Colloque international organisé par l’Association Jean-Jacques Rousseau Neuchâtel et l’Association suisse Isabelle de Charrière, en collaboration avec l’Université de Neuchâtel, pour fêter le 250e anniversaire de l’arrivée de Rousseau à Môtiers et le 300e anniversaire de sa naissance
2012 est doublement une année Rousseau à Neuchâtel : non seulement 300e anniversaire de la naissance, mais aussi 250e anniversaire de son arrivée à Môtiers, où il s’installe pour trois ans à partir de juillet 1762. L’Association Jean-Jacques Rousseau de Neuchâtel, soucieuse de marquer cette date à sa manière, sans redoubler les grands rendez-vous savants qui vont ponctuer l’année Rousseau un peu partout dans le monde, s’est unie avec l’Association suisse Isabelle de Charrière pour organiser un colloque international mettant l’accent sur deux écrivains des Lumières qui ont élu, provisoirement ou durablement, le pays de Neuchâtel, et pariant sur les multiples rapprochements possibles entre leurs oeuvres. Cette manifestation doit aussi mettre en valeur la présence importante de fonds manuscrits des deux écrivains à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel.
Ce colloque privilégiera des approches littéraires et d’histoire culturelle dans lesquelles il s’agira de faire se rencontrer Rousseau et Charrière. Les propositions de communications éviteront donc les approches monographiques. L’idée de regards croisés est surtout à entendre comme invitation à une relecture croisée des deux oeuvres, avec élargissement possible à d’autres auteurs encore.
Quatre grands axes de travail sont proposés : oeuvres et genres ; génétique comparée ; réceptions et réinterprétations ; contextes et réseaux.
1. OEuvres et genres
La lecture croisée des textes pourra jouer dans les deux sens : textes de Rousseau révélateurs d’aspects signifiants de textes de Charrière, mais aussi oeuvres d’Isabelle permettant de faire ressortir des données, des potentiels, des non-dits dans les oeuvres de Jean-Jacques. Il ne s’agira donc pas de procéder à de simples comparaisons d’histoire des idées, mais de nourrir l’analyse et la compréhension de textes par leur confrontation. Les travaux secentreront sur des problématiques ou sur des pratiques d’écriture qui sont communes aux deux écrivains (politique, éducation, place de la femme dans la société, musique et écriture, rapport à l’art et au beau, conception du sujet, perspectives sur la Suisse et sur la culture française ; mise en jeu de questions dans la fiction, importance de l’épistolaire, stratégies pamphlétaires, postures d’écrivains) ? soit pour mettre en valeur des convergences, soit pour faire ressortir des écarts.
2. Génétique comparée
Les fonds manuscrits qu’abrite la BPU de Neuchâtel rendent possibles des études comparatives des pratiques d’écriture des deux auteurs : l’analyse des brouillons, des ratures, des corrections, des ajouts, révèle-t-elle des façons de travailler analogues ou dissemblables ? A partir des manuscrits, il est aussi possible de s’interroger sur les choix et les stratégies d’édition et de diffusion des textes à l’heure où les deux oeuvres se confrontent au choc technologique des éditions en ligne. Quels choix sont opérés par les éditeurs actuels « Dans quels univers virtuels ces manuscrits seront-ils appelés peut-être à circuler, avec quelles conséquences pour leur lecture et la figure de leur auteur »
3. Réceptions et réinterprétations
On peut envisager ici des études comparées de la réception des deux auteurs dans des contextes analogues (p. ex. le Journal helvétique). Cette section offre aussi l’occasion d’étudier de près la question d’une lecture féminine de Rousseau à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, en l’articulant à la lecture qu’en fait Charrière. Celle-ci peut nous servir de point de départ pour interroger la réception de Rousseau en termes de genre. Peut-on identifier un Rousseau « des femmes « et un Rousseau ? des hommes » » La lecture de l’oeuvre du philosophe genevois par Isabelle de Charrière correspond-elle, ou non, aux choix opérés par ses contemporaines (telles Isabelle de Montolieu ou Julie Bondeli) ? On pourrait, par exemple, explorer les raisons pour lesquelles sa querelle bien connue avec Germaine de Staël prend souvent la forme d’un conflit d’interprétation de l’héritage rousseauiste.
4. Contextes et réseaux
Des élargissements contextuels sont également souhaités. Ainsi, la principauté de Neuchâtel et ses élites pourraient être réinterrogées à la lumière de ces deux séjours d’écrivains et des maillages géo-culturels qu’ils révèlent entre le pays neuchâtelois, la France, la Hollande et la Prusse. Dans le cadre d’une histoire culturelle, le séjour neuchâtelois des deux écrivains soulève la question de l’exil en tant qu’il est vécu mais également en tant que thème repris dans les oeuvres. Les acteurs locaux avec lesquels Rousseau et Charrière entrent en contact incarnentils ces « lumières utiles ? que l’auteur de La Nouvelle Héloïse voulait voir s’épanouir loin de Paris ou, au contraire, renvoient-ils l’homme et la femme de lettres à leur marginalité »
Les chercheuses et chercheurs intéressés sont invité-e-s à soumettre une proposition d’intervention (max. 300 mots, avec indication de la section envisagée), accompagnée d’un curriculum vitae, jusqu’au 30 novembre 2010 à l’adresse suivante : Alain.Cernuschi@unil.ch
Comité scientifique du colloque
Claire Jaquier (Université de Neuchâtel), Michèle Crogiez Labarthe (Université de Berne),
Valérie Cossy et Alain Cernuschi (Université de Lausanne)