La journée d’étude s’inscrit dans les manifestations autour du colloque consacré aux « Rôles transfrontaliers joués par les femmes dans la construction de l’Europe », organisé au printemps 2011 par Guyonne Leduc, responsable de l’axe « Voix et voies de femmes » au sein de CECILLE (EA 4074, Centre d’Etudes en Civilisations, Langues et Littératures Etrangères de l’Université de Lille 3, dirigé par Catherine Maignant).
Après un rappel des enjeux de la traduction, de sa dimension éthique (Ricoeur, Derrida?), herméneutique, voire messianique (Benjamin), et de la place occupée par les femmes en ce domaine (la traduction des textes fondateurs – Bible, Coran, grands écrits philosophiques – ne fut-elle pas toujours le privilège des hommes ?), la journée d’étude se propose d’analyser les motivations qui ont poussé certaines écrivaines à pratiquer « de façon ponctuelle ou régulière » l’exercice de la traduction : on songe par exemple à Nelly Sachs, traductrice en allemand des poètes suédois, à Yourcenar traduisant Les Vagues de Virginia Woolf, à Julia E. Smith, traductrice de la Bible, à Albertine Necker de Saussure, traductrice de Schlegel, à Madame de Staël bien sûr… Leur choix d’endosser un rôle de « passeur » fut-il motivé par des préoccupations communes, par une urgence particulière, par un désir d’altérité et d’un ailleurs permettant d’élargir l’horizon de leur propre culture et de leur propre langue, ou inversement d’échapper à l’emprise de celles-ci ou à l’enfermement, à travers une mise à l’épreuve par l’étranger doublée, selon l’expression d’ A. Berman, d’une « mise à l’épreuve de l’étranger » « Longtemps demeurées en marge des grands débats agitant le monde intellectuel, entendaient-elles, par ce biais, contribuer aux transferts d’idées, de connaissances et de sensibilités en Europe »
Au-delà du travail bien fait de « l’artisan du langage honnête et compétent » (C. Vigée), la traduction n’est-elle pas aussi œuvre de création « Née de l’écoute, d’une séduction dont il conviendrait de définir si elle peut être qualifiée de « mutuelle », n’est-elle pas pour ces femmes écrivains » sans qu’il faille bien sûr voir ici un geste ou l’expression d’une volonté ou d’un désir spécifiquement féminins – une « transmigration » (N. Sachs), une « dérive », une aspiration « dans la matière sonore et sémantique du texte » (C. Vigée) débouchant sur une fécondation par la langue de l’autre ? Acte d’amour peut-être, acte d’humilité et de reconnaissance sans nul doute, supposant une « hospitalité langagière » (Ricoeur), la traduction n’en demeure pas moins, à l’instar de toute relation, habitée de tensions (entre aspiration à l’autre et par l’autre et retour sur soi, sur son œuvre propre), animée parfois d’une « volonté de rapt » ou d’appropriation, la langue traditionnellement qualifiée « d’accueil » devenant ainsi « langue de capture » (J. Y. Masson).
Les propositions sont à expédier pour le 12 décembre 2010 à
(la publication des communications est envisagée)