Paris, Hermann, juillet 2022, 464 p. 42 €, 9791037019653
Du Formicarius de Nider à La Sorcière de Michelet, des textes écrits par des juristes, philosophes, théologiens ou médecins élaborent, en relation avec les savoirs et croyances de leur époque, la définition et la représentation de la sorcellerie démoniaque. Cette figure évolue entre la fin du XVe et le XVIIe siècle, se précise tandis que se développe la répression, et participe aux débats idéologiques, à la mise en place des différents systèmes de pouvoirs, politiques, juridiques ou scientifiques. Elle reste pour les Lumières et le Romantisme un domaine d’interrogation, trouve un relai chez les aliénistes de l’école de Charcot, et continue à jouer un rôle dans notre imaginaire. De ces textes émergent la figure singulière et mythique de la sorcière, et celle d’un complot destiné à assurer le triomphe du pouvoir diabolique sur le monde. S’y développent aussi des figures multiples, fantasmagoriques – sabbats, loups-garous, feux nocturnes, etc. –, toute une dramaturgie qui pourra inspirer les metteurs en scène du théâtre ou de l’opéra. Cette étude tente d’en cerner les différentes modalités d’écriture, dans une approche qui prend en compte la pluralité de ses composantes, sans masquer les interrogations auxquelles ces textes donnent lieu.
Nicole Jacques-Lefèvre, professeure des Universités émérite, est spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, de l’illuministe Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) et des discours démonologiques. Elle a publié dans ces domaines de nombreux articles, études et éditions critiques. Elle a dirigé à l’ENS Fontenay-Saint-Cloud le Centre de recherche Littérature et Discours du Savoir, et l’équipe pluridisciplinaire Histoire critique de la sorcellerie.