Amélie Louise de Berckheim : Différence entre versions
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− | Amélie Louise de Berckheim naît à Ribeauvillé le 15 juillet 1776. Fille de Philippe-Frédéric de Berckheim et de Marie-Octavie-Louise de Glaubitz, elle a, comme guide intellectuel et spirituel, le poète alsacien, Théophile Conrad Pfeffel. Dans le cercle, littéraire et amical, de Schoppenwihr, surnommée Lonny, elle a à cœur de développer ses qualités morales et intellectuelles. Jeune fille accomplie, harpiste talentueuse, elle apprend l’italien. À Rothau, elle fait la connaissance de Jean-Albert-Frédéric de Dietrich qu’elle épouse le 27 mai 1797. Installée à Strasbourg, dans l’hôtel place du Marché aux Chevaux, elle reçoit son amie Marie d’Oberkirch, fiancée à M. de Montbrison, Bernard-Frédéric de Turckheim, deuxième maire de Strasbourg pendant la Révolution. Elle est accueillie par la famille Franck dans leur hôtel particulier du Quai St-Nicolas pour des fêtes où se retrouvent des personnalités rhénanes, des militaires comme Kellermann et Desaix, des musiciens comme Pleyel. À l’automne 1797, elle déjeune avec Bonaparte à la Maison-Rouge à Strasbourg. En 1798, elle réside à Paris avec son époux qui tente de décrocher des commandes pour les forges. Elle est conviée dans leurs «campagnes» par les Alsaciens influents au Directoire, le Directeur Reubell et le ministre de la Guerre Scherrer. Elle y fait la connaissance de Mme Récamier et de Mme de Staël. Elle donne des réceptions aux Alsaciens de la capitale, à savoir Metzger, le député du Haut-Rhin, le couple Gloxin et M. de Golbéry. De retour à Strasbourg en octobre 1798, elle découvre les réalités des affaires de la Maison de Dietrich par son mari qui l’y associe. En 1799, confrontée à la situation difficile des Forges et au règlement ardu de la succession de son beau-père, Philippe Frédéric de Dietrich, elle diminue son train de maison, soucieuse d'épargne. Le 19 juin 1800, les banquiers Franck et Turckheim participent à la nouvelle société par actions. Afin d'être plus proche des Forges, elle s'installe au Jaegerthal avec Camille, sa deuxième fille, née le 15 janvier 1800. Elle y réside seule quand Fritz, son époux, retourne dans la capitale pour obtenir du consul une charge dans la fonction publique. En 1802, elle le retrouve à Strasbourg quand il devient « Inspecteur des îles et rives du Rhin, Conservateur des Eaux et Forêts du département du Bas-Rhin ». En 1803, elle s’occupe de ses deux filles, Amélie et Camille, puis met successivement au monde deux garçons, Albert et Eugène. Ses maternités ne l’empêchent pas de s’intéresser à la modernisation des usines que Fritz réalise grâce à la reprise d’activité des forges qu’entraînent les guerres napoléoniennes, ainsi qu’à la construction à Niederbronn d’un établissement nouveau. Le 3 février 1806, veuve et âgée de 29 ans, elle devient chef d’entreprise. Mère de quatre enfants en bas âge, elle s’impose comme la dame de fer de la Maison de Dietrich, alors que celle-ci est encore déficitaire. En plus du bois, elle utilise de la houille et du coke dans ses hauts fourneaux, sources d'énergie novatrices. En 1815, elle est nommée gérante de la société et en prend la direction. Mais quand le 12 mai 1818, sa fille Amélie se marie avec Frédéric Guillaume de Turckheim, elle est amenée à partager les responsabilités de l'entreprise avec celui qu'elle surnomme le « gendre précieux ». En 1827, elle crée la nouvelle société « Veuve de Dietrich et fils » qu’elle gère jusqu'à sa mort en 1854 avec son gendre et ses fils, seuls détenteurs avec elle de la totalité des parts. En 1828, son fils Albert épouse l'aînée de ses cousines, Octavie de Stein, ce qui crée de nouveaux liens entre les deux sœurs. Depuis 1836, l'année du décès de sa fille Camille, Amélie n'a plus une vue excellente. En 1842, elle apprend la mort de sa sœur Octavie lors d’une opération de la cataracte à Heidelberg. En 1844, elle agrandit la société familiale avec les usines de Mouterhouse et de Mertzwiller qui porte la dénomination actuelle « De Dietrich et Cie ». Elle meurt à Strasbourg le 24 décembre 1855.<br/> | + | Amélie Louise de Berckheim naît à Ribeauvillé le 15 juillet 1776. Fille de Philippe-Frédéric de Berckheim et de Marie-Octavie-Louise de Glaubitz, elle a, comme guide intellectuel et spirituel, le poète alsacien, Théophile Conrad Pfeffel. Dans le cercle, littéraire et amical, de [[Cercle de Schoppenwihr|Schoppenwihr]], surnommée Lonny, elle a à cœur de développer ses qualités morales et intellectuelles. Jeune fille accomplie, harpiste talentueuse, elle apprend l’italien. À Rothau, elle fait la connaissance de Jean-Albert-Frédéric de Dietrich qu’elle épouse le 27 mai 1797. Installée à Strasbourg, dans l’hôtel place du Marché aux Chevaux, elle reçoit son amie [[Marie Philippine Frédérique Dorothée d’Oberkirch|Marie d’Oberkirch]], fiancée à M. de Montbrison, Bernard-Frédéric de Turckheim, deuxième maire de Strasbourg pendant la Révolution. Elle est accueillie par la famille Franck dans leur hôtel particulier du Quai St-Nicolas pour des fêtes où se retrouvent des personnalités rhénanes, des militaires comme Kellermann et Desaix, des musiciens comme Pleyel. À l’automne 1797, elle déjeune avec Bonaparte à la Maison-Rouge à Strasbourg. En 1798, elle réside à Paris avec son époux qui tente de décrocher des commandes pour les forges. Elle est conviée dans leurs «campagnes» par les Alsaciens influents au Directoire, le Directeur Reubell et le ministre de la Guerre Scherrer. Elle y fait la connaissance de Mme Récamier et de Mme de Staël. Elle donne des réceptions aux Alsaciens de la capitale, à savoir Metzger, le député du Haut-Rhin, le couple Gloxin et M. de Golbéry. De retour à Strasbourg en octobre 1798, elle découvre les réalités des affaires de la Maison de Dietrich par son mari qui l’y associe. En 1799, confrontée à la situation difficile des Forges et au règlement ardu de la succession de son beau-père, Philippe Frédéric de Dietrich, elle diminue son train de maison, soucieuse d'épargne. Le 19 juin 1800, les banquiers Franck et Turckheim participent à la nouvelle société par actions. Afin d'être plus proche des Forges, elle s'installe au Jaegerthal avec Camille, sa deuxième fille, née le 15 janvier 1800. Elle y réside seule quand Fritz, son époux, retourne dans la capitale pour obtenir du consul une charge dans la fonction publique. En 1802, elle le retrouve à Strasbourg quand il devient « Inspecteur des îles et rives du Rhin, Conservateur des Eaux et Forêts du département du Bas-Rhin ». En 1803, elle s’occupe de ses deux filles, Amélie et Camille, puis met successivement au monde deux garçons, Albert et Eugène. Ses maternités ne l’empêchent pas de s’intéresser à la modernisation des usines que Fritz réalise grâce à la reprise d’activité des forges qu’entraînent les guerres napoléoniennes, ainsi qu’à la construction à Niederbronn d’un établissement nouveau. Le 3 février 1806, veuve et âgée de 29 ans, elle devient chef d’entreprise. Mère de quatre enfants en bas âge, elle s’impose comme la dame de fer de la Maison de Dietrich, alors que celle-ci est encore déficitaire. En plus du bois, elle utilise de la houille et du coke dans ses hauts fourneaux, sources d'énergie novatrices. En 1815, elle est nommée gérante de la société et en prend la direction. Mais quand le 12 mai 1818, sa fille Amélie se marie avec Frédéric Guillaume de Turckheim, elle est amenée à partager les responsabilités de l'entreprise avec celui qu'elle surnomme le « gendre précieux ». En 1827, elle crée la nouvelle société « Veuve de Dietrich et fils » qu’elle gère jusqu'à sa mort en 1854 avec son gendre et ses fils, seuls détenteurs avec elle de la totalité des parts. En 1828, son fils Albert épouse l'aînée de ses cousines, Octavie de Stein, ce qui crée de nouveaux liens entre les deux sœurs. Depuis 1836, l'année du décès de sa fille Camille, Amélie n'a plus une vue excellente. En 1842, elle apprend la mort de sa sœur [[Octavie de Berckheim|Octavie]] lors d’une opération de la cataracte à Heidelberg. En 1844, elle agrandit la société familiale avec les usines de Mouterhouse et de Mertzwiller qui porte la dénomination actuelle « De Dietrich et Cie ». Elle meurt à Strasbourg le 24 décembre 1855.<br/> |
En donnant une absolue prééminence au capital familial, par des pratiques d'autofinancement, Amélie préserve la concentration géographique de l’entreprise. Sa gestion s’appuie sur une administration centralisée et une organisation du travail tournée vers des productions spécialisées. L'ampleur et la constance de son action s’expliquent par son énergie et ses capacités intellectuelles. Au début du XXIe siècle, la Maison de Dietrich illustre la longévité des dynasties industrielles européennes. Amélie est aujourd’hui reconnue comme une des premières femmes d’affaires du monde industriel. | En donnant une absolue prééminence au capital familial, par des pratiques d'autofinancement, Amélie préserve la concentration géographique de l’entreprise. Sa gestion s’appuie sur une administration centralisée et une organisation du travail tournée vers des productions spécialisées. L'ampleur et la constance de son action s’expliquent par son énergie et ses capacités intellectuelles. Au début du XXIe siècle, la Maison de Dietrich illustre la longévité des dynasties industrielles européennes. Amélie est aujourd’hui reconnue comme une des premières femmes d’affaires du monde industriel. | ||
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* ADD 70/4/1: « Mes dernières volontés » [testament] | * ADD 70/4/1: « Mes dernières volontés » [testament] | ||
− | * ADD – G de D. 98/III/4/11,12 : lettres à Mme Pauli (1801-1802) | + | * ADD – G. de D. 98/III/4/11,12 : lettres à Mme Pauli (1801-1802) |
* ADD – G. de D. 98/III/6 : lettres à son mari et à son fils Albert. | * ADD – G. de D. 98/III/6 : lettres à son mari et à son fils Albert. | ||
* ADD – G. de D. 98/III/6/17 à 23 : lettres et documents divers, dont une procuration donnée à M. Chabrond, jurisconsulte à Paris (ADD – G. de D. 98/III/6/14 : 12.9.1807) ; une note sur les premières attaques de Camille en juin 1830 et les maux d’yeux d’Amélie au mois d’octobre de la même année ; un discours religieux à sa mère en 1795 et pour le Jeudi saint 1796 (ADD – G. de D. 98/III/6/15). | * ADD – G. de D. 98/III/6/17 à 23 : lettres et documents divers, dont une procuration donnée à M. Chabrond, jurisconsulte à Paris (ADD – G. de D. 98/III/6/14 : 12.9.1807) ; une note sur les premières attaques de Camille en juin 1830 et les maux d’yeux d’Amélie au mois d’octobre de la même année ; un discours religieux à sa mère en 1795 et pour le Jeudi saint 1796 (ADD – G. de D. 98/III/6/15). | ||
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* Poème dédié par Hammer à Amélie, monument et paysage en taille-douce et texte imprimé sur soie (s.d.) (ADD 93/3/7) | * Poème dédié par Hammer à Amélie, monument et paysage en taille-douce et texte imprimé sur soie (s.d.) (ADD 93/3/7) | ||
* Bouquet offert à Lony (sic) (Amélie) le jour de son mariage le 27 mai 1797 (ADD 93/3/1) | * Bouquet offert à Lony (sic) (Amélie) le jour de son mariage le 27 mai 1797 (ADD 93/3/1) | ||
− | * Poème « Les quatre fées » offert à Amélie le jour de son hyménée le 27 mai 1797 | + | * Poème « Les quatre fées » offert à Amélie le jour de son hyménée le 27 mai 1797(ADD 93 /3/9,10) |
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* Poème « Imitation du conte intitulé la couronne de Palas » (sic) pour le mariage d’Amélie (ADD 93/3/11) | * Poème « Imitation du conte intitulé la couronne de Palas » (sic) pour le mariage d’Amélie (ADD 93/3/11) | ||
* Contrat de mariage de Jean-Albert Frédéric de Dietrich et Amélie de Berckheim, sa dot 48.000 livres, Colmar le 27 mai 1797 (ADD 70/5/1) | * Contrat de mariage de Jean-Albert Frédéric de Dietrich et Amélie de Berckheim, sa dot 48.000 livres, Colmar le 27 mai 1797 (ADD 70/5/1) | ||
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* Passeports pour Jean-Albert Frédéric de Dietrich et son épouse Amélie de Berckheim pour leur séjour à Paris, messidor an VI, en quête de moyens financiers pour la reprise des forges. | * Passeports pour Jean-Albert Frédéric de Dietrich et son épouse Amélie de Berckheim pour leur séjour à Paris, messidor an VI, en quête de moyens financiers pour la reprise des forges. | ||
* Faire part de décès d’Amélie à Strasbourg le 29 décembre 1855 à une heure du matin, éloge funèbre (ADD 70/5/2) | * Faire part de décès d’Amélie à Strasbourg le 29 décembre 1855 à une heure du matin, éloge funèbre (ADD 70/5/2) | ||
− | * Correspondances adressées à Amélie : | + | * Correspondances adressées à Amélie : ADD71/7/1 à ADD 71/7/34, 34 lettres de Pierre Ochs à sa nièce Amélie de Dietrich née de Berckheim, de 1806 à 1821 (en allemand) ; une lettre non datée d’Emma Ochs, en allemand. ; ADD 71/5/3 à ADD 71/5/37, lettres d’Emilie Dietrich, née Pauli.; ADD 71/6/1 à ADD 71/6/17, lettres de Mme de Dolomieu, née de Montjoie. ; ADD 71/13/1 à ADD 71/13/19, lettres de Scipion Périer (Paris, 1808 à 1819). |
− | ADD71/7/1 à ADD 71/7/34, 34 lettres de Pierre Ochs à sa nièce Amélie de Dietrich née de Berckheim, de 1806 à 1821 (en allemand) ; une lettre non datée d’Emma Ochs, en allemand. | + | |
− | ADD 71/5/3 à ADD 71/5/37, lettres d’Emilie Dietrich, née Pauli. | + | |
− | ADD 71/6/1 à ADD 71/6/17, lettres de Mme de Dolomieu, née de Montjoie. | + | |
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Archives de Turckheim, Bibliothèque Universitaire de Strasbourg | Archives de Turckheim, Bibliothèque Universitaire de Strasbourg | ||
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* Pfeffel, Amédée-Conrad, Die vier Feen. Ein Sträuschen für Amalien an ihrem Brautfeste den 27 may 1797, Les Quatre Fées, bouquet offert à Amélie le jour de son hyménée 27 mai 1797, Basel, Wilhelm Haas, 1797, 2 feuillets. Version française et allemande [Réserve Bibliothèque universitaire de Strasbourg, R. 105.537, 04]. | * Pfeffel, Amédée-Conrad, Die vier Feen. Ein Sträuschen für Amalien an ihrem Brautfeste den 27 may 1797, Les Quatre Fées, bouquet offert à Amélie le jour de son hyménée 27 mai 1797, Basel, Wilhelm Haas, 1797, 2 feuillets. Version française et allemande [Réserve Bibliothèque universitaire de Strasbourg, R. 105.537, 04]. | ||
+ | ==Choix bibliographique== | ||
+ | * Hennequin-Lecomte, Laure, « La geste révolutionnaire des de Dietrich : les exempla d’une lignée protestante cosmopolite », dans ''Les noblesses françaises dans l’Europe de la Révolution'', dir. Philippe Bourdin, Presses Universitaires de Rennes et Blaise Pascal, 2010, p. 499-510. | ||
+ | * Hennequin-Lecomte, Laure, ''Le patriciat strasbourgeois (1789-1830). Destins croisés et voix intimes'', Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2011. | ||
+ | * Hennequin-Lecomte, Laure, ''Amélie, dame de fer de Dietrich'', Strasbourg, Vent d’Est Editions, collection Hommes remarquables d’Alsace, parution en octobre 2014. | ||
+ | * Kintz, Jean-Pierre ''et al.'', (dir), ''Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne'' n°3, Bec à Bix, Fédération d'histoire et d'archéologie d'Alsace., Strasbourg, 1982-2003, p.173. | ||
+ | * Wilhelm, Sandrine, "Amélie de Berckheim. Un chef d'entreprise de la première moitié du XIXe siècle", mémoire de maîtrise, Strasbourg II, 1987. | ||
+ | ==Choix iconographique== | ||
+ | * 1797-1806 ? : Anonyme, ''Portrait d’Amélie'' –- Reproduction dans Michel Hau, ''La Maison De Dietrich de 1684 à nos jours'', Strasbourg, Oberlin, 1998, p.62. | ||
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+ | ==Jugements== | ||
+ | « J’ai retrouvé aussi, dans le cercle que parcourait ma pensée, notre Amélie, également bonne et belle, Amélie, habitant une grande ville, jouissant des plaisirs qu’elle offre, voyant tous les jours la sensation qu’elle y fait par sa beauté, admirée de tous, adorée, mais non moins simple, modeste et pleine de candeur que, lorsque, vivant au sein de la famille et de la retraite, elle ignorait encore tous les avantages dont la nature l’avait douée. » (Annette de Rathsamhausen, dans Gustave de Gérando, ''Lettres de la baronne de Gérando, née de Rathsamhausen, suivies de fragments d'un journal écrit par elle de 1800 à 1804'', Paris, 2e édition, Didier et Compagnie, libraires éditeurs, 1880, p. 132). | ||
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Version actuelle en date du 16 décembre 2014 à 16:02
Amélie Louise de Berckheim | ||
Conjoint(s) | Jean Albert-Frédéric de Dietrich 21 août 1773-3 février 1806 | |
---|---|---|
Dénomination(s) | Lonny | |
Biographie | ||
Date de naissance | 15 juillet 1776 | |
Date de décès | 24 décembre 1855 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Laure Hennequin-Lecomte, 2013
Amélie Louise de Berckheim naît à Ribeauvillé le 15 juillet 1776. Fille de Philippe-Frédéric de Berckheim et de Marie-Octavie-Louise de Glaubitz, elle a, comme guide intellectuel et spirituel, le poète alsacien, Théophile Conrad Pfeffel. Dans le cercle, littéraire et amical, de Schoppenwihr, surnommée Lonny, elle a à cœur de développer ses qualités morales et intellectuelles. Jeune fille accomplie, harpiste talentueuse, elle apprend l’italien. À Rothau, elle fait la connaissance de Jean-Albert-Frédéric de Dietrich qu’elle épouse le 27 mai 1797. Installée à Strasbourg, dans l’hôtel place du Marché aux Chevaux, elle reçoit son amie Marie d’Oberkirch, fiancée à M. de Montbrison, Bernard-Frédéric de Turckheim, deuxième maire de Strasbourg pendant la Révolution. Elle est accueillie par la famille Franck dans leur hôtel particulier du Quai St-Nicolas pour des fêtes où se retrouvent des personnalités rhénanes, des militaires comme Kellermann et Desaix, des musiciens comme Pleyel. À l’automne 1797, elle déjeune avec Bonaparte à la Maison-Rouge à Strasbourg. En 1798, elle réside à Paris avec son époux qui tente de décrocher des commandes pour les forges. Elle est conviée dans leurs «campagnes» par les Alsaciens influents au Directoire, le Directeur Reubell et le ministre de la Guerre Scherrer. Elle y fait la connaissance de Mme Récamier et de Mme de Staël. Elle donne des réceptions aux Alsaciens de la capitale, à savoir Metzger, le député du Haut-Rhin, le couple Gloxin et M. de Golbéry. De retour à Strasbourg en octobre 1798, elle découvre les réalités des affaires de la Maison de Dietrich par son mari qui l’y associe. En 1799, confrontée à la situation difficile des Forges et au règlement ardu de la succession de son beau-père, Philippe Frédéric de Dietrich, elle diminue son train de maison, soucieuse d'épargne. Le 19 juin 1800, les banquiers Franck et Turckheim participent à la nouvelle société par actions. Afin d'être plus proche des Forges, elle s'installe au Jaegerthal avec Camille, sa deuxième fille, née le 15 janvier 1800. Elle y réside seule quand Fritz, son époux, retourne dans la capitale pour obtenir du consul une charge dans la fonction publique. En 1802, elle le retrouve à Strasbourg quand il devient « Inspecteur des îles et rives du Rhin, Conservateur des Eaux et Forêts du département du Bas-Rhin ». En 1803, elle s’occupe de ses deux filles, Amélie et Camille, puis met successivement au monde deux garçons, Albert et Eugène. Ses maternités ne l’empêchent pas de s’intéresser à la modernisation des usines que Fritz réalise grâce à la reprise d’activité des forges qu’entraînent les guerres napoléoniennes, ainsi qu’à la construction à Niederbronn d’un établissement nouveau. Le 3 février 1806, veuve et âgée de 29 ans, elle devient chef d’entreprise. Mère de quatre enfants en bas âge, elle s’impose comme la dame de fer de la Maison de Dietrich, alors que celle-ci est encore déficitaire. En plus du bois, elle utilise de la houille et du coke dans ses hauts fourneaux, sources d'énergie novatrices. En 1815, elle est nommée gérante de la société et en prend la direction. Mais quand le 12 mai 1818, sa fille Amélie se marie avec Frédéric Guillaume de Turckheim, elle est amenée à partager les responsabilités de l'entreprise avec celui qu'elle surnomme le « gendre précieux ». En 1827, elle crée la nouvelle société « Veuve de Dietrich et fils » qu’elle gère jusqu'à sa mort en 1854 avec son gendre et ses fils, seuls détenteurs avec elle de la totalité des parts. En 1828, son fils Albert épouse l'aînée de ses cousines, Octavie de Stein, ce qui crée de nouveaux liens entre les deux sœurs. Depuis 1836, l'année du décès de sa fille Camille, Amélie n'a plus une vue excellente. En 1842, elle apprend la mort de sa sœur Octavie lors d’une opération de la cataracte à Heidelberg. En 1844, elle agrandit la société familiale avec les usines de Mouterhouse et de Mertzwiller qui porte la dénomination actuelle « De Dietrich et Cie ». Elle meurt à Strasbourg le 24 décembre 1855.
En donnant une absolue prééminence au capital familial, par des pratiques d'autofinancement, Amélie préserve la concentration géographique de l’entreprise. Sa gestion s’appuie sur une administration centralisée et une organisation du travail tournée vers des productions spécialisées. L'ampleur et la constance de son action s’expliquent par son énergie et ses capacités intellectuelles. Au début du XXIe siècle, la Maison de Dietrich illustre la longévité des dynasties industrielles européennes. Amélie est aujourd’hui reconnue comme une des premières femmes d’affaires du monde industriel.
Oeuvres
Archives privées de la famille de Dietrich, château de Reichshoffen (Bas-Rhin)
- ADD 70/4/1: « Mes dernières volontés » [testament]
- ADD – G. de D. 98/III/4/11,12 : lettres à Mme Pauli (1801-1802)
- ADD – G. de D. 98/III/6 : lettres à son mari et à son fils Albert.
- ADD – G. de D. 98/III/6/17 à 23 : lettres et documents divers, dont une procuration donnée à M. Chabrond, jurisconsulte à Paris (ADD – G. de D. 98/III/6/14 : 12.9.1807) ; une note sur les premières attaques de Camille en juin 1830 et les maux d’yeux d’Amélie au mois d’octobre de la même année ; un discours religieux à sa mère en 1795 et pour le Jeudi saint 1796 (ADD – G. de D. 98/III/6/15).
Principales sources
Archives privées de la famille de Dietrich, château de Reichshoffen (Bas-Rhin)
- Livre de charades d’Amélie de Berckheim (ADD 93/3/1)
- Poème dédié par Hammer à Amélie, monument et paysage en taille-douce et texte imprimé sur soie (s.d.) (ADD 93/3/7)
- Bouquet offert à Lony (sic) (Amélie) le jour de son mariage le 27 mai 1797 (ADD 93/3/1)
- Poème « Les quatre fées » offert à Amélie le jour de son hyménée le 27 mai 1797(ADD 93 /3/9,10)
- Poème « Imitation du conte intitulé la couronne de Palas » (sic) pour le mariage d’Amélie (ADD 93/3/11)
- Contrat de mariage de Jean-Albert Frédéric de Dietrich et Amélie de Berckheim, sa dot 48.000 livres, Colmar le 27 mai 1797 (ADD 70/5/1)
- Poème de Jean-Albert Frédéric de Dietrich (s.d.) fr. Vers pour mettre au bas du buste d’Amélie par Chinard (ADD GdD II/5/4)
- Poème de Jean-Albert Frédéric de Dietrich à son épouse Amélie sur papier à en tête de « L’inspecteur des Eaux et Forêts des Iles et Rives du Rhin » (12 prairial an XIII) fr (ADD GdD II/5/5)
- Passeports pour Jean-Albert Frédéric de Dietrich et son épouse Amélie de Berckheim pour leur séjour à Paris, messidor an VI, en quête de moyens financiers pour la reprise des forges.
- Faire part de décès d’Amélie à Strasbourg le 29 décembre 1855 à une heure du matin, éloge funèbre (ADD 70/5/2)
- Correspondances adressées à Amélie : ADD71/7/1 à ADD 71/7/34, 34 lettres de Pierre Ochs à sa nièce Amélie de Dietrich née de Berckheim, de 1806 à 1821 (en allemand) ; une lettre non datée d’Emma Ochs, en allemand. ; ADD 71/5/3 à ADD 71/5/37, lettres d’Emilie Dietrich, née Pauli.; ADD 71/6/1 à ADD 71/6/17, lettres de Mme de Dolomieu, née de Montjoie. ; ADD 71/13/1 à ADD 71/13/19, lettres de Scipion Périer (Paris, 1808 à 1819).
Archives de Turckheim, Bibliothèque Universitaire de Strasbourg
- Carton 15 : lettres adressées à Bernard-Frédéric de Turckheim concernant le sauvetage de la Maison de Dietrich ; lettres de Frédéric De Dietrich et de son épouse née de Berckheim (liasse 3) ; papiers particuliers (feuillets n°59-130).
- Pfeffel, Amédée-Conrad, Die vier Feen. Ein Sträuschen für Amalien an ihrem Brautfeste den 27 may 1797, Les Quatre Fées, bouquet offert à Amélie le jour de son hyménée 27 mai 1797, Basel, Wilhelm Haas, 1797, 2 feuillets. Version française et allemande [Réserve Bibliothèque universitaire de Strasbourg, R. 105.537, 04].
Choix bibliographique
- Hennequin-Lecomte, Laure, « La geste révolutionnaire des de Dietrich : les exempla d’une lignée protestante cosmopolite », dans Les noblesses françaises dans l’Europe de la Révolution, dir. Philippe Bourdin, Presses Universitaires de Rennes et Blaise Pascal, 2010, p. 499-510.
- Hennequin-Lecomte, Laure, Le patriciat strasbourgeois (1789-1830). Destins croisés et voix intimes, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2011.
- Hennequin-Lecomte, Laure, Amélie, dame de fer de Dietrich, Strasbourg, Vent d’Est Editions, collection Hommes remarquables d’Alsace, parution en octobre 2014.
- Kintz, Jean-Pierre et al., (dir), Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne n°3, Bec à Bix, Fédération d'histoire et d'archéologie d'Alsace., Strasbourg, 1982-2003, p.173.
- Wilhelm, Sandrine, "Amélie de Berckheim. Un chef d'entreprise de la première moitié du XIXe siècle", mémoire de maîtrise, Strasbourg II, 1987.
Choix iconographique
- 1797-1806 ? : Anonyme, Portrait d’Amélie –- Reproduction dans Michel Hau, La Maison De Dietrich de 1684 à nos jours, Strasbourg, Oberlin, 1998, p.62.
Jugements
« J’ai retrouvé aussi, dans le cercle que parcourait ma pensée, notre Amélie, également bonne et belle, Amélie, habitant une grande ville, jouissant des plaisirs qu’elle offre, voyant tous les jours la sensation qu’elle y fait par sa beauté, admirée de tous, adorée, mais non moins simple, modeste et pleine de candeur que, lorsque, vivant au sein de la famille et de la retraite, elle ignorait encore tous les avantages dont la nature l’avait douée. » (Annette de Rathsamhausen, dans Gustave de Gérando, Lettres de la baronne de Gérando, née de Rathsamhausen, suivies de fragments d'un journal écrit par elle de 1800 à 1804, Paris, 2e édition, Didier et Compagnie, libraires éditeurs, 1880, p. 132).