APFUCC (Association des professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens)
Congrès virtuel – ATELIER 6
Les responsables de l’atelier :
Sanda Badescu, University of Prince Edward Island, sbadescu@upei.ca
Corina Sandu, King’s University College at Western University, csandu@uwo.ca
Forme d’expression écrite dont la définition demeure vague, associée, selon Furetière, à « un escrit qu’on envoye à un absent pour luy faire entendre sa pensée » ou plus simplement, « pour lui communiquer quelque chose » (Centre national de ressources textuelles et lexicales), la lettre fait présentement l’objet d’analyse de nombreux critiques et, malgré les avancements de la technologie, continue de survivre en tant que moyen de communication écrite. En ce début du XXIe siècle qui redéfinit les relations interpersonnelles à distance, l’attention sur le genre épistolaire bat son plein. Telle une conversation par écrit, « la lettre tisse des liens de socialité » (Tremblay). Depuis le XVIIIe siècle, on associe la lettre familière écrite « sans recherche » non seulement avec l’écriture de soi, mais surtout avec l’épistolaire féminin (La Sorinière) qui privilégie l’intime, la confession, l’expression des sentiments.
De Marguerite de Navarre et Mlle de Scudéry à Mlle de Lespinasse, en passant par Mme d’Épinay, George Sand, Anaïs Nin, ou Marguerite Yourcenar, pour ne citer que quelques noms, la correspondance des femmes, surtout femmes-auteures ou autrices (terme employé, selon Viennot, avant le XVIIe siècle) s’est fait remarquer par le talent et l’éloquence des épistolières. C’est pourquoi nous proposons un atelier sur le discours épistolaire des femmes, ce discours qui exprime la passion, le topos de l’affection, le contexte des « confessions psychologiques » (Grassi), le penchant – comme état qui perturbe la tranquillité de l’esprit.
Cet atelier se propose de relever autant les constantes éventuelles manifestées dans le je/jeu de l’écriture épistolaire des femmes passionnées et passionnelles, que les différences entre les moyens discursifs auxquels recourent les femmes au Siècle des Lumières, à l’époque romantique ou dans la période contemporaine. Les points communs/ divergents de cette écriture pourront faire référence aux avantages ou limites de l’épistolaire féminin centré sur la passion, à l’âge, à la génération, au statut social et économique. Pourrait-on parler d’un réseau thématique ou d’un vocabulaire particulier des correspondantes, qui en exprimant leur passion écrivent aussi leur espace social (Ruggiu), tout en signalant leur diversité sociale?
Nous invitons des propositions de communication portant sur l’écriture de la passion et de l’affection dans des textes épistolaires des femmes dans l’espace socio-culturel francophone. Des pistes d’exploration possibles et non-exhaustives incluraient la marginalité, la souffrance exprimée dans les lettres des femmes, l’expression de l’investissement affectif de l’énonciatrice, les particularités d’un contexte de communication déterminée par le genre (féminin), l’époque et les possibles contraintes dans l’expression des sentiments des femmes.
Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots, adresse électronique) : le 15 décembre 2021.
Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisatrices de l’atelier avant le 15 janvier 2022 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2022 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est la date au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme.
Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque 2022 de l’APFUCC. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC).
La publication d’une sélection de communications remaniées est envisagée par les responsables de l’atelier.
Ouvrages cités
Centre national de ressources textuelles et lexicales https://www.cnrtl.fr/definition/
Diaz, José Luis. « Il est interdit de penser par lettres. » Penser par lettre. Actes du colloque d’Azay-le-Ferron. Dir. Benoit Melançon, Montréal : Fides, 1998.
Éliane Viennot. « “Autrice” est le mot martyr du français ». Lire magazine littéraire. Hors-série exceptionnel Femmes de lettres. Juillet-août-septembre 2021, p.76.
Furetière, Antoine. Le Dictionnaire universel. Paris : SNL-Robert, 1978.
Goldsmith, Elisabeth C. et Winn, Colette H., éditrices. Lettres de femmes. Textes oubliés et inédits du XVIe au XVIIIe siècle. Paris : Classiques Garnier, 2007.
Grassi Marie-Claire. « Des lettres qui parlent d’amour ». Romantisme, 1990, n°68. Amours et société. p. 23-32.
La Sorinière. « Réflexions sur le genre épistolaire ». Mercure de France, juillet 1741, p. 1541-1546.
Ruggiu, François-Joseph, « L’écriture de l’espace social dans les écrits personnels ». Études de lettres, no. 1-2, 2016, mis en ligne le 01 mai 2019, consulté le 17 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/edl/886
Tremblay, Isabelle. Les Fantômes du roman épistolaire d’Ancien Régime. Leiden, The Netherlands: Brill, 2018.