– que bien des termes traités de néologismes existent depuis fort longtemps (officière…),
– que certains vrais néologismes sont évitables (auteure…), quand leur équivalent est attesté de longue date (autrice…),
– que la règle de masculinité (ou de pseudo neutralité) des noms de fonction est d’invention récente,
– que bien d’autres phénomènes ont été affectés par la masculinisation rampante dont la langue française a été l’objet à partir de la Renaissance. Il en est ainsi des noms communs (parfois arbitrairement transférés d’un genre dans l’autre), des noms propres (parfois féminisés ou masculinisés dans l’ancienne langue, à la manière des prénoms), des pronoms et des formes adjectivales du verbe (variables en genre dans l’ancienne langue, bloqués sur la forme masculine dans l’actuelle), des accords (avec le dernier mot dans l’ancienne langue, selon la règle qui veut que «le masculin l’emporte sur le féminin» dans l’actuelle).
Il nous a également semblé intéressant de montrer que les débats, voire les polémiques sur toutes ces questions, ne sont pas propres à notre temps. Les locuteurs et locutrices témoins de ces interventions sur la langue y ont en effet beaucoup résisté, qu’elles/ils l’aient fait savoir ou qu’elles/ils se soient contenté-es de maintenir leurs habitudes langagières, contre les avis des «Messieurs» de l’Académie et de leurs épigones.
En fournissant, pour chaque phénomène, des exemples accompagnés de références, nous espérons à la fois enrichir le débat et le dépassionner. Il ne s’agit pas tant, aujourd’hui, de «féminiser» la langue française, que de lui permettre de renouer avec son fonctionnement propre: un fonctionnement bi-genré, attesté par des siècles d’usages.