Renée Burlamacchi

Notice de Gilbert Schrenck, 2005

Renée Burlamacchi naît le 25 mars 1568 à Montargis, où ses parents (son père, Michele Burlamacchi, est banquier), originaires de Lucques et persécutés pour leur appartenance à la Réforme, ont trouvé refuge. La jeune fille doit son prénom à sa marraine, Renée de France, duchesse de Ferrare, qui accueille les fugitifs dans son château. Jetée une nouvelle fois sur les chemins de l'exil, la famille échappe de justesse aux massacres parisiens de la Saint-Barthélemy (1572) avant d'être recueillie à Sedan par le duc de Bouillon. Le 29 mai 1586, Renée épouse à Genève le banquier César Balbani. Entre 1587 et 1606 naissent dix enfants (sept fils et trois filles). Après la mort de son mari, le 26 avril 1621, elle épouse, le 24 avril 1623, à cinquante-cinq ans, Agrippa d'Aubigné, lui-même septuagénaire et réfugié à Genève depuis 1620. De ce mariage avec l'exilé français, celui-ci écrira qu'il «fut commencé par la voix du peuple» (c'est-à-dire qu'il était souhaité de tous) et il précisera qu'il n'avait rien de mieux à souhaiter «pour une personne grandement aymée, tant pour la probité, charité et bien faicts envers tous, que pour la race tres noble et les biens et commodités à suffisance de ceste nouvelle vefve» (Sa vie à ses enfants, éd. Gilbert Schrenck, Paris, STFM, 1986, p.214). Les époux partagent alors leur existence entre le château du Crest et leur résidence genevoise située dans l'actuelle rue de l'Hôtel-de-Ville.

Femme de caractère et de conviction, Renée Burlamacchi seconde et soutient son mari dans toutes ses activités d'exilé politique. À la mort de l'écrivain, survenue à Genève le 9 mai 1630, elle remet ses manuscrits au pasteur Théodore Tronchin, ami désigné comme exécuteur testamentaire du défunt. Durant ses dernières années, Renée Burlamacchi continue de vivre à Genève, où elle décède le 11 septembre 1641. À sa demande, elle est enterrée à Plain-Palais, près de son premier mari.

Femme de lettres elle-même, elle laisse non seulement une relation des derniers instants de son époux, mais des lettres personnelles adressées à ses proches, des Mémoires familiaux consacrés à son père et un Album poétiquequi comporte des poèmes d'A. d'Aubigné.

Cette femme de conviction paraît n'être connue que des spécialistes d'Agrippa d'Aubigné, qui ont édité toutes ses oeuvres.

Oeuvres

- 1623 : Descrittione della vita e morte del signor Michele Burlamacchi gentilhuomo lucchese, missa in luce della signore Renea Burlamacchi, sua figlia, nel mese di gennaro del 1623 in Geneva, publié sous le titreMémoires, in G. Schotel, Jean Diodati, S'Gravenhage, 1844 -- Éd. Simonetta Adorni-Braccesi, in Vincenzo Burlamacchi, Libro di ricordi dignissimi delle nostre famiglie, Rome, Instituto Storico italiano per l'eta moderrna e contemporanea, 1993.
- 1630 : Lettres sur la mort d'Agrippa d'Aubigné, in Th. Heyer, Théodore-Agrippa d'Aubigné. Notice biographique avec lettres inédites, Mémoires d'Histoire et d'Archéologie de Genève, 17, 1872, p.187, 205.
- vers 1630 : Album poétique, éd. Eugénie Droz, Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 9, 1947, p.173-189.

Choix bibliographique

- Eynard, Charles, «Notice sur la vie de Renée Burlamacchi », Revue Suisse, 5, 1842, p.745-763.
- Monnier, M., «Les deux Renée. Étude sur la Réforme en Italie», Bibliothèque universelle et revue suisse, 60, 1877, p.337-359 et p.626-657.