– 1396 : «Jehanne l’escripvaine»
Cité par Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle.
– fin XIVe / déb. XVe : «Je suis mauvaise escripvaine, comme vous povez veoir par ceste lettre.»
Roman de Troïlus, trad. fr. du Filostrato de Boccace, publié dans Les Nouvelles Françaises du XIVe siècle, éd. Moland et d’Héricault (Paris, 1858), p.168. Cité par Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle.
– 1639 : «Tout affectation m’est insupportable et en une femme il me semble qu’il n’y a rien de si dégoustant que de s’ériger en escrivaine et entretenir pour cela seulement commerce avec les beaux esprits.»
Chapelain, «Lettre à M. de Balzac, 9 oct. 1639», in Ph. Tamizey de Larroque (éd.), Lettres, Paris, Impr. nat.,1880-1883, t. I.
– 2006 : «Écrivaines et fières de l’être!: Quarante ans, et déjà si vieux ronchon ! Frédéric Beigbeder intitule sa chronique dans le magazine Lire "Mon premier article réac". Il s’y déchaîne contre le mot écrivaine. Ce n’est même pas réac, c’est ringard! On se croirait revenu au 20e siècle, au temps où ministre, polytechnicien, académicien ou directeur n’avaient pas de féminin; pire, au 19e siècle, au temps où les parents de Camille Claudel interdisaient à leur fille de faire un métier qui n’existait qu’au masculin: sculpteur. "Je ne supporte pas les ‘écrivaines’, déclare Beigbeder, c’est physique. J’attrape une éruption cutanée dès que je lis ce terme immonde". Immonde! Comment un mot peut-il devenir dégoûtant, infect, répugnant quand il est mis au féminin’ Comment l’ajout d’un simple e peut -il rendre ignoble le si noble écrivain’ Réveillez-vous, cher confrère! Nous sommes au 21e siècle: le mot écrivaine est admis et utilisé. Vous déplorez que le milieu culturel l’ait assimilé et que la polémique se soit éteinte: "Des journalistes sérieux, des critiques respectés, écrivez-vous, tombent dans ce panneau pseudo-féministe importé du Québec". C’est en effet du Québec, de Suisse et de Belgique que provient le bon sens francophone: écrivaine est aussi correctement formé que souveraine ou châtelaine. Il ne s’agit nullement de "pseudo-féminisme", mais d’authentique langue française, celle que partagent tous les francophones, celle que font vivre les écrivaines comme les écrivains, et qui évolue avec les réalités du monde moderne. Pourquoi ne suis-je pas un écrivain’ Parce que je suis une femme de mon temps. Un temps où toutes les professions sont ouvertes aux deux sexes. Un temps où on appelle un chat un chat, une chatte une chatte, et une femme comme moi une écrivaine.»
Texte publié par Le Monde du 16 février 2006 et dans Lire, février 2005, p.10. Signé par plusieurs écrivaines dont Florence Montreynaud, Benoîte Groult, Annie Ernaux, Maryse Wolinski, Christiane Collange, Xavière Gauthier, Geneviève Brisac, Juliette Mincès, Olympia Alberti , Maud Tabachnik (écrivaines françaises); Thérèse Moreau, Maryse Renard, Janine Massard, Silvia Ricci Lempen (écrivaines suisses); Élaine Audet, Louise Cotnoir, Gloria Escomel, Lise Harou, Hélène Pedneault, Claire Varin, France Théoret; Claudine Bertrand, Louise Blouin, Linda Laporte et France Boucher, de la revue ARCADE (écrivaines québécoises).
–1762 : « Et comment pourrait-on se refuser d’admettre les termes d’Éditrice et d’Autrice, d’après les exemples nombreux de la formation, par principe, des termes de protectrice, de bienfaitrice, de coadjutrice, d’actrice, etc., tandis qu’on a été jusqu’à féminiser des termes de dignités qui ne sont point personnels aux femmes, comme Mad. la Présidente, Mad. la Conseillère, la Maîtresse des Comptes, Mad. la Maréchale, Mad. la Commandante, Mad. la Gouvernante, etc. ? »
« Lettre de Mlle Corr** à Mad. De Beaumer, Autrice du Journal des Dames », Nouveau Journal des dames, février 1762 (lire l’intégralité de la lettre et la réponse enthousiaste de Mme de Beaumer).
– 1461 : «Dame du ciel, regente terïenne,
Emperiere des infernaulx paluz…»
François Villon, La Ballade pour prier Nostre Dame Testament, in Poésies complètes, «Testament», 874, éd. Claude Thiry, Paris, Le Livre de porche, «Lettres gothiques», 1991, p. 161.
– 1578 : «La loy civile a donné pareil privilege aux Emperieres qu’avoient les Empereurs: combien que l’Empire ne cheust en quenouille non plus que le royaume de France; et leur ont esté decernez tres-grands honneurs qu’il n’est besoin raconter»
Jean Du Tillet, Les Memoires et recherches de Jean Du Tillet, greffier de la cour de Parlement à Paris, Contenans plusieurs choses memorables pour l’intelligence de l’estat des affaires de France, Rouen, Philippe de Tours, 1578, p.136.
– 1580 : «Et somme, à ma fantaisie, il n’est rien qu’elle ne fasse, ou qu’elle ne puisse : et avec raison l’appelle Pindarus, à ce qu’on m’adit, la Reine et Emperière du monde»
Montaigne, Essais, Livre 1, chap. XXIII, Paris, Gallimard «Folio», 2009, p.268.
– Fin XVIe :Les Trophées sacrés de la souveraine Empérière de l’univers
– Fin XVIe :«C’est pourquoi nous l’appellons la souveraineEmperière de l’univers, la thrésorière des cieux quy reçoit et distribue selon la volonté de Dieu, tous les thrésors de la grâce et de la gloire»
– Fin XVIIIe s. : «MASSE Amable Elisabeth. Empeseuse de dentelles de Monsieur. Epouse du sieur LEBAS, fils. Baptisée le 17 avril 1754 à Versailles Notre Dame, fille de Pierre MASSE, officier du comte de LA VAUGUYON, et de Elisabeth LANDRE. Pension accordée en considération de ses services pour lui tenir lieu de partie du traitement dont elle jouissait avant le mariage de Monsieur. (en septembre 1779 elle vivait rue du hazard, à Versailles Saint Louis).
Maison du Roi, Pensions sur le trésor, Carton O / 1 / 680 (http://www.cgvy.org/art680.html).