Dictionnaire de la méchanceté
Ouvrage collectif

Si le titre de ce dictionnaire peut écorcher les oreilles, paraître provocateur, voire surprendre par la thématique retenue, il n’en demeure pas moins très actuel et intéressant. Qu’est ce que la méchanceté « Selon Furetière, la « méschanceté ? n’est rien d’autre que la ? scélératesse ? et la » malignité ». De nos jours encore, la méchanceté renvoie au désir de heurter, de blesser, davantage peut-être par les mots perfides que par les gestes. La méchanceté n’en demeure pas moins redoutable pour ceux et celles qui l’éprouvent et la subissent, victimes d’eux-mêmes et de l’autre ; elle ne connaît nulle frontière et peut se manifester en tout lieux et en toute occasion, les causes de cette méchanceté étant par ailleurs plus intéressantes que les formes prises par le méchant pour blesser celui ou celle à qui il souhaite faire du tort.
Pourquoi faire la part belle à la méchanceté, alors qu’il serait sans doute plus louable d’évoquer les vertus et tout ce qui concourt à fonder la beauté et la noblesse des Hommes ? S’attarder sur la méchanceté et ses possibles, décliner les façons de la penser et de la vivre, de la subir ou de l’exercer, c’est s’intéresser à une facette peu valorisée de la sensibilité d’autant plus importante que chaque individu, de près ou de loin, est amené, un jour, à se montrer méchant. Certains plus que d’autres aiment à se complaire et à se fourvoyer dans la méchanceté au point d’en faire un art de vivre, voire une force, là où d’autres au contraire, rattrapés par leur conscience, s’en veulent d’avoir fait preuve d’un si vil expédient. Philosophes, auteurs, historiens, sociologues, anthropologues, théologiens et d’autres, se sont intéressés, d’une manière ou d’une autre, aux sources et aux motivations qui pouvaient conduire des individus à agir avec méchanceté. Les proverbes, les aphorismes et les Écritures, accordent une large place à la méchanceté et aux méchants, trahissant aussi un trait de caractère qui interpelle la morale, la doxa, et la société. Il ne s’agit pas dans ce dictionnaire de faire une psychanalyse des comportements tenus pour méchants, mais de s’intéresser à la façon dont la méchanceté a pu se manifester de l’Antiquité à nos jours.
En matière de méchanceté, il n’y a guère, à vrai dire, de distinction sexuée à faire sur pareil sujet. Les sexes excellent dans cet art à part égale. Ce dictionnaire se propose de rassembler, dans un même ouvrage, ceux et celles qui, à leur manière, ont marqué l’histoire et la pensée par l’idée que l’on se faisait ou l’on se fait encore de la méchanceté. À côté des notions pouvant se rapporter à la méchanceté, nous nous proposons de réunir une galerie de portraits composée aussi bien d’hommes que de femmes, afin d’illustrer le pouvoir des méchants, des brutes et des mégères. Désigner des figures qui incarnent la méchanceté dans les arts comme dans les lettres est moins périlleux que de désigner des personnages légués par notre histoire qu’il faudra pourtant évoquer. Désigner un individu comme responsable de méchanceté, c’est porter un jugement de valeur qui n’offre, au fond, aucun réel intérêt.
Ce dictionnaire propose de réunir des portraits de brutes et de mégères, non pas dans l’intention de distribuer a posteriori de bons ou de mauvais points « ce n’est pas là le rôle des sciences sociales ?, mais davantage dans celle de s’interroger sur les causes et les raisons de cette perception négative. Pourquoi certaines figures évoquent-elles la méchanceté » Quelles armes la méchanceté a-t-elle pu donner à la mémoire pour immortaliser un individu dans le statut du méchant et que peut nous dire cette méchanceté dénoncée de nous-mêmes et de l’époque qui l’a engendrée ? Démarche originale, il s’agira de retracer les portraits de ceux et celles ayant marqué l’histoire par leur cruauté, leur perfidie, leur machiavélisme, leur art de la dissimulation ou de la manipulation. Comment ont été ou sont encore diabolisés les sexes « Est-ce par et pour la mémoire de leurs actions « S’agit-il d’un travail de reconstruction » Les brutes et les mégères ont-elles toujours été perçues de la sorte »
La méchanceté et ses possibles, qu’ils soient conceptuels ou biographiques, nous invitent donc à une introspection globale, à une immersion dans les affres de la noirceur des âmes dont la bouche n’est autre que celle de la méchanceté. Pour tenter d’appréhender cette vertu du vice, les arts dans toutes les formes et expressions possibles qui soient, seront convoqués et réunis dans ce dictionnaire pour comprendre cette spécificité de genre. Le dictionnaire sera illustré, l’image pouvant parfois être aussi explicite que le mot. L’ouvrage sera publié aux éditions Max Milo fin 2013.
Modalités de participation :
Les propositions de notices seront à faire parvenir à l’adresse mail suivante : dictionnaire.mechancete@gmail.com avant le 25 juin 2012
Chaque article (rubrique, notice) doit être rédigé et signé par une ou plusieurs personnes.
  • La personne ou l’équipe constituée, qui projette de se consacrer à une ou plusieurs notices biographiques, est tenue d’en tenir informé le comité et de préciser la façon dont elle envisage de présenter la (ou les) rubrique(s).
  • Aucun plan-type n’est fourni par nos soins, car nous tenons à ce que les approches et les perspectives d’analyse témoignent de la diversité aussi bien du point de vue méthodologique que du point de vue conceptuel et stylistique.
  • Le critère de validation se fonde sur l’originalité et la pertinence de la notice (ou des notices) proposée(s), ainsi que sur la qualité scientifique.
  • L’objet du mail comportera impérativement le NOM et Prénom du contributeur : ex : REGINA Christophe
  • Dans le mail : les propositions seront accompagnées d’une courte notice personnelle, sur une seule page annexe, mentionnant l’identité, l’institution de rattachement, le statut, quelques publications récentes, les coordonnées postales et téléphoniques, ainsi qu’une adresse électronique.
  • Les propositions de notice(s) seront clairement formulées et rédigées :
N.B. : les contributeurs ont la possibilité de proposer plusieurs notices biographiques ou notionnelles.
Chaque notice doit être clairement présentée et de façon indépendante :
Titre de la notice :
S’il s’agit d’une notice biographique :
NOM suivi du Prénom
Date et lieu de naissance, s’ils sont connus
Le corps du texte qui s’attachera à montrer les causes et les formes de la méchanceté, sa perception et sa postérité
À la fin de la notice, 3 ou 4 références bibliographiques significatives et pertinentes qui peuvent permettre d’approfondir un portrait ou une notion
Longueur des notices : une notice doit être composée d’un nombre de caractères-signes entre 5000 et 7000, renvois bibliographiques inclus, ce qui correspond, à peu près, à une page et demie maximum (caractère palatino, police 12)
Exemple de notice biographique :
WEBER Jeanne (née le 7 octobre 1874 à Kérity, morte le 5 juillet 1918 à Fains-Véel).
Biographie
Bibliographie : Myriam TSIKOUNAS (dir.), Les femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions Autrement, 2008 ; Myriam TSIKOUNAS, Loïc CADIET, Frédéric CHAUVAUD (dir.), Figures de femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.
S’il s’agit d’une notion :
Notion en lettres capitales. La notion développée se fondera sur une réflexion nourrie et appuyée par des exemples précis, la définition de la notion restant le c’ur de la réflexion.
Exemple de notions :
PERFIDIE : définition + appareillage bibliographique limité à 3 ou 4 références pertinentes.
MAUVAISETÉ :
MALICE :
MALIGNITÉ
VICE :
CRUAUTÉ :
VILÉNIE :
Etc.
NB. Chaque notice sera accompagnée d’une proposition d’illustrations (2 ou 3, si possible libres de droits)
Si possible ne pas attendre la date limite pour faire parvenir les notices.
Bibliographie indicative :
ASSOUN Paul-Laurent, « Inconscient du mal, mal inconscient », Topique, 2/2005, n’ 91, p. 23-35.
BRACQUEMOND Marcel, La méchanceté, Paris, Éd. SdÈ, 2004.
COOREN Jean, L’ordinaire de la cruauté, Paris, Hermann, 2009.
DELATTRE Charles, « Une poétique de la rosserie : des anthologies antiques aux Silloi de Timon », Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes, 1 (2008), t. LXXXII, p. 47-62.
DUHAMEL Jérôme, Encyclopédie de la méchanceté et de la bêtise, Paris, Acropole, 1987.
FLAHAULT François, « Comment l’homme peut-il être à la fois égoïste, bon et méchant ? », Revue du MAUSS, 1/2008, n’ 31, p. 307-317.
GODIN Christian, « Nul n’est méchant volontairement », Platon, Nantes, Pleins feux, 2001.
GRIMALDI Nicolas, Le livre de Judas, Paris, PUF, 2008.
HAREL Simon, « La méchanceté littéraire : les figures malaisées de l’autre en soi », Le Coq-héron, 1/2008, n’ 192, p. 57-69.
JANKÉLÉVITCH Vladimir, L’innocence et la méchanceté, Paris, Flammarion, 2011.
MEYER Arno, Les furies : violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, Paris, Fayard, 2002.
MEYNARD Jean-Albert, Le complexe de barbe Bleue : psychologie de la méchanceté et de la haine, Paris, l’Archipel, 2006.
NAHOUM-GRAPPE Véronique, « L’esthétique de la méchanceté », Les Cahiers Dynamiques, 1/2005, n’ 33, p. 80-81.
PASINI Willy, La méchanceté, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2004.
PROVENÇAL Yvon, La diabolisation : une pédagogie de l’éthique, Cap-Rouge, Québec, Presses Inter Universitaires, 2007.
ROSSET Clément, Le principe de cruauté, Paris, Éditions de Minuit, 1988.
VIDAL-NAQUET Pierre, « Propos d’un méchant pamphlétaire », Le Débat, 1994/2, n’ 79, p. 162-166.