À l’occasion de la publication récente d’une édition intégrale et moderne des Contemporaines, en dix tomes, chez Champion, la Société Rétif de la Bretonne et l’Institut de Recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières organisent une journée d’étude le vendredi 5 octobre à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Seront les bienvenues les communications qui contribueront à éclairer l’importance de cette œuvre dans la production littéraire de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et dans la carrière de Rétif. L’attention des lecteurs et des chercheurs s’est toujours portée de préférence sur les Contemporaines du commun, au nom du pittoresque et du réalisme. Les nouvelles recueillies dans les anthologies sont en grande majorité prises dans cette deuxième série des Contemporaines. Avec l’édition intégrale, le moment est venu d’analyser d’autres facettes de l’œuvre, d’envisager un ensemble. Ainsi s’offrent de nouvelles pistes. Il semble intéressant, par exemple, d’explorer les sujets suivants :
- l’examen des titres, montrant un jeu d’oppositions ou de symétries (comme l’écrit Cubières : « Tout dans cet ouvrage admirable vit par les oppositions et les contrastes », p. 48 de sa Notice sur l’œuvre de Rétif), ou un principe d’organisation sérielle ;
- une littérature de la variation qui peut être observée dans les scénarios autobiographiques ;
- pour la première fois, on dispose, pour chaque nouvelle des première et deuxième séries, des variantes de la 2e édition. Une étude stylistique permettrait de corriger l’image d’un Rétif vantant les mérites du premier jet ;
- l’organisation du récit : caractères des introductions (topographie, leçon morale, conditions dans lesquelles le sujet est parvenu à sa connaissance : rencontre, canevas…) ; dialogues (gages de réalisme) ;
- Les Contemporaines comme œuvre collective : appels à contribution, contributeurs, canevas ;
- le rapport entre le texte et l’illustration (le choix de la scène illustrée est-il le choix du dessinateur ou de l’écrivain, ou des deux ?) ;
- l’étude du paratexte (préfaces, notes de l’auteur) montre quel soin Rétif prend de la réception de son œuvre. S’y dessine parfois le public destinataire : aristocrates et bourgeois qui ne connaissent pas les autres classes sociales (la rue et le peuple comme exotisme), et les lingères, couturières, etc. mais en ce cas au nom d’une littérature qui n’est ni savante, ni académique ;
- l’histoire du livre, de sa publication et de sa réception ;
- l’inscription du lecteur dans les nouvelles ;
- les masques de l’écrivain (pseudonymes et anagrammes), et son implication dans certaines nouvelles nous livrent aussi le portrait de l’écrivain en personnage d’une histoire non autobiographique ; réflexion sur la figure de l’auteur ;
- théâtre et récit : l’oralité dans les nouvelles, ou l’adaptation théâtrale d’une nouvelle (Le Loup dans la bergerie et le sorcier, 70e Contemporaine, éd. cit., t. III et La Marchande de modes ou le loup dans la bergerie, t. II du Théâtre (comédie imprimée aussi dans Ingénue Saxancour) ;
- la place de la vie littéraire et théâtrale de son temps (Rétif chroniqueur et critique).
On se reportera avec intérêt aux volumes des Études rétiviennes, notamment au n° 29 de décembre 1998, au n° 31 de décembre 1999, contenant les Actes du colloque sur « Rétif et l’image », et au n° 44 de décembre 2012, autant pour ce qui concerne les récits que pour les illustrations. Les propositions (1000 signes environ) ainsi qu’une courte bio-bibliographie sont à adresser à : linda.gil@univ-montp3.fr et gambert.didier@orange.fr Date limite d’envoi des propositions : 1er juin 2018.