Donnemary-Dontilly (77), Éditions iXe, 24 octobre 2019, 124 p., 13€, ISBN 979-10-90062-52-8
De la fin du Moyen Âge aux premières décennies du XXe siècle, la France d’abord, puis certains grands pays d’Europe, puis leurs zones d’influence ont été le théâtre d’une gigantesque polémique sur la place et le rôle des femmes dans la société. Loin d’être un simple jeu littéraire, comme on l’a longtemps soutenu, cette polémique a accompagné les efforts concrets de certains groupes sociaux pour empêcher, ou au contraire pour permettre l’accès des femmes et des hommes aux mêmes activités, aux mêmes droits, aux mêmes pouvoirs, aux mêmes richesses, à la même reconnaissance. Du poème à l’essai, en passant par les plaidoyers, les pamphlets, les romans, les représentations théâtrales et picturales, la Querelle des femmes a porté sur à peu près tous les sujets, du pouvoir suprême aux relations amoureuses, en passant par le travail, la famille, le mariage, l’éducation, le corps, l’art, la religion, la langue… Or elle est aujourd’hui à peu près inconnue, notamment dans le pays qui l’a vue naitre.
S’appuyant sur le programme de recherche initié par la SIEFAR et soutenu par l’IHRIM (Revisiter la Querelle des femmes : discours sur l’égalité/inégalité des sexes de la Renaissance aux lendemains de la Révolution, 4 vol. parus aux Publications de Saint-Étienne entre 2012 et 2015), ce petit ouvrage est une porte d’entrée dans cette longue controverse, à travers les opinions parfois convergentes, parfois divergentes, qu’en ont ses spécialistes. Mais c’est avant tout une réflexion sur sa disparition du paysage historique, en vertu du “N’en parlons plus” que préconisaient, dans la France de l’après-guerre, ceux qui venaient de perdre la bataille du vote féminin… et qui n’entendaient pas que l’égalité avance trop vite.
Éliane VIENNOT est une militante féministe depuis les années 1970, qui s’est notamment investie dans les campagnes pour le droit à l’avortement, pour la parité et pour l’institutionnalisation des études féministes. Professeure émérite de littérature française à l’université de Saint-Étienne, spécialiste de Marguerite de Valois, elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique.