Présentation :
Le colloque Genre/genres (Gender/Genres) se propose d’articuler la question de l’identité à la croisée du genre sexuel et des genres littéraires. Etymologiquement en effet, le terme genus recouvre deux acceptions : celle de l’origine et celle de la catégorie. Genus sert à désigner ce qui sépare, divise, identifie, circonscrit. Paradoxalement, le genre ne semble pas pouvoir se passer de l’autre pour se définir, l’identité ne pas pouvoir se penser hors d’une division inaugurale. Historiquement, les sujets comme les textes se sont définis par le biais de catégories : on distingue les hommes et les femmes, la tragédie et la comédie, la poésie et le roman. La question de l’identité que recèle le genre peut conduire à l’interrogation sur la valeur, le jugement et la hiérarchisation des catégories sexuelles et/ou génériques. La question de l’altérité qui est au c’ur de la problématique du genre est inséparable de la menace que représente l’autre. Le genre implique une logique de lutte entre les genres dans la mesure où tout genre est porteur d’une prétention à l’emporter, à réduire les autres en sous-genres. Ainsi le « mauvais genre » signe la logique d’exclusion à l’œuvre dans tout genre. La contrainte et la norme sont toutefois conditions de possibilité. En effet, le genre n’est pas seulement constitué après coup, mais il sert aussi de modèle aux productions futures : il a donc une fonction créatrice. Entre performativité et travestissement, cette fonction créatrice du genre se met en œuvre, réaffirmant le genre et les genres tout en remettant sans cesse en cause leur légitimité et leur pertinence.
La littérature entendue au sens d’écriture brouille, bouscule et affole les catégories qu’elles soient sexuelles ou littéraires, répand la différence dans le genre. Des catégories que l’on tient pour atemporelles s’avèrent dès lors susceptibles de variations historiques, de renversements, d’élaborations multiples et discontinues.
La littérature a tenté et tente toujours de déconstruire le genre littéraire. Dans le même esprit, en anglais, le terme gender a cette force déconstructrice qui met en question. En effet, les théoriciens du genre ont employé ce mot pour l’opposer à « sexe » ou « identité sexuelle » et, ainsi, questionner les effets sociaux, linguistiques et historiques qui avaient induit l’idée d’une norme.
Les communications abordant les sujets les plus variés allant de la linguistique à l’histoire des idées en passant par la théorie des genres et le commentaire d’œuvres, quel que soit le siècle, sont les bienvenues, à condition qu’elles interrogent conjointement les notions de différence des sexes et de genres littéraires. Une publication des contributions est prévue, après sélection par un comité de lecture.
Les communications se feront en français ou en anglais. Les propositions sont à envoyer avant le 15 mai 2012 à Isabelle Alfandary (isabelle.alfandary@free.fr) et Vincent Broqua (vincentbroqua@gmail.com)