La question gender se situe à l’intersection de nombre de disciplines des sciences humaines et sociales qu’elle est venue bousculer, subvertir, troubler, en référence au désormais classique ouvrage de la philosophe américaine Judith Butler. Le gender ou genre en français interpelle également, et avec autant de force, la médecine et le monde juridique qu’il ébranle par les redéfinitions du corps qu’il suppose. Elle est, partant, profondément politique et s’inscrit dans l’histoire du féminin et du masculin.
Étudier le genre dans l’image suppose par conséquent de se pencher sur les représentations que construisent tout au long de l’histoire les rapports de sexe perçus au prisme de la norme et de ses ruptures.
Ce 8e Congrès du Grimh qui reprend dans son intitulé le mot anglais gender – ?« le choix de l’anglais traduisant l’étrangeté à laquelle il semble condamné en France » (Nicole G.Albert Diogène, n’225, 2009) sera l’occasion de penser les mutations à l’oeuvre dans la production culturelle sur et autour du genre. Les axes suivants seront autant d’approches possibles des territoires du genre autour desquels s’organiseront les divers ateliers :
Axe 1. Images et identités sexuelles
À la question du genre est suspendue celle de l’identité sexuelle, que celle-ci échappe aux normes ou au contraire les intensifie. La norme sexuelle dominante, hétérosexuelle, a été remise en question au cours de l’histoire par la présence, plus ou moins tolérée, de sexualités autres. Si l’homosexualité masculine a été la plus visible et, dans l’histoire du monde contemporain, la plus militante, l’homosexualité féminine n’en a pas moins cherché à s’établir dans l’espace public. Elle est une « faille dans ce régime politique qu’est l’hétérosexualité. » (Monique Wettig, La Pensée straight)
Les nouvelles revendications ayant trait aux identités ont dessiné des horizons insoupçonnés qui ne cessent de remettre en cause les modèles établis, de les trangresser. Ces identités ?hétérodécalées’, selon Marie-Hélène Bourcier, nourrissent des ambivalences dans lesquelles le champs des images a su puiser et dont la diversité se décline sans exclusive dans les études LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres).
Les nouvelles revendications ayant trait aux identités ont dessiné des horizons insoupçonnés qui ne cessent de remettre en cause les modèles établis, de les trangresser. Ces identités ?hétérodécalées’, selon Marie-Hélène Bourcier, nourrissent des ambivalences dans lesquelles le champs des images a su puiser et dont la diversité se décline sans exclusive dans les études LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres).
Axe 2. Images et féminismes
Dans l’organisation des sociétés, la domination fondatrice s’exerce sur les femmes et ce à l’échelle universelle. La place des femmes et les imaginaires dans lesquels les productions culturelles les enserrent ont fait l’objet des critiques les plus vives de la part des féministes des années soixante-dix. Elles sont les héritières du regard conscient que leurs aînées ont balayé avec acuité sur la société patriarcale à laquelle elles refusaient de se soumettre en y développant des stratégies de résistance.
Après les revendications de ces années de libération sexuelle, d’autres formes de féminismes ont émergé et ont réinvesti le champs des représentations, sans perdre de vue la pérennité des systèmes de domination genrée.
Axe 3. Images et contraintes
La question de la domination, quelles que soient les configurations nouvelles dont elle se pare, se manifeste par des formes de contraintes qui s’exercent de façon explicite ou, plus insidieusement, par des injonctions silencieuses à l’obéissance, à la conformité établie. Qu’elles émanent d’un individu, d’un groupe social ou d’une institution, les contraintes à la norme, multiples et réitérées, se fondent sur une violence qui se décline sur des modes variés, physiques ou verbaux, les uns se conjugant aux autres dans une perspective démultiplicatrice.
L’image, pourtant avide de violence spectaculaire, peut être interrogée sur les hiérarchies qu’elle a construites dans ses choix de représentation de la contrainte et des valeurs qui lui sont inhérentes.