Jeanne d'Arc : Différence entre versions
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Jeanne d’Arc est née, probablement en février 1412, dans une France fragilisée par le Grand Schisme (1378-1417), par la folie du roi Charles VI (de 1392 à sa mort en 1422), et déchirée par la guerre de Cent Ans: de nombreuses régions, dont Paris et l’Orléanais, sont sous domination anglo-bourguignonne, tandis que le dauphin, futur Charles VII, déclaré bâtard, est réfugié dans le «royaume de Bourges». Elle est la fille de paysans aisés, Jacques d'Arc (ou d'Ay ou Art) et Isabelle Romée, installés à Domrémy dans le duché de Bar. Elle a trois frères, dont deux la suivront dans ses chevauchées, et une sœur. Elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle est dotée d'une bonne formation religieuse. Elle est influencée par les cultes, en plein essor, de sainte Catherine d’Alexandrie (vierge martyre vainqueure de «50 docteurs», souvent représentée une épée à la main), sainte Marguerite d’Antioche (autre vierge martyre) et saint Michel (vainqueur du dragon). Elle a certainement entendu parler de femmes combattantes, moins rares qu’on ne le croit dans la France du Moyen Âge (cf. la «guerre des deux Jeanne», 1341-1364) et à une époque où l’on célèbre les «neuf Preuses» (dont elle deviendra «la dixième»). <br/> | Jeanne d’Arc est née, probablement en février 1412, dans une France fragilisée par le Grand Schisme (1378-1417), par la folie du roi Charles VI (de 1392 à sa mort en 1422), et déchirée par la guerre de Cent Ans: de nombreuses régions, dont Paris et l’Orléanais, sont sous domination anglo-bourguignonne, tandis que le dauphin, futur Charles VII, déclaré bâtard, est réfugié dans le «royaume de Bourges». Elle est la fille de paysans aisés, Jacques d'Arc (ou d'Ay ou Art) et Isabelle Romée, installés à Domrémy dans le duché de Bar. Elle a trois frères, dont deux la suivront dans ses chevauchées, et une sœur. Elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle est dotée d'une bonne formation religieuse. Elle est influencée par les cultes, en plein essor, de sainte Catherine d’Alexandrie (vierge martyre vainqueure de «50 docteurs», souvent représentée une épée à la main), sainte Marguerite d’Antioche (autre vierge martyre) et saint Michel (vainqueur du dragon). Elle a certainement entendu parler de femmes combattantes, moins rares qu’on ne le croit dans la France du Moyen Âge (cf. la «guerre des deux Jeanne», 1341-1364) et à une époque où l’on célèbre les «neuf Preuses» (dont elle deviendra «la dixième»). <br/> | ||
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* Viennot Éliane, « Une femme parmi d’autres », ''GEO Histoire'', avril-mai-juin 2008, 06907 (« La France de Jeanne d’Arc »), p.18-20. | * Viennot Éliane, « Une femme parmi d’autres », ''GEO Histoire'', avril-mai-juin 2008, 06907 (« La France de Jeanne d’Arc »), p.18-20. | ||
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Version actuelle en date du 9 mars 2022 à 15:13
Jeanne d'Arc | ||
Dénomination(s) | La Pucelle d'Orléans Sainte Jeanne d'Arc | |
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Biographie | ||
Date de naissance | 1412 | |
Date de décès | 1431 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) | ||
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779) |
Sommaire
Notice de René Locatelli et Eliane Viennot, 2012
Jeanne d’Arc est née, probablement en février 1412, dans une France fragilisée par le Grand Schisme (1378-1417), par la folie du roi Charles VI (de 1392 à sa mort en 1422), et déchirée par la guerre de Cent Ans: de nombreuses régions, dont Paris et l’Orléanais, sont sous domination anglo-bourguignonne, tandis que le dauphin, futur Charles VII, déclaré bâtard, est réfugié dans le «royaume de Bourges». Elle est la fille de paysans aisés, Jacques d'Arc (ou d'Ay ou Art) et Isabelle Romée, installés à Domrémy dans le duché de Bar. Elle a trois frères, dont deux la suivront dans ses chevauchées, et une sœur. Elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle est dotée d'une bonne formation religieuse. Elle est influencée par les cultes, en plein essor, de sainte Catherine d’Alexandrie (vierge martyre vainqueure de «50 docteurs», souvent représentée une épée à la main), sainte Marguerite d’Antioche (autre vierge martyre) et saint Michel (vainqueur du dragon). Elle a certainement entendu parler de femmes combattantes, moins rares qu’on ne le croit dans la France du Moyen Âge (cf. la «guerre des deux Jeanne», 1341-1364) et à une époque où l’on célèbre les «neuf Preuses» (dont elle deviendra «la dixième»).
À partir de l'été 1425, une «voix venant de Dieu», puis celles des trois saint-es lui révèlent qu’elle doit lever le siège d'Orléans, faire sacrer Charles VII à Reims, libérer Paris et «bouter les Anglais hors de France». En 1428, elle décide de leur obéir et contacte Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs pour Charles VII, qui l'éconduit. En février 1429, il cède et la fait conduire au roi avec une petite escorte. Désormais habillée en homme, elle traverse les terres bourguignonnes. Le 6 mars, elle est reçue à Chinon par le roi; selon la tradition, elle le reconnaît aussitôt, alors qu’il est dissimulé parmi ses courtisans, et elle lui révèle sa mission. Après plusieurs semaines d’interrogatoires, elle parvient à convaincre le roi et sa belle-mère, Yolande d’Aragon. Elle est alors armée aux frais du roi et gagne Orléans, où la rejoint, le 29 avril, le «Bâtard d'Orléans», futur comte de Dunois. Blessée le 6 mai, elle demeure au combat lors des attaques. Les Anglais lèvent le siège de la ville le 8.
Galvanisés par cette première victoire de la «Pucelle d'Orléans», les troupes royales reprennent les places fortes de la Loire. Jeanne convainc la cour de marcher sur Reims. Les victoires en pays bourguignons se succèdent, et Charles VII est sacré le 17 juillet 1429. Ce coup d’éclat conforte Jeanne dans sa volonté de poursuivre sa mission, malgré le scepticisme du roi , qui, tout en anoblissant sa famille, engage des négociations avec le duc de Bourgogne. Le 26 août, elle entre à Saint-Denis avec le roi, mais l'assaut tenté sur Paris se solde par un échec. En mai, Jeanne est blessée et faite prisonnière à Compiègne par Jean de Luxembourg, qui la remet au duc de Bedford contre 10000 livres tournois. Traînée de château en château jusqu’à Noël 1430, elle est enfermée à Rouen.
Afin de la faire passer pour sorcière, les Anglais font appel à des juges ecclésiastiques, dont Pierre Cauchon, évêque de Beauvais réfugié à Paris, et Jean Le Maistre, vicaire du grand inquisiteur de France, partisans des Anglo-Bourguignons et ennemis des femmes visionnaires. Elle subit la procédure inquisitoriale (absence d'avocat, secret sur le nom des témoins, recherche de l'aveu à tout prix) et elle est menacée de torture physique. Accusée d’hérésie, de rébellion contre les autorités, de commerce diabolique, d’usage de vêtements masculins, elle subit de nombreux interrogatoires. Le 24 mai, épuisée et affolée, elle abjure publiquement ses erreurs. Elle est condamnée à la prison perpétuelle, mais elle se rétracte et reprend des habits d'homme. Déclarée relapse, elle est livrée au bras séculier et brûlée le 30 mai 1431, sur la place du Vieux Marché.
Morte célébrissime et réhabilitée par l’Église au terme d’un nouveau procès (1455-1456), Jeanne a été intégrée dans les listes de femmes illustres dès le début du XVIe siècle, tout en restant quelque peu suspecte. Voltaire l’a ridiculisée dans son épopée comique, La Pucelle (1762). À nouveau célébrée par les Romantiques, notamment Michelet (Jeanne d'Arc, 1853), elle est devenue l’objet d’un culte officiel sous la IIIe République, en tant qu’héroïne «française» luttant contre l’envahisseur «étranger» (au prix d’une lecture évidemment anachronique des faits). Revendiquée au début du 20e siècle par des radicaux, des rationalistes, des suffragettes, des monarchistes, des chrétiens de droite…, elle a surtout été appropriée, après sa canonisation (1874-1920), par la droite nationaliste, tandis qu’elle restait un objet de rumeurs populaires fantaisistes et de théories pseudo-scientifiques.
Malgré une masse d’excellentes études réalisées sur son compte, dont quelques-unes nourries de la nouvelle réflexion sur le genre, cette popularité douteuse, couplée à la méconnaissance de l’histoire des femmes de la fin du Moyen Âge, continue pour l’essentiel de faire de Jeanne d’Arc une figure qui ne fait pas sens.
Choix bibliographique
- Beaune Colette, Jeanne d'Arc, Paris, Perrin, 2004, réed. 2009.
- Beaune Colette, Jeanne d'Arc, vérités et légendes, Perrin 2008.
- Duby, Andrée et Georges, Les procès de Jeanne d'Arc, Gallimard, 1973 .
- Krumeich, Gerd, Jeanne d’Arc en vérité, Paris, Tallandier, 2012.
- Michel, Christian, « Histoire, mémoire et représentation: figurer des scènes du Moyen Âge avant la Révolution », dans Historiographie de la France et mémoire du royaume au XVIIIe siècle, dir. Marc Fumaroli & Chantal Grell, Paris, H. Champion, 2006, p.319-344.
- Pellegrin Nicole, « Comment habiller Jeanne d’Arc ? Le Travestissement féminin guerrier et quelques artistes anglais(es) et français(es) du premier XIXe siècle », in G. Leduc (dir.), Travestissement féminin et liberté(s), Paris, L’Harmattan, 2006.
- Viennot Éliane, « Une femme parmi d’autres », GEO Histoire, avril-mai-juin 2008, 06907 (« La France de Jeanne d’Arc »), p.18-20.
Choix de liens électroniques
- Centre Jeanne d'Arc Centre Jeanne d'Arc
- Musea: Nicole Pellegrin, «Les genres de Jeanne d’Arc», [1]
- Sur le site de la Siefar, voir la bibliographie d'Olivier Bouzy et celle de Françoise Michaud-Frejaville