Adam et Ève à l’Âge classique. Entre fondement du droit et questionnement du mythe
Orl?ans (18-19 nov. 2010)

Parmi les mythes bibliques, peu sont aussi riches en réception, aussi lourds en conséquences et en même temps aussi contestés que les récits de la Genèse liés à la création du monde et de l’homme, au paradis et à la « Chute ».
Car peu nombreux sont ceux qui ont structuré aussi fortement ce qui a été à la fois croyance et pratique dans nos sociétés chrétiennes : Adam et Ève sont revendiqués par la culture judéo-chrétienne comme nos « premiers parents », et par les Églises et sociétés chrétiennes comme le couple moyennant lequel Dieu a fait connaître sa vision de l’homme et de la famille. La condition du couple est ainsi intimement liée à la condition humaine tout court, mortelle et coupable depuis la Chute, conséquence de la première séduction qu’opère Satan sur l’Homme ? et la femme sur l’homme. A travers l’exégèse de Saint Paul et d’Augustin surtout, le mythe d’origine de la Genèse a modelé le christianisme dans son ensemble, la rédemption par le Christ prenant son sens à partir de la Chute, et plus particulièrement la doctrine du mariage chrétien se cristallisant dans le droit canonique. Si l’histoire d’Adam et Ève est celle d’un premier interdit, de sa transgression et de la punition de celle-ci, elle nous raconte non seulement la création de l’homme et l’avènement de la condition humaine, mais encore l’invention du droit.
En même temps, le long XVIIIe siècle est évidemment la période où le bien-fondé de toute croyance est remis en question, et les récits bibliques ne font pas exception, évoluant ainsi, pas toujours de manière aussi polémique que chez Voltaire ou D’Argens, vers le mythe. La production littéraire et artistique s’en ressent et se libère plus que jamais, donnant au couple de la Genèse des interprétations et attributs nouveaux.
Les permutations sont aussi complexes que profondes et l’appréhension du premier couple biblique se fait non seulement dans des discours très différents avec leurs présupposés et traditions propres, mais aussi des deux côtés de la ligne de partage entre croyants et athées, devenant comme une pierre de touche du différend des Lumières.
Ce colloque se propose d’interroger, par une approche interdisciplinaire, les perceptions d’Adam et Ève qu’eut le long XVIIIe siècle. En essayant de définir le statut que le couple mythique peut avoir dans les différents discours, on pourra appréhender la circulation ou le cloisonnement discursif du mythe aussi bien que la capacité réflexive qu’il déploie tour à tour.
Pour toute information supplémentaire ou inscription (jusqu’au 1er mars 2010) : gabriele.ribemont@univ-orleans.fr