Colloque international « Les ailleurs du genre aux périodes médiévale et moderne».
Le Mans Université
Les ailleurs du genre renvoient à l’idée d’une géographie, réelle et imaginaire, du genre. En tant que pensée de l’altérité, la pensée de la différence des sexes et des genres peut en effet se décliner dans l’espace. Ainsi, les voyages, réels ou fictifs, sont-ils souvent l’occasion de faire une place aux rapports entre les sexes et aux représentations de genres dans une culture étrangère. C’est d’ailleurs bien dans des ailleurs géographiques que viennent souvent se loger certaines figures marquées par la fluidité des genres : hermaphrodites inscrits dans l’insularité, amazones appartenant à des pays lointains, licornes situées sur terre ou dans les mers, passant en outre d’un genre à l’autre au cours de leur histoire. Passer les frontières géographiques, quitter ses attaches semble ainsi encourager à mettre en question les corps et leurs habituelles frontières. Les ailleurs géographiques impliquent un décentrement du point de vue sur les genres, un déplacement des imaginaires propices à l’ élaboration fantasmatique.
Les ailleurs du genre sont ainsi matériels et corporels et se réfèrent aux transformations voire aux changements de corps qui peuvent être conçus comme des « voyages » d’un corps à un autre, par lesquels peut se faire l’expérience d’une forme de déplacement physique lié à une transformation ou une modification du corps et du sexe. Les corps sont en effet le lieu d’ une expérience physique de l’ altérité de genre. On pourra notamment se demander comment les textes viennent rendre compte de ces changements corporels : jusqu’à quel degré de détail les textes vont-ils ? Quelle place occupe une approche médicale dans la description des corps et de leur fonctionnement ? Quel rôle demeure dévolu à l’imagination du lecteur par rapport à la possibilité d’une telle fluidité ?
On pense ici aux Métamorphoses d’ Ovide, par exemple. Pourront être envisagées dans cette dernière perspective les métamorphoses et hybridations entre personnes humaines et non humaines ainsi que les représentations et les projections imaginaires du corps genré sur le règne animal, voire végétal.
Les ailleurs du genre peuvent également être compris à un niveau plus métaphorique ou fictif, quand la fluidité des genres est conçue comme une expérience de pensée, comme une façon de se mettre à la place de l’autre ou de porter la « voix » de l’autre.
Le concept de l’ailleurs permettrait ainsi de penser la question du point de vue et de la diversité des voix productrices de représentations de genre et de leur réception. Il pourra explorer les formes de disjonction entre l’identité générique de l’auteur affiché et celle de l’auteur authentique dont l’expérience la plus connue est l’usage du pseudonyme. Cet aspect qui soulève le rapport problématique à l’autorité ou à la censure posera notamment la question de la reconnaissance culturelle.
Ces différentes dimensions peuvent d’ailleurs s’entrecroiser, puisqu’on trouvera aussi bien des récits de personnages fictifs qui voyagent en se travestissant, en jouant sur les genres, que des diatribes contre les voyageurs qui s’efféminent parce qu’ils ont (mal) voyagé.
Les contributions, sous forme de communications de 25 minutes, en français et/ou en anglais, s’adressant aussi bien aux arts littéraires que visuels et de la performance, pourront s’articuler notamment autour des points suivants :
– la représentation des ailleurs géographiques où le genre est déconstruit
– l’orientalisme et le genre
– la mise en question des genres dans les transferts culturels et notamment dans les traductions et adaptations.
– les néologismes, transferts linguistiques et grammaticaux et entrées en langues signalant un changement dans la construction linguistique des genres
– les expériences de l’altérité corporelle genrée
– les figurations et fantasmes autour de la fluidité de genres
– la rationalisation des représentations de l’altérité de genre
Les propositions de 300 mots sont à envoyer à Anne-Laure Fortin-Tournès Anne_Laure.Tournes@univ-lemans.fr, Juliette Morice Juliette.Morice@univ-lemans.fr et Laetitia Tabard Laetitia.Tabard@univ-lemans.fr avant le 10 janvier 2022.
Comité d’organisation :
Anne-Laure Fortin-Tournès (Le Mans Université, 3LAM), Juliette Morice (Le Mans Université, 3LAM), Laetitia Tabard (Le Mans Université, 3LAM), Lucie Valverde (Le Mans Université, 3LAM), Delphine Huet (Le Mans Université, 3LAM, Céline Cregut (Le Mans Université, 3LAM), Chloé Brice-Sana (Le Mans Université)
Comité scientifique :
Anne-Laure Fortin-Tournès (Le Mans Université, 3LAM), Juliette Morice (Le Mans Université, 3LAM), Laetitia Tabard (Le Mans Université, 3LAM), Nahema Hanafi (Université d’Angers, Temos), Frédérique Le Nan (Université d’Angers, 3LAM), Isabelle Trivisani-Moreau (Université d’Angers, 3LAM), Sophie Soccard (Le Mans Université, 3LAM), Sandra Contamina (Université d’Angers, 3LAM), Lucie Valverde (Le Mans Université, 3LAM).
Une publication aux PUR d’une sélection des communications est envisagée.