La journée d’études, ouverte aux historiens et historiens de l’art, aura lieu le vendredi 13 avril 2018 à Paris à l’INHA. Elle est organisée avec le soutien de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et de l’Ecole Doctorale 441 Histoire de l’art.
Depuis deux ans, l’équipe du Salon XVIIIe organise des séminaires et des Journées d’études consacrés à des thèmes variés liés à la recherche en histoire de l’art de l’époque moderne. Si, l’année dernière, le thème proposé était celui de la survivance d’un motif décoratif du XVIe au XVIIIe siècle, nous souhaitons à présent organiser une journée d’études consacrée au thème du conflit au XVIIIe siècle, et plus particulièrement sur ses représentations, ses significations et les manières de le mettre en scène. Nous avons choisi une borne chronologique allant de la mort de Louis XIV (1715) à la fin de la Révolution française (1799), en nous intéressant à tous les supports visuels (gravure, peinture, sculpture, architecture) afin de voir comment, mises en synergie, les différentes formes d’art expriment, de façon plus ou moins évidente, la notion de conflit, de trouble et de désordre. Concernant le XVIIe siècle, beaucoup d’études se sont portées sur les toiles de grand format montrant Louis XIV à cheval devant un champ de bataille au second-plan (Pierre Mignard, Van der Meulen, Joseph Parocel) ; les allégories du plafond de Versailles signifiant les conquêtes militaires du roi (comme les Salons de la Guerre et de la Paix par Charles Le Brun) ; les sculptures du jardin de Versailles faisant allusion à la Fronde (le Bassin de Latone par les frères Marsy) ou encore les médailles frappées lors des traités de paix ou illustrant l’ennemi vaincu (Jean Warin).
Mais qu’en est-il pour le XVIIIe siècle ? Comment figure-t-on le conflit ou l’idée de conflit ? Quelles sont les ruptures visuelles éventuelles avec le XVIIe siècle ? Dans quel cadre et par quels moyens représente-t-on le désordre ? La Régence, tout d’abord, est une période où plusieurs conflits ont lieu comme ceux liés au jansénisme ou avec d’autres puissances étrangères. Le règne de Louis XV est, à son tour, marqué par plusieurs troubles malgré la réputation du roi « Bien-Aimé » : la Guerre de Succession d’Autriche, l’attentat de Damiens, le bannissement des jésuites, etc. Mais leurs modes de représentations n’ont pas encore été beaucoup étudiés. Le basculement que représente pour les historiens la Guerre de Sept Ans (Edmond Dziembowski, Bertrand Fonck) serait à étudier par le biais de la production artistique de son temps et non plus seulement par la seule représentation de la scène de bataille ou de traité de paix : que représenter d’un conflit perdu ? Quel désordre pour quelle peinture d’histoire ? Enfin, les travaux sur l’art sous le règne de Louis XVI se sont essentiellement portés sur la période révolutionnaire et principalement sur la gravure satirique : la personnification des Trois Ordres, les images satiriques de la reine, les feuilles volantes illustrant l’abolition des privilèges… Mais qu’en est-il des autres supports iconographiques comme la peinture, la sculpture ou les programmes de fêtes politiques ? Comment, dans les autres formes artistiques, se manifestent les troubles ? Les artistes s’engagent-ils politiquement pour donner à voir un conflit ? La Révolution française semble ainsi représenter tout le XVIIIe siècle or, pendant toute la première partie du règne, il existe d’autres conflits : troubles religieux, victoires militaires, conquêtes de villes, etc. Mais aussi les troubles liés à la politique intérieure : l’infertilité du couple royal, la peur de la mort du roi ou encore les problèmes économiques de la France entrée en récession en 1770. C’est aussi l’époque où l’aspect scientifique et les sciences naturelles font l’objet de nombreuses représentations. Ainsi, on s’aperçoit que la nature et ce qui l’environne, peut faire écho à l’idée de désordre (peinture de paysage, grandes fêtes révolutionnaires…). Ainsi, ce serait notamment l’aspect technique qu’il pourrait être intéressant de mettre en valeur : existe-t-il une technique propre à la représentation du conflit ? Quels liens entre technique et expression picturale pouvons-nous établir dans ces représentations de conflits ? Enfin, au-delà d’un désordre dans l’espace public, il serait également intéressant de traiter cet aspect conflictuel au sein de l’espace privé, dont l’intimité des familles entre en résonnance avec l’essor de la bourgeoisie au XVIIIe siècle (J. Habermas, L’espace public, 1962 ; A. Farge et M. Foucault, Le désordre des familles, 1982). La peinture morale, comme celle de Greuze par exemple, dans son lien entre tragédie familiale et exaltation patriotique, serait un exemple pertinent afin de traiter cet aspect. Ainsi, trois thématiques ont donc été retenues :
1) Représenter le conflit : entendu en tant que tel, donner à voir un moment précis comme une guerre, un champ de bataille, un incendie, etc.
2) Représenter la fin d’un conflit : la résolution d’une période troublée, liens éventuels avec le moment iconographique précédent, éléments mis en avant pour signifier le retour à l’ordre : traités de paix, alliance entre deux villes, victoires militaires, etc.
3) Mettre en scène le désordre : un conflit peut être d’origine politique, économique ou religieuse ; il peut aussi être vu sous un angle scientifique et philosophique, incluant différents modèles de représentation. À une époque où les artistes et les intellectuels s’intéressent à la nature, à son histoire et à ses représentations, on peut trouver l’image du désordre dans le paysage dévasté, la ruine, les catastrophes naturelles, l’accumulation désordonnée d’objets ou certains projets de fictions architecturales (veduta, caprices…). Cette mise en scène du désordre concerne différents genres picturaux, aussi bien la peinture de paysage que l’œuvre morale.
Les propositions de communications, d’une page environ (accompagnées d’une courte présentation biographique), sont à envoyées avant le 30 janvier 2018 aux organisateurs à l’adresse suivante : salonxviiie@gmail.com.
Les frais de transports pourront être pris en charge pour les chercheurs venant de France, et dans la limite du budget alloué pour les chercheurs étrangers.
Responsables scientifiques :
Bastien Coulon et Lucille Calderini (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Charlotte Rousset (Lille 3)