs démarches visant à fonder un hôpital au Nouveau Monde. Avec l'appui de la mère Madeleine de Saint-Joseph, carmélite à Paris, les religieuses dieppoises réussissent à convaincre la duchesse d'Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu, de financer la fondation de l'Hôtel-Dieu de Québec.
Le 4 mai 1639, quatre ans après la signature du contrat de fondation (1635), Marie Forestier de Saint-Bonaventure de Jésus, qui n'a que 22 ans, Marie Guenet de Saint-Ignace et Anne Le Coîntre de Saint-Bernard, toutes trois hospitalières à Dieppe, s'embarquent pour le Nouveau Monde. Elles sont accompagnées de trois ursulines, dont Marie Guyart de l'Incarnation et leur fondatrice séculière Madeleine de La Peltrie, qui vont établir une école au Canada. Après une traversée houleuse, l'équipage accoste à Québec le 1er août 1639. À leur arrivée, les hospitalières s'occupent de la construction de leur monastère et apprennent l'algonquin auprès du père jésuite Paul Lejeune. Dès qu'une salle est prête à recevoir des malades, elles accueillent plusieurs Amérindiens victimes de la petite vérole. À la mort de Marie Guenet en 1645, Marie Forestier devient supérieure. Elle occupera cette fonction à six reprises, en plus de son engagement dans la mission hospitalière de la communauté. Ces responsabilités font d'elle l'une des plus importantes fondatrices de l'Hôtel-Dieu. À partir de 1656, Marie Forestier est impliquée dans le conflit qui oppose Jeanne Mance, fondatrice laïque du premier hôpital de Ville-Marie (Montréal), aux autorités religieuses du pays. François de Laval, évêque de Québec, souhaitant confier la fondation de Montréal aux bons soins des religieuses de l'Hôtel-Dieu de Québec, Marie Forestier envoie deux hospitalières à l'automne 1658. Mais Jeanne Mance leur préfère les hospitalières de La Flèche, tout en se réservant l'administration de sa fondation. Soucieuse d'une gestion comptable saine, Marie Forestier de Saint-Bonaventure est également à l'origine de la distinction nette entre les biens de l'Hôtel-Dieu de Québec et ceux réservés aux pauvres que la communauté a pris sous son aile, décision approuvée par François de Laval en 1664. D'abord secrétaire de la communauté des hospitalières, Marie Forestier est ensuite chargée de la rédaction des relations et de la correspondance de l'établissement de Québec. Le 20 octobre 1667, elle signe une lettre circulaire, publiée à Paris, chez Sébastien Cramoisy l'année suivante, dans laquelle elle demande des renforts pour sa communauté et dresse une liste des objets de première nécessité que les hospitalières espèrent recevoir de France. À la demande de ses consoeurs, elle rédige les premières annales de la communauté, source malheureusement détruite dans l'incendie de 1755. Au début du XVIIIe siècle, les mères de Saint-Ignace et de Sainte-Hélène l'utilisent pour retracer l'Histoire abrégée de l'établissement de l'Hôtel-Dieu de Québec, publiée en France en 1751 sous le titre Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec. On peut y lire, entre autres, le récit de la traversée et de l'établissement des hospitalières à Québec, rédigé par Marie Forestier. La mère de Saint-Bonaventure meurt à l'Hôtel-Dieu de Québec le 25 mai 1698, après une longue vie consacrée à la mission du Canada et au service des malades.
Marie Forestier n'a pas connu la célébrité de Marie de l'Incarnation. Elle est sortie de l'ombre au XIXe siècle, lorsque des historiens se sont intéressés aux premières fondations religieuses du Canada, mais a été bien oubliée depuis.
Oeuvres
- 1668: Lettre de la Révérende Mère Supérieure [Marie de Saint-Bonaventure de Jésus] des Religieuses hospitalières de Kébec en la Nouvelle-France, du 20 octobre 1667, à M. Bourgeois de Paris, Paris, Sébastien Cramoisy, 1668, 12 p. (Cette lettre, publiée sous forme de brochure, a été insérée par Cramoisy dans certains exemplaires de la Relation de François Le Mercier, Relation de ce qui s'est passé de plus remarquable aux missions des peres de la Compagnie de Jesus, en la Nouvelle France, aux années mil six cens soixante-six & mil six cens soixante-sept: envoyée au R.P. Jacques Bordier, provincial de la province de France,À Paris, Chez Sebastien Cramoisy, & Sebastien Mabre-Cramoisy, imprimeurs ordinaires du roy, 1668. Ces exemplaires de la Relation étaient destinés à des bienfaiteurs des hospitalières en France).
Choix bibliographique
- Casgrain, Henri-Raymond, Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, Québec, s. n., 1878.
- Juchereau de Saint-Ignace, Jeanne-Françoise et Regnard Duplessis de Sainte-Hélène, Marie-André, Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, Montauban, Jérôme Legier imprimeur, 1751 -- Réédité sous le titre Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec, Albert Jamet (éd.), Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939.
- Pelletier, Jean-Guy, «Marie Forestier», in Dictionnaire biographique du Canada/ Canadian Dictionary of Canadian Biography, Sainte-Foy et Toronto, Presses de l'Université Laval et Toronto University Press, t.1, 1966, p.318.
- Pelletier, Jean-Guy, «Forestier (Marie)», in Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastiques, t.17, 1971, col.1042-1043.
- Deslandres, Dominique, «Femmes missionnaires en Nouvelle-France. Les débuts des ursulines et des hospitalières à Québec», in La religion de ma mère. Les femmes et la transmission de la foi, Jean Delumeau (éd.), Paris, Cerf, 1992, p.209-224.
Liens électroniques
Pelletier, Jean-Guy, «Marie Forestier», Dictionnaire biographique du Canada en ligne/ Canadian Dictionary of Canadian Biography on Line
Jugements
- «L'année suivante Dieu nous visita encore par la mort de deux de nos Religieuses; la premiere fut la Mere Marie Forestier de Saint Bonaventure de Jésus, qui mourut le 25. De May 1698. Agée de 82. Ans, elle en avoit 74. De Religion: étant entrée dès l'age de 8 ans dans un Couvent, & n'ayant jamais été exposée aux dangers du monde, dont elle avoit toujours eu un grand éloignement; c'étoit une de nos trois premieres Meres venues de France, pour fonder notre Hôtel-Dieu; elle succeda à la Mere Guenet de Saint-Ignace dans la superiorité & elle a exercé cette charge 21 an dans différens triennaux: c'est elle à qui Dieu fit voir l'entrée de la Mere Saint Augustin au Ciel, il lui donna connoissance de plusieurs choses cachées, & elle recevoit des graces très singulieres de sa divine bonté; il ne se pouvoit rien ajoûter à la charité, à la douceur et au zele avec lequel elle servoit les pauvres; elle étoit naturellement bienfaisante, affective et accommodante, suportant les foiblesse du prochain avec une grande patience, aimant beaucoup les jeunes Religieuses qui se portoient au bien, les traitant avec une cordiale honnêteté, & gagnant plusieurs filles à Dieu par l'exemple de ses vertus, quoique son humilité lui fit cacher avec soin tout ce qui pouvoit lui faire honneur: elle a travaillé infatigablement pour l'établissement de ce Monastère; & Notre Seigneur a tellement beni ses soins & ses prieres, qu'elle a vû cette maison florissante; nous devons par reconnaissance la cherir, l'estimer, en conserver le souvenir: son grand âge avoit affoibli son esprit, elle etoit tombée dans l'enfance; mais la Sainte Habitude de la vertu d'obeïssance qu'elle avait contractée, la rendit si soumise, que quand elle demandoit quelque chose qu'on ne jugeois pas lui devoir accorder, celle qui avoit soin d'elle n'avoit qu'à lui dire notre Mere ne le veut pas; c'étoit assez pour qu'elle n'en temoignât plus aucune envie & qu'elle demeurât paisible, elle avoit encore dans sa grande vieillesse l'air du visage fort agreable, & les Sauvages l'avoient toujours appellée la belle, la bonne, la gentille» ([Juchereau de La Ferté de Saint-Ignace, Jeanne-Françoise et Marie-André Regnard Duplessis de Sainte-Hélène], Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, Montauban, Jérôme Legier imprimeur, 1751, p. 113-114).