Jacqua-Françoise Pautrard

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Jacqua-Françoise Pautrard
Biographie
Date de naissance Après 1500
Date de décès Vers 1623
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Gilles Banderier, 2004

La vie de Jaqua-Françoise Pautrard demeure fort mal connue. On suppose qu'elle est la fille de ce Barthélemy Pautrard qui, en 1584, dut affronter un procès pour avoir «fait usage d'écrits suspects en matière de foi» et qui fut recteur des écoles d'Arbois (Jura) de 1588 à 1593, avant de se voir congédié par les autorités municipales, puis de revenir dans la ville exercer les fonctions de principal du collège, de 1597 à 1607 au moins. Entre 1593 et 1597, il s'éloigne vraisemblablement d'Arbois (ce qui explique que le siège de 1595 n'a laissé aucune trace dans l'oeuvre de sa fille) et exerce sans doute les fonctions de précepteur dans la maison de Claude de Vergy, gouverneur de Franche-Comté. Il est probable que Barthélemy Pautrard a fait partie du cercle de notables et d'érudits réuni à Arbois autour du médecin de Philippe II, Jean Vuillemin (c.1540-1606 ou 1607).

Françoise grandit dans un milieu particulièrement cultivé, puisqu'elle se montre capable de versifier en français et en latin, qu'elle sait le grec et l'italien, ainsi que des rudiments d'hébreu, bagage considérable pour une jeune femme de province (et même de Paris!) à la fin du XVIe siècle. Sans doute acquiert-elle toutes ces connaissances grâce aux enseignements de son père, et peut-être de Jésuites du collège de Dole, qui viennent régulièrement prêcher à Arbois. On suppose qu'elle a passé sa vie confinée dans son Jura natal, au milieu de ses livres et des conversations savantes, et qu'elle ne s'est jamais mariée, puisqu'elle porte le nom de son père. On conjecture qu'elle n'a pas vécu au-delà de 1622 ou 1623.

Réellement douée pour la poésie, Françoise Pautrard compose une élégante traduction latine du premier jour de la Sepmaine de Christofle de Gamon (qui paraît pour la première fois en 1609), des adaptations de poèmes grecs, latins et italiens (Synésios de Cyrène, Grégoire de Naziance, Sénèque, Pétrarque, Luca Pinelli...) et de nombreuses pièces d'inspiration spirituelle qui, sans en faire tout à fait l'égale d'un Jean-Baptiste Chassignet ou d'un Jean de Sponde, comportent de belles réussites et la rattachent au grand courant de poésie religieuse issu de la Contre-Réforme. Si elle ne semble guère faire preuve d'aisance dans les genres humbles, comme les odes françaises ou les Noëls, sa voix s'affirme davantage dans le registre soutenu. Elle cultive une prédilection marquée pour les formes brèves: poésie gnomique en distiques ou en quatrains moraux, odes mariales, chansons profanes transposées... Cela ne l'empêche toutefois point d'exceller dans de plus amples compositions, comme de belles idylles religieuses ou d'amples tombeaux. Ses oeuvres, conservées dans un manuscrit unique, sont de datation conjecturale et, pour nombre de pièces, il faut sans doute se résoudre à ne jamais savoir précisément quand elles furent composées.

Aussi savante que la fameuse maréchale de Retz, célébrée par tous les écrivains du temps, Françoise Pautrard n'a joui d'aucune notoriété, sauf, vraisemblablement, dans un cercle très restreint. Jamais publiée de son vivant, tout à fait oubliée après sa mort, puis découverte par hasard en 1993, elle fait depuis 2003 l'objet d'une activité érudite et éditoriale aussi soutenue que possible.

Oeuvres

- 1584-1622? : plusieurs dizaines de poésies diverses copiées dans un manuscrit unique, sans doute non destiné à la publication, et dont la page de titre est ainsi tournée: Le premier Livre de la Semaine du sieur Christofle de Gamon contre celle de Guillaume de Salluste sieur Du Bartas traduict en vers Latins. Ensemble quelques autres Opuscules par la mesme, et versions tant grecques, latines, que françoises, inédit. Publication partielle dans Gilles Banderier, «Françoise Pautrard, femme et poète du premier XVIIe siècle», XVIIe Siècle, 218, janvier-mars 2003, p.117-159 et id., «Une femme poète en terre de Jura au temps de Henri IV et de Louis XIII», Travaux de la Société d'émulation du Jura, 2002 [2004], p.91-121.

Choix bibliographique

- Banderier, Gilles. Articles cités supra.

- Banderier, Gilles. «Notes sur Christofle de Gamon». Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 65, 2, 2003, p.323-329.

- Banderier, Gilles. «Un pétrarquisme féminin et dévot: Françoise Pautrard», in Jean Balsamo (dir.), Les Poètes français de la Renaissance et Pétrarque, Genève, Droz, 2004, p.465-470.

- Banderier, Gilles. «Une femme poète en terre de Jura au temps de Henri IV et de Louis XIII», Travaux de la Société d’Émulation du Jura (2003), 2004, p.91-121.

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