Les jeux de pouvoir sont souvent connus par des écrits partisans, qui s’employèrent à en justifier ou au contraire à en dénoncer l’exercice. Parmi les procédés de justification, l’allégorie biblique détint une place importante tout au long des siècles où le christianisme imprégna les discours. Comparer un souverain à David, évoquer la figure de Salomon dans l’entourage royal revenait à faire l’éloge du roi – ou de la reine, restée plus longtemps dans l’ombre de l’historiographie. La Bible fournit cependant autant d’anti-modèles que de modèles. L’objet de cette rencontre est de mieux cerner la dialectique entre modèles et anti-modèles bibliques du pouvoir au féminin, qu’il s’agisse de son exercice ou de ses représentations, et ce dans plusieurs types de discours : exégétiques, historiques, épiques, polémiques, hagiographiques, poétiques, didactiques, épistolaires… ou dans l’iconographie. En s’attachant aux figures bibliques des femmes de pouvoir dans ces différents discours, de l’Antiquité tardive au XVIIIe siècle, on examinera l’évolution des usages de ces modèles et anti-modèles.
L’étude, diachronique, portera sur le recours à des modèles et/ou à des anti-modèles bibliques de femmes qui exercent elles-mêmes le pouvoir, y compris en s’en emparant ponctuellement (Athalie, Déborah, Jaël, Jézabel, Judith, la reine de Saba) et de femmes qui le détiennent par leur influence sur des hommes puissants (Abigaïl, Bethsabée, Esther, la femme de Putiphar, les femmes de Salomon, la mère de Salomon dans le Cantique des Cantiques [3, 9-11], la fille de Pharaon, la fille du roi dans le Psaume 44, Hérodiade, Mikhal, Rébecca, Vashti).
L’une ou l’autre de ces catégories a-t-elle été privilégiée ? Quelle est l’importance relative de ces figures, au sein du corpus considéré ? Dans quel contexte, voire dans quel type de discours, dans quel « genre » littéraire sont-elles mises en avant ? Quel aspect de la figure est alors souligné ?
PROGRAMME
Vendredi 4 novembre
ENS, 29 rue d’Ulm, salle 236
Introduction
9h-9h30 Marielle Lamy, Sumi Shimahara
Antiquité tardive et haut Moyen Âge
Présidence : Michel Sot
9h30-10h00 Catherine Broc-Schmezer, Le pouvoir au féminin chez les Pères grecs
10h00-10h30 Franca Ela Consolino, Femmes de pouvoir dans la Bible, d’Ambroise de Milan à Grégoire le Grand
10h30-10h45 Discussion
10h45-11h15 Pause
11h15-11h45 Bruno Dumézil, Entre Esther et Jézabel : la reine mérovingienne sous le regard des auteurs ecclésiastiques
11h45-12h15 Alfonso Hernandez, Déborah dans l’exégèse du haut Moyen Âge
12h15-12h30 Discussion
12h30-14h30 : Déjeuner
Époque carolingienne et Moyen Âge central
Présidence : Isabelle Rosé
14h30-15h00 Marie Sarny, La “femme forte” dans les sources carolingiennes
15h-15h30 Rachel Stone, The power of the wicked : bad biblical queens in Carolingian propaganda
15h30-15h45 Discussion
15h45-16h15 Pause
16h15-16h45 Emmanuel Bain, Modèles et anti-modèles féminins dans l’exégèse (XIIe-XIIIe s.)
16h45-17h15 Julia Szirmai, La femme de Putiphar dans les traductions-adaptations bibliques en ancien français
17h15-17h45 Lydwine Saulnier-Pernuit, À partir de la Tapisserie des trois couronnements, recherches sur Bethsabée et Esther
17h45-18h00 Discussion
Samedi 5 novembre
Sorbonne, amphithéâtre Cauchy
Moyen Âge tardif
Présidence : Élisabeth Crouzet-Pavan
9h00-9h30 Marion Chaigne-Legouy, Modèles et contre-modèles bibliques à l’usage des reines et aristocrates françaises (XIIIe-XVe s.)
9h30-10h Laura Gaffuri, Les duchesses régentes au miroir de la théologie et de l’historiographie : le cas de la Maison de Savoie au XVe siècle
10h00-10h15 Discussion
10h15-10h45 Pause
10h45-11h15 Mihailo Popovic, Hélène d’Anjou : prototype biblique, reine, religieuse et sainte en Serbie médiévale (XIIIe-XIVe s.)
11h15-11h45 Max Engammare, Jézabel ou le salaire des tyrans (XVIe-XVIIIe s.)
11h45-12h00 Discussion
12h-13h45 : Déjeuner
Époque moderne
Présidence : Marie-Élisabeth Henneau
13h45-14h15 Nina Hugot, Adaptation d’une figure biblique à la scène au XVIe siècle
14h15-14h45 Mariangela Miotti, “Commendement et obeissance”, les héroïnes bibliques participent à la “conservation politique” (des Mystères du Viel Testament au Théâtre sacré de Pierre de Nancel)
14h45-15h00 Discussion
15h00-15h30 Pause
15h30-16h00 Paula Barros, L’allégorie biblique dans les sermons funèbres publiés à l’occasion de la mort de la reine Marie II d’Angleterre (†1694)
16h00-16h30 Frédéric Cousinié, Marie et la dévotion au rosaire au XVIIe siècle en France. Entre dévotion et instrumentalisation
16h30-16h45 Discussion
Conclusions
16h45-17h15 Nicole Bériou
Participant-e-s
Bériou, Nicole (EPHE)
Bain, Emmanuel (Université Aix-Marseille)
Barros, Paula (Université Paul-Valéry Montpellier III / IRCL – UMR 5186)
Broc-Schmezer, Catherine (Université Bordeaux III / LEM / IEA)
Chaigne, Marion (Université Paris-Sorbonne / UMR 8596 – Centre Roland Mousnier)
Consolino, Franca Ela (Università Degli Studi Dell’Aquila)
Cousinié, Frédéric (Université de Rouen)
Crouzet-Pavan, Elisabeth (Université Paris-Sorbonne / UMR 8596 – Centre Roland Mousnier)
Dumézil, Bruno (Université Paris Ouest La Défense – Nanterre)
Engammare, Max (Université de Genève)
Gaffuri, Laura (Università degli Studi di Torino)
Henneau, Marie-Élisabeth (Université de Liège)
Hernandez, Alfonso (CONICET, Buenos Aires)
Hugot, Nina (Universität Basel / Paris-Sorbonne)
Lamy, Marielle (Université Paris Sorbonne / UMR 8596 – Centre Roland Mousnier)
Miotti, Mariangela (Università degli Studi di Perugia)
Popovic, Mihailo (Universität Wien / Österreichische Akademie der Wissenschaften)
Rosé, Isabelle (Université Rennes II)
Sarny, Marie (Université Toulouse – Jean Jaurès / Centre universitaire de Cahors)
Saulnier-Pernuit, Lydwine (CDAOA Yonne, Trésor de la cathédrale de Sens)
Shimahara, Sumi (Université Paris-Sorbonne / UMR 8596 – Centre Roland Mousnier / IUF)
Sot, Michel (Université Paris-Sorbonne / UMR 8596 – Centre Roland Mousnier)
Stone, Rachel (King’s College, London)
Szirmai, Julia (Universiteit Leiden)
Org. Marielle Lamy (Paris-Sorbonne) et
Sumi Shimahara (Paris-Sorbonne / IUF)
Avec le soutien de l’ED 1 et du Conseil Scientifique de l’Université Paris Sorbonne